Note : oui, il y a une croissance du numismatique sur ce blog à cause de ma curiosité tous azimuts, et récemment, pour l'histoire de la livre sterling. Un effet du trop-plein d'émissions de timbres ? Pour s'adapter, les articles numismatiques porteront désormais le nom de la devise monétaire en libellé afin d'aider à retrouver les articles par thème.
Mardi dix-sept mars 2015, la Royal Mint et le Chancelier de l'Échéquier britannique ont dévoilé le dessin qui ornera, à partir de 2017, le revers de la nouvelle pièce d'une livre sterling - une future émission
que j'évoquais coïncidentalement lundi soir.
La nouvelle pièce, promise comme la plus sécurisée au monde, remplacera progressivement le modèle-petit jeton qui perdure depuis 1983.
Au terme d'un concours lancé auprès du grand public depuis septembre dernier, c'est la proposition d'un adolescent de
Walsall dans les
West Midlands, David Pearce, qui a été retenu par Royal Mint et Sa Majesté. Il a été mis en forme par l'artiste David Lawrence et mis en lettre par Stephen Raw.
Le thème est somme toute classique au Royaume-Uni, depuis que le royaume est uni justement : les quatre fleurs emblématiques déjà visibles sur des timbres classiques, tel le
demi-penny jaune de Malte en 1860, et - en ouvrant au hasard
mon catalogue Spink des pièces britanniques - autour des armoiries traditionnelles sur des couronnes d'argent des années 1840...
Vieille question de curiosité thématique sur laquelle il faudra que je me penche à loisirs : depuis quand ces quatre fleurs figurent sur les marques de l'État royal.
Chez Pearce, les quatre plantes émergent d'une couronne... qui ne paraît pas être
celle de George IV, définitivement associé à Elizabeth II et aux timbres au type
Machin depuis 1967.
Outre l'aspect populaire et monarchiste du lancement de la nouvelle pièce, c'est surtout la sécurité que va apporter celles-ci aux consommateurs et commerçants que
la Royal Mint promeut depuis mars 2014.
En effet, trois pour cent des pièces d'une livre en circulation sont des contre-façons ; phénomène qui affecte également les pièces de deux livres à cause d'une ressemblance technique avec les pièces bicolores rondes du reste du monde et les anciens billets de cinquante livres sterling (soixante-sept euros dans les cours actuels).
Douze côtés, évoquant les anciennes pièces de trois pence et dans l'habitude des polygones que sont les pièces de
vingt et
cinquante pence, et une présentation mystérieuse du fait que les automates la reconnaîtront et la distingueront des falsifications à coup sûr... densité ? Alliage déséquilibré au sein de la pièce ? Puce électronique passive ?
Ce n'est pas faute d'informer le public sur comment reconnaître les bonnes pièces d'une livre : deux posters au format pdf sont téléchargeables sur le site de Royal Mint.
Le premier enseigne toute la logique des pièces : concordance des effigies avec les revers illustrés, ainsi que variation des devises sur les tranches selon les années.
Le second est un poster reprenant tous les avers et revers par année.
Mais, a-t-on le temps de vérifier tout cela avec une poignée de pièces rendues en monnaie dans la main, et une file poliment - bienvenue hors de France - impatiente derrière soi.
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Un des quatre seuls timbres émis du règne d'Edward VIII en 1936. |
Par ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'un adolescent participe à la création d'un symbole britannique. Côté philatélie, les archives du Greater Post Office font comprendre que la série d'usage courant d'Edward VIII est en bonne partie inspirée du projet soumis volontairement par H. J. Brown, alors dix-huit ans de Torquay, qui correspondait au dépouillement graphique et moderne recherché par le roi.
Brown fut remercié d'une simple lettre et la plainte du père après l'émission du timbre fut traitée par le silence administratif, comme nous l'apprend A.J. Kirk dans son étude de la série, publiée en 1974 par la Great Britain Philatelic Society - et
encore disponible d'après son site web.