jeudi 18 juin 2015

Juin 2015 : nouvelles défaites françaises face à Waterloo

Pour une question d'egos mal placés, trois États de la zone euro entraînent la France dans le déshonneur une fois de plus, deux cents ans après la défaite militaire de Waterloo et la libération de l'Europe des progrès de la Révolution française imposée par la force des armes, de l'occupation et de l'esprit de pure conquête napoléonienne.

Il n'y a qu'à voir le petit bandeau de la Maison de la Monnaie belge, sous la médaille commémorative présentée par le président du comité de commémoration :

Tirez les premiers, Messieurs les Français et subissaient les moqueries (page d'entrée du site de la Maison de la Monnaie belge, en juin 2015).

« Les 2€ défendus par la France maintenant disponible ! » La Royal Mint britannique titre d'un polysémique « Egos, Enemies and Empire ». Depuis le début de l'année 2015, les forums numismates européens bruissent d'une querelle d'un ménage à trois, dont la Belgique fut la troisième victime (comme en 14 ?).

La France voulut frapper une pièce de deux euros pour les cinq cents ans de la bataille de Marignan : date facile à retenir (1515), supposée ouverture de la France à la Renaissance par la grâce de François Ier, les vieux écoliers français ayant oublié depuis longtemps qu'est-ce que les rois de France d'alors voulait en Italie du Nord. Évidemment, une pièce pour les cinq cents ans de l'avènement du roi qui avait recruté Leonardo ne pouvait nous suffire - même avec La Joconde ?

Les pièces commémoratives de deux euros ayant valeur fiduciaire partout en zone euro, il faut l'accord de ses membres : l'Italie ne voulut point... et la rumeur soupçonne le soutien d'un petit pays.

La Belgique demanda ensuite l'autorisation d'une deux euros pour le bicentenaire de la bataille de Waterloo, près de Bruxelles. Bam ! L'interdit français tomba.

Les Belges et les Néerlandais usèrent alors des pièces à valeur nationale : deux euros et demi en Belgique et cinq aux Pays-Bas. Bravo la France : la Belgique émet sa première pièce de collection d'une valeur fractionnaire. Clap, clap, clap ! Vous ne pouviez pas laisser ça à la Monnaie de Paris,ses Astérix et son vaste programme numismatique ?

La pièce de 2,5 euros, légale en Belgique, reprend l'illustration prévue pour la deux euros qui aurait eu une circulation dans toute la zone euro (Maison de la Monnaie belge).
Certes, comme ce lecteur du Monde, on peut avoir une lecture attristée de cette commémoration d'une victoire des États conservateurs qui clôt l'épisode révolutionnaire et ses avancées en Europe... Laissant à d'autres mouvements secrets, tantôt révolutionnaires (1830, 1848), tantôt terroristes, tantôt utopiques comme les socialismes de reprendre la lutte pour les libertés, l'égalité et la fraternité. Comme cause lointaine, on peut y voir les causes de la guerre civile européenne (1914-1945), mais bon, rien n'était obligé.

On peut y lire aussi la honte de la France : par les conquêtes de la Première République, puis de Napoléon, elle a pu imposer les valeurs de la Révolution à toute l'Europe : abolition des privilèges, Code civil. Mais avec les vexations et duretés liées à l'occupation militaire ou la vassalisation d'empereur... Et, au lieu de consolider son empire européen, cette folie de tenter la conquête de l'immense Russie... Oups, un oubli chez les anciens écoliers nationalistes ?
Importante pour l'histoire et l'économie touristique belges, la bataille orne la couverture du Catalogue officiel de Belgique daté 2015... qui provoqua des interrogations sur la liste de diffusion fr.rec.philatelie : quel lien entre Waterloo et la Belgique ?
N'est-il pas naturel que les États conservateurs à l'époque et ceux ressuscités dans cette bataille (Pays-Bas et Belgique : pour cette dernière, commençons par nous débarrasser des Français...) la célèbrent comme la reprise du chemin du progrès politique et social à un rythme moins meurtrier, et plus profitable pour la bourgeoisie, que celui d'une révolution ?

Niet pour la France qui a célébré les victoires napoléoniennes avec timbres et monnaies commémoratives nationales (Austerlitz en exemple), sans rappeler les pièces courantes sur des événements de la Seconde Guerre mondiale : en ce dix-huit juin, l'Appel, Jean Moulin.

Là, rien pour Waterloo, boudons entre nous dans notre hexagone. Allez pourtant voir les émissions de timbres de nos voisins : Napoléon est présent en Belgique malgré la défaite.

Et oui, Napoléon aussi : La Poste française va-t-elle renvoyer en Belgique les courriers affranchis avec ces timbres, comme la poste algérienne face à certains timbres français ? (La Poste belge)
Restent les perfides anglais : évidemment que Wellington a droit à sa pièce de cinq livres en argent et en or, évidemment que leur leadership est marqué philatéliquement par un bloc de peintures historiques et un carnet philatélique de prestige.
Émis le deux juin, ce timbre des huit cents ans de la Magna Carta anglaise commémorant la Déclaration des droits de 1689... un siècle avant quoi ?
Perfidissime : le deux juin, la Royal Mail a célébré les huit cents de la Grande Charte de 1215 en citant plusieurs textes qui ont marqué le chemin vers le parlementarisme, les droits et égalités au Royaume-Uni, puis dans le monde. Certes, c'est aussi maladroit que quand les Français affirment avoir libéré les peuples d'Europe entre 1792 et 1815...

L'esprit reste magnifique et, surtout, moins francophobe, dites-vous ? Mais êtes-vous aveugle ! Il faut interdire que ces timbres entrent sur notre territoire aux frontières hexagonales naturelles (encore une création qui demanderait beaucoup plus de débats historiens, notamment en Flandre tout autant que sur l'ancienne frontière impériale du Rhône, que ce que les anciens écoliers français peuvent imaginer).

Car les quatre premiers timbres affirment ce que les nouvelles générations d'historiens depuis un demi-siècle et d'écoliers français apprend depuis deux décennies : la Révolution française n'a d'exceptionnel que son exceptionnelle violence populaire. Politiquement, elle n'est qu'inspiration de mouvements révolutionnaires et intellectuels occidentaux qui se sont concrétisés au Royaume-Uni et aux États-Unis bien avant qu'en France...

Célébrer notre défaite : propagande !
Nous rappeler que les Anglais ont lutté contre l'absolutisme bien avant nous : blasphème !
Que l'histoire n'appartient pas qu'à nous : au bûcher ! :)

Sinon, pensez à lire des livres écrits par des historiens, remplis de notes infra-paginales ou à écoutez des émissions historiques sérieuses sur France Culture par exemple. Vous lirez et écouterez de l'histoire telle que les historiens la recherchent, et pas les mémoires telles que nos contemporains médiatiques les manipulent.

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