mercredi 31 juillet 2013

Élection, reconnaissance, récompense... ou pas

Suite des bilans pré-estivaux au Royaume philatélique-Uni à l'aide des pages d'actualités du numéro daté août 2013 de Gibbons Stamp Monthly [tiens, les magazines philatéliques britanniques paraissent deux fois l'été...]


Élection philatélique.

Le 20 juin 2013, l'Assemblée générale de la Royal Philatelic Society London a poursuivi la politique contemporaine du partage de l'énergie et des tâches. Au terme d'un mandat de deux années, Brian Totter a laissé la mission présidentielle à Chris King.

Mister King qui s'active déjà à la tête du British Philatelic Trust, véritable fondation de promotion de la philatélie en tant que recherche et enseignement, tout en étant l'actuel gardien du Roll of Distinguished Philatelists sur lequel les philatélistes les plus méritants sont invités à apposer leur signature lors du Congrès philatélique de Grande-Bretagne.

Heureusement, pour l'aider dans sa tâche, outre un efficace - français et francophone - secrétariat, la Société compte d'autres grands animateurs pour gérer la bibliothèque, les pièces du musée, les archives d'imprimeurs, le tout rendu accessible au plus grand nombre au siège londonien et à distance sous forme imprimée ou en dvd par les spécialistes des techniques de l'informatique.

Dernière action permise par la Société royale signalée, le tri et le sauvetage des archives postales de Saint Helena, l'île principale du territoire britannique d'outre-mer regroupant également Ascension et Tristan Da Cunha, dans le centre de l'océan Atlantique. Après avoir découvert, en 2009, la forme de leur conservation dans la cave du bureau de Jamestown (714 habitants, un habitant sur six de l'île), Barry Burns et Bernard Mabbett ont pu retourner dans l'île ce printemps 2013 et établir durablement les archives, à l'aide d'une bourse du Julian Chapman Memorial, accordée par la Société.

Le travail de Burns et Mabbett est relayé par l'association des Amis de Saint Helena et un média mondialement local The Sentinel (page 8 de son édition du 28 mars 2013).


Reconnaissance francophile.

Lors du prochain Stampex du 18 au 21 septembre 2013, à Islington (Londres), organisé par la société des marchands philatéliques britanniques, The Philatelic Traders Society, les collections exposées seront proposées par The French and Colonies Philatelic Society.

Créée en 1949, les quatre cents actuels membres se concentrent sur l'histoire philatélique et postale de la France et de ses colonies. Ils proposeront aux visiteurs du Business Design Center, situé après une petite promenade près de la gare de Saint Pancras, terminus de l'Eurostar, une large panoplie d'études d'usage courant napoléonien, Semeuse et autres Mariannes, visitant l'ensemble des possessions françaises dans l'espace et le temps : des provinces illyriennes au courrier maritime de La Réunion, des militaires tchécoslovaques en France aux bureaux parisiens. Et une conférence le samedi à 15 heures locales.

Une occasion de faire connaître des publications fort utiles, dernièrement sur trois thèmes : l'ensemble des tarifs postaux français, la Semeuse et les tarifs coloniaux aériens sur lettres.


Récompense... ou pas.

Le reine Elizabeth II n'est pas en reste ou, en tout cas, le gouvernement dont elle suit traditionnellement les conseils.

Ainsi, Michael Sefi, ci-devant gardien de la Collection philatélique royale depuis 2003, a été promu lieutenant dans le Victorian Royal Order. Il rejoint à ce grade son assistant Surésh Dhargalkar qui l'avait reçu, en 1992, pour les services architecturaux et d'aménagements intérieurs qu'il a rendu aux résidences royales. Notamment, en 1975, il redessine la salle de travail de la Collection lorsqu'elle se trouvait encore au palais de Buckingham.

Loin de ce faste se retrouve l'Indien Badar Azim, arrivé au Royaume-Uni pour un visa d'études de trois ans et qui a justement travaillé au palais cette dernière année. N'ayant pu obtenir une prolongation, il est rentré à Calcutta où sa famille vit bien moins spacieusement.

Depuis le 22 juillet 2013, il est pourtant médiatiquement plus célèbre que Sefi, pour avoir aidé la secrétaire de la Reine à installer le traditionnel chevalet présentant l'annonce officielle de la naissance d'un héritier royal, le prince George de Cambridge.

Le gouvernement a cependant dû juger que, désormais formé, il sera une chance pour l'Inde, et que ses actions ont moins d'ampleur à long terme que Michael Sefi qui permet de retrouver toute l'histoire philatélique du Royaume-Uni et du Commonwealth, au palais St Jame's.

mercredi 24 juillet 2013

Juillet, le mois des femmes

Après la présidence de la République française et son entreprise postale qui dévoile une nouvelle Marianne en permettant à deux fondatrices de mouvements opposés de s'illustrer par leurs propos (ici et là, avec retour de flamme et ici), d'autres pays célèbrent bien plus tranquillement toutes les femmes.

Passons sur les médias qui ont souhaité soutenir des jours durant la duchesse de Cambridge au terme de sa maternité... Un peu envahissant.


La Bank of England a spontanément - ou sous la pression d'une pétition de trente-cinq mille citoyens - rétabli la parité sur les deux premiers billets de banque de la génération attendue pour 2016, contrariée en avril par la présentation du billet Winston Churchill de cinq livres.
Jane Austen sur le futur billet de dix livres sterling (site de la Bank of England).
L'écrivaine Jane Austen (1775-1817), une des romancières classiques des programmes scolaires et télévisés anglophones, relaiera ainsi la réformatrice Elizabeth Fry (1780-1845) qui visita nombre prisons britanniques et européennes en forçant le Parlement à y améliorer les conditions de vie. Elle apparaissait sur le plus petit billet anglais depuis 2001.
Winston Churchill sur le prochain billet de dix livres sterling (site de la Bank of England).
En bas d'article, BBC News montre tout de même la sur-représentation masculine sur les billets anglais... Il va falloir en trouver des dames.


Enfin, le fort sérieux et reposant [pas de commentaires de lecteurs] site d'information du journal montréalais La Presse signale que, de ce soir mercredi 24 juillet 2013 à vendredi, le Conseil de la Fédération aura lieu. Cette instance permet aux premiers ministres des provinces et territoires canadiens de discuter et s'entendre avant de négocier avec l'État fédéral.

La Presse signale que six des douze Premiers Ministres présents (treize normalement) sont des femmes.

 En France, à l'échelon régional : deux femmes sur vingt-deux en métropole, et deux dans des collectivités d'outre-mer depuis avril dernier... à la faveur d'une inéligibilité à Saint-Martin et d'une élection partielle sur des majorités fragiles à Wallis-et-Futuna.


Bref, il y a des pays où chercher à équilibrer les représentations est devenu un réflexe.

dimanche 21 juillet 2013

Lang leve de Koning! Longue vie au roi des Belges!

Aujourd'hui, dimanche 21 juillet 2013, jour de fête nationale en Belgique, bpost a du retard pour marquer la prestation de serment du septième roi des Belges, Philippe, devant le Parlement, incarnation de la nation souveraine, en comparaison avec PostNL en avril dernier.

Il est vrai que la reine Beatrix a laissé trois bons mois pour organiser la création philatélique contre dix-huit jours côté Albert II. Sachant que dix jours plus tôt, le 24 juin, était émis un feuillet de trois timbres pour les vingt ans de son règne... et une contre-promotion pour le tourisme en Belgique : le roi y étant habillé chaudement.

Une émission carte royale à compléter (site bpost.be).

bpost, nom de l'entreprise postale belge depuis 2010, annonce cependant une émission d'abdication et de prestation de serment disponible à la vente à partir du 2 septembre 2013. Deux timbres au tarif trois points européen montrant les deux rois, assis sur un blanc, véritable promotion des parcs belges et du costume sombre. Inséré dans une carte, l'ensemble est tiré à deux cent mille unités. Le tout pour 9,90 euros.

La série d'usage courant est annoncée pour le 4 novembre et une place pour ces timbres est prévue dans la carte du 2 septembre.

Tarif à points de bpost pour les destinations internationales (site bpost.be).
Quant à la valeur faciale ou d'usage de ces timbres, on se souviendra des réformes tarifaires de 2007 et 2010. Le premier octobre 2007, apparaissaient des nombres sur les timbres : autant de points nationaux, européens ou mondiaux nécessaires pour constituer un affranchissement.

Depuis le premier janvier 2010, des tarifs de gros s'appliquent aux particuliers : un timbre à la pièce coûte plus cher qu'un feuillet ou carnet de dix timbres à point belge ou cinq timbres à point européen/mondial.

Donc, avec un de ces timbres royaux, une lettre normalisée de cinquante grammes et moins peut partir vers l'Europe, au sens continental du terme (îles espagnoles et portugaises de l'Atlantique, Groenland, Russie et Turquie incluses, mais pas l'outre-mer français).

Avec deux, par déduction du tableau ci-dessus, j'imagine que vous pouvez poster une lettre normalisée pesant entre cinquante et cent grammes.

La carte commémorative comprend donc un surcoût d'environ trois euros.




vendredi 19 juillet 2013

Quand Olivier Ciappa dépasse les 140 caractères

Le Monde  met en ligne ce soir, vendredi 19 juillet 2013, un texte d'Olivier Ciappa sur ses sources d'inspiration pour la Marianne et la jeunesse, présentée dimanche 14 pour une émission générale le mardi suivant.
À vérifier si ce texte sera imprimé dans une édition à venir.

« Autopsie d'une fausse polémique » : une leçon sur comment les inspirations féminines deviennent un idéal universel au long du travail de l'artiste, mais aussi, comment une succession de tweets de cent quarante signes repris dans des articles identiques jusqu'à la nausée par des dizaines de sites d'information sur internet faut parler, mais peu comprendre.

Une critique du journalisme contemporain ?

Critique qu'il est possible de poursuivre : qui sont Olivier Ciappa et David Kawena ? Seul, Le Figaro, a publié un résumé de carrière : que du Ciappa, simple évocation du travail de court-métrage et de théâtre, beaucoup sur les travaux de 2013 (exposition Couples imaginaires et timbre).

Seul donc, Rodolphe Pays, un des rédacteurs du blog L'Adresse I.P., a pensé à s'interroger et interroger Ciappa sur qui est David Kawena qui signe des timbres sans être présent aux cérémonies élyséennes... Ici et .

À chercher : quels sont les artistes qui signent d'un pseudonyme les timbres de France ? Quels sont ceux qui parviennent à signer de leur nom et de leur pseudonyme ? Et ceux, comme Catharsis, qui signent du nom de leur entreprise, de leur fondateur et de son pseudonyme.

jeudi 18 juillet 2013

Timbres U.S. 2013 dans 'Jeopardy!'

Le 10 juillet 2013, l'Unites States Postal Service a signalé au Stamp Collecting Forum que le jeu télévisé Jeopardy! allait utiliser
des définitions de timbres-poste émis aux États-Unis en 2013 pour faire deviner des questions à ses candidats.
Capture d'image de l'émission Jeopardy! du 10 juillet 2013.
 Pas de connaissances philatéliques ou collectionneuses à avoir, il s'agissait de retrouver des noms communs à partir de la description de timbres-poste. Par exemple, ci-dessous : deviner "What's a wedding?" à partir du timbre "Yes, I do!" de la série des célébrations décrit comme parfait pour des invitations.
Yes I do, site de l'Unites States Postal Service, émis en avril 2013.

L'émission compte deux questionnaires de trente propositions. Les timbres de 2013 figuraient dans la premier et furent assez peu populaires chez les candidats qui ont préféré les Flamands, les femmes en détresse (dans les fictions littéraires et cinématographiques) et les devinettes (mots croisés commençant par L et des listes de parties d'un objet à deviner).

Pour regarder l'émission du 10 juillet : par ici.

Une note sur le Stamp Collecting Forum qui est le nouveau nom imposé par l'hébergeur Delphiforums lors d'une crise fin avril-début mai. Le philatéliste bénévole, qui gère (et paye) pour le site The Virtual Stamp Club, précédent nom du forum, a rejoint un nouvel espace de discussion lié au site d'enchères Bidstart, acquisition récente de Stanley Gibbons. La crise : à qui appartient le contenu du forum et peut-il être importé sur une nouvelle plate-forme.

mardi 16 juillet 2013

Pendant ce temps, à Lattes...

Déjà réputés sélectionneurs d'équipe de football et spécialistes du dopage cycliste, les soixante-six millions de Français sont depuis deux jours devenus critiques et historiens des arts. Étant Français, participons au bordel ambiant (voir posts précédents).
L'oblitération premier jour du bureau de Lattes (34970 pour le code postal).
La manifestation premier jour du département de l'Hérault était organisée, hier lundi 15 juillet 2013, par La Poste à Lattes. Grande et peuplée commune de la banlieue de Montpellier, ses quinze mille et quelques habitants se répartissent en deux villes disposant d'un bureau de poste (Lattes-Centre et Maurin), un village (Boirargues) et plusieurs hameaux (dont la Céreirède bientôt massacrée par le passage du doublement de l'autoroute, et les Marestelles en face des campings).

La commune a déjà bénéficié d'un timbre.

...

Si, si ! Observez les Journée du timbre 1991 de Patrick Cambolin à la loupe : la lettre scannée au centre de tri porte le code postal de Lattes. Aucune idée de la raison de ce choix par contre.

Le timbre principal et l'oblitération lattoise :
légèreté du trait, fond blanc.

Pourquoi ce premier jour à Lattes ? La classe de lycéens de l'académie de Montpellier qui a participé au choix de la cette Marianne était une première professionnelle Communication visuelle du lycée Jean-François Champollion de Lattes, ouvert en 1992 à côté de Boirargues. En professionnel et technologique, le lycée est effet spécialisé dans le visuel, communication, photographie.

Donc, zou ! En un bond, assis dans une rame de la ligne trois de tramway direction la branche desservant Boirargues et Lattes - moins chargée que les rames se dirigeant vers le sud-est de Pérols où les plagistes retrouvent pistes cyclables et cars départementaux pour rejoindre les stations balnéaires de Palavas-les-Flots, Carnon et La Grande-Motte.

En terme de communication visuelle justement, je m'étonne que la communauté d'agglomération n'a pas été séduite par les mini-carnets de timbres personnalisés : avec les décorations de rames de tramway, ça formerait un beau bouquet de couleurs à vendre aux touristes.

Le feuillet commémoratif : lettre prioritaire rouge, lettre verte et lettre en ligne orange et pré-oblitérée.

Premier jour dans un véritable bureau de poste en 2013, ça se résume à une table, deux postiers et une borne en carton annonçant l'événement dans un coin de l'espace.

Ouverture de l'après-midi à 14h30 avec une quinzaine de clients. Une dizaine forme une file vers le comptoir à l'air libre pour récupérer ou déposer des colis. Le reste attend pour la préposé enfermée dans sa cage de verre pour des opérations financières et des timbres-poste. Restent deux collectionneurs : une dame passionnée des premiers jours que je remercie pour le don d'enveloppe qui m'a dépanné (dur de penser à tout par une trentaine de degrés à l'ombre et dans les logements) et moi.

Couverture du document philatélique de quatre pages qui, outre celui-ci, compte un autre grand format de la Marianne de la jeunesse.
 Sont disponibles, en reprenant les images précédentes : le timbre prioritaire vingt grammes en feuille, le feuillet commémoratif seul dans son présentoir cartonné ou chèrement accompagné d'un feuillet des timbres d'usage courant de la Cinquième République version soixante-trois centimes, le document philatélique et un gadget à scanner.

 Le feuillet qui alourdissait la note répond sûrement au reproche adressé au carnet autocollant des visages de la Cinquième République de novembre 2008 d'avoir été réalisé en héliogravure bien lisse. Les philatélistes acheteurs devraient rapidement commentés comment a été réalisé cette nouvelle variation.

Sous le message du président de la République, quatre gravures noires, dont, rapprochées pour comparaison, la avec feuillage et sans feuillage. Les deux autres correspondent aux lettres prioritaires jusqu'à vingt grammes pour l'Europe et le monde.

 Le document philatélique était le seul moyen hier de disposer d'autres timbres que les petits rouge et vert : en page deux en gravure noire et en page trois oblitérés premier jour de Paris, les versions vingt grammes à destination de l'Europe et du reste du monde étaient visibles.

L'œuvre d'Elsa Catelin paraît très réussie, moins lourde que les pleins de couleur des modèles informatisés diffusés depuis le printemps. Je pense qu'elle a raison dans son entretien réalisé par Marion Dubreuil de France Bleu Périgord :

Elle est gravée en taille-douce alors c'est l'art de ciseler dans le métail en creux et à l'envers pour rendre compte du visuel. 
Je pense que je l'ai gravé un peu plus finement que le motif maquette. 
Mais, il n'y a pas eu de difficulté majeure. Elle s'est faite comme une lettre à la poste. 

Dans le second extrait, malgré la déception de l'échec de sa Marianne au concours, elle signale l'honneur que d'être le graveur de la nouvelle série, dont elle a réalisé deux poinçons : lettre prioritaire (et écopli 20 grammes gris qui reste disponible).

Pour voir Elsa Catelin au travail avec ses collègues imprimeurs, une vidéo sur le site de l'Assemblée nationale de la genèse de la Marianne de la jeunesse.

Peut-on avoir le nom de l'ordinateur et de la machine qui ont préparé la gravure du timbre de la lettre en ligne non signée par Catelin sur le feuillet-souvenir ?

Évidemment, pour les thématistes de l'Élysée, ce document philatélique est un pièce à acquérir : message présidentiel sur la deuxième page et une peinture de la cour du palais par Olivier Audy sur la quatrième, le même que celle des souvenirs personnalisés accessibles aux invités du 14 juillet 2013.

Sur la troisième page, au-dessus d'un bloc commémoratif collé mais non oblitéré, les deux premières valeurs des grilles tarifaires Europe et Monde.
 Qu'est-ce que je pense de ce timbre ?

Qu'au format timbre-poste en taille-douce, il est très agréable et reposant à regarder.

Peut-être parce que ENFIN La Poste et sa branche philatélie et imprimerie ont accepté que Marianne pouvait être tracée en couleur sur fond blanc, telle que Thierry Lamouche avait créé la Marianne des Français. Y aurait-il besoin de faire des économies d'encre à Boulazac ? Les artistes ont-ils défendu leur vision graphique ? En tout cas, je la trouve bien moins lourde à regarder que la précédente et d'autres Mariannes plus anciennes.

Souvenez-vous, en 2004, les projets étaient affichés sur la façade de l'Assemblée nationale
[et pas choisi en cachette dans le bureau de Nico]
(photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd).
Après, une jeune femme blonde qui, comme l'interprète Jean Deschamps, paraît sortir d'une réflexion silencieuse pour entamer une argumentation à laquelle participe la main est un choix courageux en connaissant la misogynie et les rancœurs nationales. L'aspect bande dessinée et l'esprit obtus des veaux fait le reste : midinette et autres joyeusetés dénigrant la possibilité d'un cerveau politique à la femme ont fleuri dans les commentaires des articles de presse depuis dimanche.

Et pourquoi pas ! Ce timbre comme un petit pas vers une société où une femme quelque soit son âge et sa fonction puisse porter une robe à fleur allant largement au genou sans se faire siffler... Et n'accusons pas les jeunes de banlieue (les commentaires racistes sur le petit garçon au ballon...) ou des campagnes (Languedoc, région de fêtes votives alcoolisées et finissant à l'arme blanche...) : en pleine Assemblée nationale le 18 juillet 2012.

Par contre, je suis déçu que, quand le cahier des charges dit Marianne et l'Europe, les créateurs de timbres nous pondent des étoiles sans les valeurs de l'Union pour lesquelles il a fallu une émission supplémentaire. Alors pour Marianne de la jeunesse, ils se ruent sur les bandes dessinées et s'en inspirent de manière un peu trop appuyée. Néanmoins, les lycéens ayant visiblement bien étudié le cahier des charges, les intentions des artistes (voir youTube du groupe La Poste ce matin) et les aspects artistiques et sociaux des images, celle de Ciappa & Kawena est, à mon goût, trop BD, mais elle reste utile pour incarner la nation : jeune, profitant de la vie tout en réfléchissant à son avenir.


Sinon, quel autre projet parmi les quinze demi-finalistes ? Celle d'André Boos vive et regardant les générations passées droit dans les yeux - peu importe les écouteurs, il me semble que toutes les générations ont bien rapidement craqué pour les téléphones mobiles et les tablettes numériques. Ou celle d'André Lavergne d'une jeunesse qui semble prête à lutter pour les droits de tous car elle en a marre que les générations précédentes les oublient. Bref, deux extrêmes que celle Ciappa & Kawena peut équilibrer.

lundi 15 juillet 2013

Le Plus philatélique du Nouvel Observateur

Le site des blogs d'experts du Nouvel Observateur, Le Plus, vire magazine philatélique en ce lundi 15 juillet 2013, au lendemain du dévoilement de la nouvelle série d'usage courant au type Marianne de la Jeunesse.

À tout seigneur, tout honneur : Olivier Ciappa, un des signataires de l'effigie, s'est réveillé avec l'inconvénient des réseaux sociaux quand on les use à affirmer ses opinions, une pile de réponses et d'insultes. Il publie donc son deuxième article sur Le Plus après celui sur le vandalisme subie par son exposition  Des couples imaginaires, le mois dernier.

Cela lui permet d'expliciter le choix de la militante féministe Inna Shevchenko que le magazine Madame Figaro plaçait, en décembre 2012, parmi les vingt femmes de l'année 2012 et avec une photo bien osée pour le supplément d'un quotidien conservateur. De 1789 à 2013, une femme révolutionnaire et libérée1 ressemblerait à une FEMEN qui choque, dérange par leurs actions seins nus, mais, rappelle Ciappa, pour des valeurs du triptyque républicain français. Allez lire, il explique les enfants du timbre rouge, la couronne d'olivier du timbre vert et son regret de ne pas avoir pensé à cadrer la féminité de Marianne jeune, mais future femme adulte libre.

Par contre, il développe l'inspiration du geste de la main : Roselyne Bachelot et Christiane Taubira, deux femmes très libres dans le bac à requins politiciens de notre pays. Et les yeux de Marion Cotillard. Je laisse les physionomistes et les comportementalistes vérifier.


De son côté, le journaliste et commentateur politique et sportif Bruno Roger-Petit disserte sur les tenants et aboutissants des réactions tweetées et outrées/amusées de Christine Boutin et des personnes de sa mouvance d'une part et d'Inna Shevchenko qu'on ne présente plus donc. Il s'amuse ainsi que les premiers se découvrent républicains par défense de son allégorie. Pour la seconde, il prévient que sa réjouissance est limitée par le fait que la France, si elle n'est pas parfaite sur les questions de parité, n'a pas besoin de FEMEN et renvoyant à sa lecture de leur action dans Notre-Dame de Paris.

Bref, il n'y a pas le feu à la République.


Enfin, le modérateur du Plus, Mathieu Sicard, pose sa question quotidienne aux lecteurs du site [mon Dieu, encore des commentaires] à partir de l'ensemble des événements du 14 juillet de 15h30 au fond de la nuit que le modérateur du tweet du Parti chrétien-démocrate aille dormir.

Il y a tout de même son avis, déçu, sur le dessin : comme beaucoup de commentateurs, la blondeur style bande-dessinée passe mal, le bonnet phrygien manque de corps et la présence de la main interroge. Mais, en bon vendeur de presse, il faut agiter l'opinion publique dans tous les sens et donc faire commenter sur Shevchenko et Boutin.


Faut-il être heureux : les médias du XXIe siècle parlent timbres-poste ?


Note :
1 : Bruno Roger-Petit rappelle la typologie des Mariannes par l'historien Maurice Agulhon. Il y aurait ainsi « Marianne révolutionnaire et libérée » et « Marianne sage et austère ». De Nicolas à François, le timbre d'usage courant vient de traverser tout le spectre d'un extrême à l'autre, d'un seul coup.

Une Marianne trop culottée ?

L'avantage de l'ouverture aux commentaires illimitées des lecteurs sur les sites des journaux (de l'humour douteux à la colère épidermique, et un peu de réflexion artistique ou personnelle argumentée) et de la réactivité des réseaux sociaux sur internet, c'est qu'il y a très peu de distance entre l'ébauche de la pensée et son expression, plus besoin d'aller au café du commerce ou à attendre un ou deux mois les réactions dans les mensuels philatéliques.

Le gazouillage ou tweet du 14 juillet 20h15 d'Olivier Ciappa, co-créateur du nouvel visuel du timbre d'usage courant de France, sur l'un des visages l'ayant inspiré avec David Kaweda, fait déjà effet ce matin, ce que le site de LCI résume.

Le Parti chrétien-démocrate, création en 2009 de Christine Boutin et dont elle a laissé la présidence la semaine dernière pour une nouvelle action « mono-thématique »1 au Parlement européen, tweete au boycott du nouveau timbre dans une grande délicatesse :

APPEL AU BOYCOTT du timbre 1 outrage à la dignité de la femme, à la souveraineté de la , demande retrait du timbre de l'outrage

Eh bé... et tout ça à 23h05... Pendant le bal du 14 juillet ?

Plus corrosive, ce matin 15 juillet 2013 à 10h49, la militante Femen concernée, actuellement réfugiée politique en France après avoir tenté d'enseigner l'égalité homme-femme à l'Église orthodoxe, l'Ukrainienne Irina Shevchenko, s'en amuse tout en dévoilant [non !!! pas ce que vous croyez] une connaissance très conservatrice de la philatélie - celle où on lèche plutôt qu'on autocolle :

FEMEN is on French stamp. Now all homophobes,extremists,fascists will have to lick my ass when they want to send a letter.

Tout aussi fine que le Parti chrétien-démocrate. Je vous le disais, dans le post d'il y a trois heures : les artistes sont d'excellents communicants. J'espère que Socrate aura droit à plusieurs dizaines de pages dans les prochains Timbres magazine pour pratiquer une grande maïeutique nationale.

Prochain message ce soir ou demain après une visite au bureau premier jour de mon département. Je serai ainsi rassuré : comme elle l'a expliqué sur France Bleu, Elsa Catelin a, elle, été fine dans sa gravure.

Notes :
1 : c'est un membre du Parti chrétien-démocrate qui utilise cette expression... Par contre, je veux bien la soutenir dans une lutte pour abolir le divorce quand les enfants en sont victimes.

14 juillet communiquant

Grande journée de la communication politique et commerciale, hier, 14 juillet 2013 : la France reproclamait son unité nationale sur le modèle de 1790 [je n'ose penser que nos élus souhaitent que le peuple se souvienne du 14 juillet de l'année précédente !?] et rappelait qu'elle était capable d'ouverture avec la brigade franco-allemande, d'européanité avec l'adhésion de la Croatie à l'Union et d'aide à ses alliés en péril au Mali.

Les militaires en silence sur leur budget et leurs effectifs [comme tous les autres agents de la nation depuis deux présidences] étaient aidés, dans leurs revendications, par les consultants militaires des chaînes de télévision tel celui de BFM TV. François face aux questions vite faites-vite posées-vite répondues-vite une relance de deux animateurs.

La Présidence et La Poste [lien menant à la cérémonie sur le site de l'Élysée] : soit pour adresser un message sur la jeunesse et toutes les images stéréoty... poétiques et d'espoir qu'elle représente, soit pour écouler une nouvelle émission et de nouvelles présentations.
Marianne de la Jeunesse (Groupe La Poste)
Avantage pour φl@l@poste, tous les journaux en parlent : il n'y a qu'à voir la recherche d'actualités du moteur de recherches Google : tous les médias de France et d'Outre-mer reprennent les statistiques et l'historique du timbre fournies par le dossier de presse de La Poste, pour certains tel quel.

Avec variante imprimerie et graveure, Elsa Catelin, pour France Bleu, le réseau régional de Radio France. Et fierté des médias évoquant les lycéens de leur région choisis pour communiquer la conclusion de leur classe au printemps ou pour dévoiler le timbre avec le président : deux lycéens technologiques de La Réunion, en design, et de Seine-Saint-Denis, qui se destine vers les métiers permettant de maintenir les liens sociaux.

Après, n'étant jamais aussi bien servi que par soi-même, , le groupe postal propose, quatre jours avant sur son compte youTube, l'interprétation de leur projet par trois des artistes :


Vidéo du groupe La Poste sur youTube, postée le 10 ou le 11 juillet 2013.

Et, vers 16 heures, hier, au moment de la divulgation, l'histoire et la fabrication du timbre-poste français [les postes du monde apprécieront la promotion en faveur de Boulazac] :

Marianne des Français à l'imprimerie,
Marianne de Nico au bureau.
Vidéo du groupe La Poste sur youTube, postée le 14 juillet 2013.

Le meilleur communicant restant peut-être Olivier Ciappa pour donner une touche déclaration des droits de l'Homme et de la Femme, célébration modernisée du 26 août 1789. Question banale en cette occasion et certainement posée et reposée depuis les services juridiques de La Poste jusqu'à tous les journalistes et invités présents hier : qui a inspiré ce visage ?

Réponse sur Twitter : « c'est un mélange de plusieurs femmes mais surtout Inna Shevchenko », une des fondatrices des FEMEN, aux actions médiatiques provocantes pour susciter la réflexion en faveur des droits des femmes dans de nombreuses situations politiques ou sociales et face à des acteurs jugés dangereux pour ces droits.

Ce détail mérite une seule phrase sauf à disposer d'un logiciel de reconnaissance faciale, d'un physionomiste de boîtes de nuit, ou d'un professeur d'art ; toute chose difficile à trouver un jour férié quand l'article-communiqué de presse devait être prêt depuis quelques jours.

Ce détail devient le titre de la second version de l'article du Figaro [voir l'adresse html de l'article et l'horaire de mise à jour] sur le nouveau timbre, le seul visible sur la page d'entrée du site du journal tôt ce matin... Après tout, avec l'action du Printemps français d'hier matin, il y eut donc deux Memento mori dignes de la tradition des triomphes romains et du 14 juillet 1790.

Reste le travail méritant des membres du Cercle des amis de Marianne animant plusieurs manifestations premier jour, aujourd'hui le jour d'après, et que les articles d'hier permettent d'annoncer dans toute la presse régionale. Avec un bémol : φl@l@poste se réservant à elle seule la capitale.

jeudi 11 juillet 2013

Hommage à la Résistance dans 'Stamp Magazine'

Soixante-dix ans après l'unification de l'action des mouvements résistants au sein du Conseil national de la Résistance, Michael Chambers propose un article thématique dans le numéro daté août 2013 de 'Stamp Magazine'.

Particularité du choix des timbres commémoratifs français de cet article : uniquement des timbres gravés, Chambers s'étant spécialisé dans la philatélie par les graveurs. Avec un compliment mérité sur l'imaginative duo avec vignette de 1984.

Le seul timbre sans graveur est la photographie d'identité de Odette Hallowes (1912-1995), émis en 2012. Fille d'un poilu tué à Verdun en 1918, mariée à un Anglais, elle fut agent du SOE sur la Côte d'Azur, mais, trahie, elle fut déportée au camp de Ravensbrück.

lundi 8 juillet 2013

Seigneur, Marianne a deux pères !

Partie 1 : Des libertés de pensée, d'opinion, de débat et d'expression.

La philatélie passe pour « Un loisir ringard, masculin et vieillot ». Voilà ce que rappelle un lecteur du blog Philatélie au quotidien suite à a la tentative de Timbres magazine et Pierre Jullien de lancer [ensemble ou séparément ?] une polémique sur les artistes dont le projet aurait été choisi par le président de la République François Hollande à partir des trois projets de Marianne de la Jeunesse sélectionnés par un large jury de valeureux lycéens [La polémique semble aussi naître de la notion de « valeurs de la jeunesse » avec un projet non retenu, dit de la Marianne aux écouteurs :) ].

Dans le numéro d'été [Les mensuels philatéliques britanniques ont deux numéros l'été...] de Timbres magazine, la chronique de Socrate [Pierre Jullien ? Quelqu'un d'autre ?] commente l'avis d'un lecteur qui s'offusque des différentes cordes à l'arc de David Kawena dans son art. Socrate développant les activités militantes et artistes du duo philatélique qu'il forme avec Olivier Ciappa. Le ton est factuel, y compris en évoquant le lien affectif que certains collectionneurs ont à Marianne et qui les feront frémir de savoir que leur objet de passion est lié à une Première Fois, voire avec des Couples imaginaires exposés à la Mairie du troisième arrondissement de Paris.
Des poissons tropicaux par Ciappa & Kawena (2012, source : Phil-Ouest.com).
À présent, les collectionneurs français y verront un message caché lol
Ce samedi 29 juin 2013, jour de sortie en kiosque du mensuel, Pierre Jullien poste un article sur son blog au titre tranchant : « Une "Marianne" polémique, accuse "Timbres magazine"... ». En philatéliste, il se saisit d'une loupe grossissante pour faire observer quelques citations de Socrate pour insister, non plus sur une mise socratique en contexte, uniquement sur « le choix (...) trop politique » de François Hollande. Après tout, le journaliste-blogueur a besoin d'être lu [clic pub = €] et publié [un article polémique pour Le Monde en papier ?] et a droit à être éditorialiste.

Seulement, Socrate et les commentateurs du blog sont plus distanciés finalement. La vie privée de Jean Cocteau est-elle nécessaire ou choquante pour comprendre la vitalité de la création de sa Marianne, au rouge à lèvres s'il le faut [séquence avec Jacqueline Caurat rediffusée sur feue TV Timbres en 2007]. Une bonne connaissance de la vie d'artiste de Pierre Gandon rappelle que la première fois n'est pas qu'entre garçons... Cela concerne tout le monde, même des jeunes femmes entre elle. Ça remplit une page eBay pour les amateurs.

J'espère que le courroux de certains s'exprimera aussi à l'égard de Gandon car en quoi la surexcitation autour des héros de Disney [relire Socrate ou aller regarder sur deviantArt] se différencie-t-elle de la réification sexuelle de la femme pour un public « ringard, masculin et vieillot » de collectionneurs de timbres ? Pour les amateurs de ce qu'on écrivait il y a dix, cinquante, cent ans dans la presse philatélique, cherchons le machisme et la misogynie dans les articles philatéliques : combien de Socrate et de Jullien choqués par le timbre - prétendument - sur le coprah, émis par l'Office des postes et télécommunications de Polynésie française en 1989 [Dallay 2006-2007 n°330] ?
Championnats du monde de karaté par Ciappa & Kawena (2012, source : Phil-Ouest.com).
Oh mon Dieu, ce n'était pas de l'inspiration manga, c'était de la propagande ! Même Eslinger a été bernée
N'étant pas dans les petits papiers de φl@l@poste, n'espionnant pas ce qui peut s'imprimer depuis plusieurs semaines à Boulazac et pouvant bien croire qu'un politicien comme Nicolas ou François ont toujours une idée intéressée derrière le choix d'un simple timbre, je n'ai aucune idée de la Marianne de la Jeunesse à venir et la rumeur d'un choix partisan dans le contexte du mariage pour tous vaut bien une hypothèse pour historien dans quelques décennies.

D'abord, peu importe Sylvie Beaujard, Ciappa & Kawena ou Patrice Serres, c'est déjà le processus du choix qui peut être rappelé... Après la parenthèse autocratique de 2008, il y a un retour à une consultation du public pour orienter le regard présidentiel, certes limité à vingt-neuf classes de lycée, soit de neuf cents à mille individus d'une génération ultra-connectée donc loin d'être un public « ringard, masculin et vieillot ».

Sylvie Beaujard est classique dans le style visage de jeune femme... comme son père le fut dans la vision d'une Marianne que j'ai jugée figée et en robe de bure pour commenter ce que l'omniprésident endetteur a pu y voir de plaisant. À présent, je la verrai patientant le retour d'un personnel politique inspiré... Je comprends aisément ce qui a pu motiver le choix lycéen de la double Marianne tête-bêche de Patrice Serres : elle leur ressemble et elle aurait autant choquer les « ringards, masculins et vieillots » qui ne se sont pas rendus compte que la France est - depuis très longtemps - un pays d'immigration. Le tête-bêche plairait sûrement aux collectionneurs comme l'a montré la Marianne du désir des 40 ans de l'imprimerie de Boulazac, au Salon du timbre de 2010.

Maintenant, Ciappa & Kawena... Cet article est illustré des timbres-poste de 2012 qui ont permis aux deux artistes d'être sélectionnés initialement au concours de nouvelle Marianne : des poissons et une compétition sportive... Ne feuilletant que Timbres magazine et quelques blogs pour la petite sphère française de ma philatélie, je n'ai pas eu vent d'un choc des collectionneurs face aux créations timbrifiés de ces deux artistes.
Centième Tour de France par Ciappa & Kawena (2013, source :  Phil-Ouest.com).

Surtout pas avec leur dernier bloc pour le centième Tour de France cycliste, illustration majeure d'un article récent de Pierre Jullien... qui ne les nomme pourtant pas alors qu'il est connu comme admirateur des artistes signalant leurs cartes de vœux et leurs expositions. Messieurs Ciappa et Kawena, j'imagine donc que vous avez oublié d'envoyer vos vœux à Pierre Jullien : pensez-y en janvier 2014.

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Partie 2 : Pompiers pyromanes.

Attendons la découverte du choix présidentiel le 14 juillet prochain et laissons certains jouer aux pompiers pyromanes. Car, à partir l'équilibrée chronique de Socrate et sa relance sur un blog logé par lemonde.frLe Point papier et RTL.fr commencent déjà à fantasmer sur la « Marianne peut-être homosexuelle » [??? Vivement l'édition 2015 du Larousse et du Petit Robert, ou un philosophe audacieux du genre Michel Serres, pour m'éclairer sur la vie privée des allégories nationales] dans le contexte du débat sur le mariage qui a l'air de focaliser un ahurissant grand nombre de mes concitoyens visiblement : pourquoi les lycéens foncent sur le baccalauréat scientifique pour préfèrer ensuite des études commerciales et financières que d'ingéniérie me paraît un débat plus pertinent sur la décadence de notre société.

Dans le contexte clivant apparu depuis une trentaine d'années en France, où chaque président de la République produit deux extrêmes exagérés : béatitude aveugle contre haine aveugle, un des premiers milite déjà contre la « Marianne, à la solde des lobby bobos et LGBT? » et là, la Philatélie en tant qu'étude et science ne va pas en sortir grandie : 

« Au cours d'une réunion, j'ai appris qu'une nouvelle Marianne figurera
sur les timbres "de la Jeunesse" dès le 14 juillet.
Cette information me fut dévoilée via le dit "Socrate" »

Probablement, mardi 25 juin, après publication de la chronique de Socrate sur le site de Timbres magazine ou de son résumé par Pierre Jullien, un lecteur d'un courant d'opinion proche de ce site d'informations a dû présenter à un collègue de travail ou compagnon d'association loi 1901 Socrate, devenu un dévoileur d'« info vraie ».

« Dès que la fuite fut connue,
le gouvernement décida de repousser la diffusion du timbre
qui aurait du avoir lieu le 14 juillet... »

Sauf que, depuis début 2013, le choix présidentiel paraît réserver au 14 juillet... Après, des fuites à Phil@poste Boulazac... Il y a des philatélistes qui les signale depuis longtemps [et qui espère les avoir vues disparaître en 2012] et des collectionneurs qui achètent chèrement lesdites fuites.

« Voici comment un symbole français est récupéré par les lobby de gauche »

C'est bien connu les symboles français sont la propriété des « bons Français ».

« Voici comment un article [la chronique de Socrate]
arrive à faire trembler la République »

Pleine de débats médiatiques et politiques [de faible ampleur], l'histoire des timbres d'usage courant de France n'a, à ma connaissance, jamais vu de démission de ministres pour cause d'allégories non appréciées en France même [la prostituée de Mouchon] ou à l'étranger [timbres commémorant les anciens combattants ou les rapatriés, refusés sur courrier par la poste algérienne]. Alors, une Marianne que de moins en moins de personnes voient car l'usage du système postal diminue avec les changements technologiques et la profusion des timbres d'écriture autocollants est plus pratique pour La Poste.

Et là, un fou rire me prit [je ne suis pas le seul à faire de la veille] : parmi les commentaires - assez pertinents, ça change des pseudo-débats entre lecteurs des sites du Figaro, de Libération et du Monde, un usager au pseudonyme de « Gauthier Toulemonde » dont le lien renvoie vers le site d'un certain magazine philatélique français poste un message plutôt acide :

« Je vous invite à lire attentivement la chronique de Socrate avant de porter un commentaire.
Je ne reconnais pas dans votre propos l'esprit de cette chronique.
[...]
Je doute fort que cet article fasse "trembler" la République,
j'ose espérer qu'il en faudrait bien davantage ! »

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En conclusion (toute personnelle) : 
- que la prochaine série d'usage courant éclaire un peu mieux le chemin du gouvernement actuel  - comme l'écrit Pierre Jullien de l'opinion de Socrate sur le projet de Ciappa & Kawena, cette phrase ne mange pas de pain :) [la description de mes opinions politiques, sociales et philosophiques ne pourraient être comprise des antisarkozystes et des antihollandistes, ni des partis politiques français du début du vingt-et-unième siècle] ;

- pauvre Socrate, qu'il est difficile de susciter de véritables discussions-débats pour éclairer ces lecteurs réguliers ou très accidentels, aux objectifs égoïstes [moi y compris]. En espérant que, les numéros suivants de Timbres magazine fassent commenter ce débat, s'il est souhaité, par des personnes aussi intéressantes et critiques [au sens philosophique] que Socrate et les lecteurs de Philatélie au quotidien ;

- que vivent nos artistes libres de leurs entreprises, projets, passions. Les informations du blog de Pierre Jullien, les entretiens donnés dans Timbres magazine et L'Écho de la timbrologie montrent qu'ils ne sont pas limités à ce qu'ils montrent sur les timbres ;

- enfin, que ceux qui détesteront la prochaine Marianne quelle qu'elle soit, fasse comme moi en 2008 : une réserve de timbres de leur Marianne adorée [d'ailleurs, je n'ai pas encore épuisé ma réserve de la Marianne des (vrais ;) Français].

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Mise à jour :
dans un mail, ce jeudi 11 juillet, Gauthier Toulemonde [avec une adresse dans le domaine de l'entreprise Timbropresse] réaffirme l'ouverture d'esprit et l'envie de débat de qualité sans racolage de Socrate. La première affirmation sur le site des « infos vraies » était bien du rédacteur en chef de Timbres magazine.