lundi 21 septembre 2015

De la poste aérienne dans une France fasciste

Un saut dans l'uchronie - ou histoire alternative pour les Anglo-Saxons, avec les prolifiques auteurs français de bandes dessinées Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et l'assistance de Fred Blanchard.
Et si... la Troisième République avait été renversée le six février 1934 ? Le gouvernement narguerait l'Angleterre avec une monumentale Jeanne d'Arc par Arno Brecker face à Portsmouth (couverture du tome 14, dessinée par Manchu et Fred Blanchard).
Avec la série Jour J chez l'éditeur Delcourt, ils mènent tambour battant une anthologie de récits en modifiant l'Histoire telle que nous la connaissons, enrichi presque chaque trimestre dans lequel le lecteur peut piocher selon ses goûts historiques et son imagination.

Ce mois-ci, avec le vingt-et-unième tome, les auteurs closent une trilogie entamée en 2013 sur la France où les manifestations du six février 1934 ont entraîné la chute de République et l'arrivée au pouvoir d'une coalition des chefs des différentes ligues et mouvements antiparlementaristes... changeant profondément la géopolitique de l'Europe, mais pas ses principes.

Le changement est tel qu'en 1942, au début du tome Oméga, la France fasciste est alliée avec la plupart des États d'Europe centrale et orientale face au danger stalinien, mais aussi en froid avec le Royaume-Uni et des États-Unis prudemment isolationnistes.

Retour à l'histoire postale : ces trois tomes sont sûrement de ceux qui permettent aux auteurs de multiplier l'emploi d'un grand nombre de personnages historiques connus du lecteur, parfois à contre-emploi (de Gaulle en nouveau Rommel), à la logique poussée à l'extrême par l'accident historique (Jean-Paul Sartre en tribun communiste) ou perdus par une évolution trop précoce (Simone de Beauvoir en méchante opportuniste).
La quatrième planche du tome 14 clôt le prologue saint-exupérien pour plonger dans les prémisses de la Seconde Guerre mondiale, façon Jour J (photographie de l'album paru chez Delcourt).
Et, parmi le panthéon des années trente et quarante, les pionniers de l'Aéropostale permettent l'introduction du héros fictif, aviateur aux principes d'amitié fortement ancrés. Tous sont tirés de leurs aventures sahariennes et andines dès 1936 par la violente remise en place de l'Allemagne lorsque la France fasciste repousse la remilitarisation de la Rhénanie, entraînant la chute du régime hitlérien.

Après un prologue de sauvetage dans le désert marocain, le passage de 1927 à 1942 s'effectue par la comparaison de deux avions et deux enveloppes transportées par l'Aéropostale, dont l'oblitération diffère : la lettre grecque oméga étant devenu le symbole total du nouveau régime.

Pas sûre que la première enveloppe ressemble à celles de la réalité, mais le dessinateur pourra toujours motiver son choix par l'emplacement du point de divergence.

Toute ressemblance avec un futur ressemblant serait purement accidentelle.

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