mercredi 17 juin 2015

Tour du monde de l'actualité postale : Outre-Manche

Au gré des lectures quotidiennes de journaux nationaux et étrangers, ainsi que des blogs philatéliques, je trouve de nombreuses petites informations sur l'évolution des opérateurs postaux ou d'autres éléments dont les changements finiront par intéresser le collectionneur de timbres.

En voici une brassée pour le printemps 2015, en débutant avec le Royaume-Uni, très avancé sur la libéralisation du secteur postal.


Vendre Le joyau de la Couronne, l'épisode final ?

Au Royaume-Uni, Jean-Baptiste Jacquin, dans le complément économique du Monde daté dimanche 7 juin 2015, raconte que le conservateur David Cameron, Premier Ministre reconduit, veut se séparer des trente pour cent que l'État britannique avait conservé lors de la privatisation de Royal Mail, en octobre 2013.

Le journaliste rappelle pourtant toute la prudence des Premiers Ministres conservateurs face à l'opérateur héritier de l'administration du General Post Office de 1660 : Thatcher n'y avait pas touché et Cameron a gardé le contrôle de Post Office Ltd qui gère les points d'accès aux services postaux et financé le fonds de retraite des postiers.

Pourquoi vendre le reste ? Le premier gouvernement Cameron est accusé d'avoir sous-estimé la valeur de Royal Mail : la valeur de l'action a monté très rapidement, enthousiasmant les fonds de placement qui ont pu fournir des plus values conséquentes à leurs clients. Donc, il y a aussi l'espoir de récupérer un milliard et demi de livres sterling avec ce petit tiers d'actions... Pour une entreprise qui doit demander de fortes augmentations de tarifs postaux pour combler la baisse du nombre de lettres postées ?


Acheter le droit de participer au joyau restant ?

Si Royal Mail va définitivement devenir une compagnie privée - avec service universel imposé néanmoins, l'État garde Post Office Ltd pour garantir l'accès à tous aux services postaux... Euh oui, after a fashion.

Dans un très intéressant reportage publié le vingt-trois mai dernier, le site économique This is money (.co.uk) a rencontré des subpostmasters et des franchisés de Post Office pour expliquer le dernier plan de réduction du nombre de bureaux britanniques.

Le plan est appliqué depuis 2012, mais suffisamment prudemment : sauf cas grave, point de fermeture qui braqueraient immédiatement médias et villageois.

Mieux et ultra-libéralement perfide, le choix est librement laissé depuis 2012. Soit le postier-entrepreneur indépendant (deux grades : à temps plein dans un coin clairement affiché d'un autre commerce ou en complément mêlé d'une autre activité dans le même lieu) accepte de renoncer à son contrat en échange de dix mille livres immédiatement, et hop, un heureux retraité ou une reconversion rêvée vers un nouvel horizon.

Soit il persévère et là, pas de problème : il peut s'il rénove son lieu de vente postal ou change de grade, travaux que Post Office finance pour dix mille livres.

...

Hmmm ? Où est le piège ?

Après la rénovation, le revenu tiré des activités postales sera diminué. En cas de refus de rompre le contrat ou de rénover, Post Office dénoncera le contrat et trouvera un franchisé plus compréhensif aux nouveaux revenus postaux.

Ça me rappelle un jeu de télé-réalité ou la série des films Saw.


Travaillez pour le secteur privé, vous ne serez plus soumis à l'État

Dans un pays aussi ultra-libéral que l'Angleterre, nul problème : les opérateurs postaux privés seront plus efficaces et plus employeurs que l'État. Hum...

Ce n'est pas faux pour les bureaux de Post Office : le groupe de distributeurs de presse WHSmith concurrencent les particuliers-entrepreneurs dans le centre des villes et les centres commerciaux, comme le Post Office du centre commercial Liverpool One, à l'étage d'un marchand de journaux.

Ça l'est moins pour le reste du parcours postal. Début mai 2015, la filiale britannique du monstre mondial TNT, rebaptisée Whistl en 2014, a cessé la distribution directe à la porte après que son partenaire financier a décidé d'arrêter les frais.

En effet, à Londres, Liverpool et Manchester, vous pouviez croiser des postiers rouges de Royal Mail et des facteurs orange et noir de Whistl dans ces trois grands métropoles anglaises. Mais, ça coûte cher deux mille employés qui font de la distribution directe à la boîte...

Accusé de « cherry picking » par Royal Mail qui, elle, doit délivrer et aller chercher du courrier absolument partout au Royaume-Uni (les hautes montagnes d'Écosse...), même les opérateurs privés ont donc du mal à faire du courrier aux particuliers, sauf à pressurer les coûts ou disparaître.

Deux mille personnes risquent le chômage. Et nous parlons d'une filiale d'un géant mondial établie dans une des puissances économiques mondiales...

Prochain article sur ce tour de l'actualité postale dans des pays moins développés.

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