vendredi 30 octobre 2015

Débuts comparés des histoires postales anglaise et écossaise

Hier après-midi, vingt-neuf octobre 2015, a eu lieu la seconde conférence du jeudi 5pm de l'année au siège de la Royal Philatelic Society London.

A. Malcolm Fenning a conté, ponctué de quelques lettres ayant survécu, les cent vingt années de services postaux de l'Écosse indépendante, jusqu'à l'intégration des Post Office anglais et écossais en une entité nouvelle en 1711, après l'Acte d'Union de 1707 et la fondation du Royaume-Uni de Grande-Bretagne.

Exceptionnellement libre de mes obligations professionnelles, j'ai pu visionner la conférence en direct sur youTube - rappel : la vidéo reste un droit des membres de la Société, mais tous les visiteurs du site de la Société royale peuvent lire le texte au format pdf dans la liste des recent displays.


Ce fut donc l'occasion, dans les heures précédentes, d'entamer la lecture trop reportée de Masters of the Post, l'histoire autorisée de la Royal Mail, publiée en 2011.
Masters of the Post présenté sur le blog du British Postal Museum & Archive, où Duncan Campbell-Smith a trouvé nombre archives et illustrations nécessaires à son œuvre de recherche.
Le journaliste Duncan Campbell-Smith s'y concentre sur le vingtième siècle, mais la problématique qui, d'après lui, anime le service postal britannique nécessite de retrouver la Poste du Roi (the King's Post) depuis le seizième siècle : est-elle un service public progressivement compris avec son coût nécessaire ? Ou est-ce un service marchand capable de profit pour la Couronne, mais alors pourquoi ne sont-ce pas les acteurs privés qui la gèrent ?

Campbell-Smith veut montrer que ce débat est ancien et incarné la plupart des Postmasters General depuis 1512. Dans le contexte de sa sortie, en plein débat sur la privatisation de la Royal Mail, le livre épais intéressa même la presse générale.

Dans l'après-midi, j'eus le temps d'aller des stratégies privées d'acheminement jusqu'à ce que le cardinal Wolsey trouve un homme capable de répondre aux besoins postaux d'Henry VIII à partir de 1512, jusqu'en 1635 et la réforme et recréation de la Poste du Roi  par le Principal Secrétaire d'État John Coke et le Postmaster d'Angleterre pour l'étranger Thomas Witherings, qui poursuivait l'entreprise de son ancien patron Matthew De Quester sur la route de Douvres et au-delà, entamée à partir de 1603.


Cette lecture m'aida à suivre Malcolm Fenning sur les routes d'Écosse, où les coursiers privés et les postes urbaines existent, mais avec leurs aléas et les risques sécuritaires.

1591 entrouve le sujet d'un service postal royal puisque c'est l'établissement, côté anglais, de la route postale du Nord par le Maître général des postes John Stanhope jusqu'à Berwick, dernière ville anglaise sur la route d'Édimbourg. Ce qui permit d'accélérer le retour des nouvelles militaires écossaises vers Londres tout en aidant la circulation de correspondances privées entre les deux royaumes - alors un moyen pour les maîtres des postes d'arrondir leur salaire royalement ponctionné par Stanhope, puis son fils1.

En 1603, le sujet est complètement ouvert : le roi d'Écosse James VI2 devient également roi d'Angleterre et gouverne depuis Londres grâce à la route étendue par Stanhope jusqu'à Édimbourg.


Pour savoir comment le public put utiliser le service royal écossais, comment les aléas de la relation de couple britannique l'ont perturbé, mais sans empêcher son extension vers les autres villes d'Écosse, je vous encourage à lire et écouter Malcolm Fenning.

Pour savoir ce qu'il se passe, sous le même règne de James Ier, sur la route postale de Douvres et qui va finalement réformer la poste royale en 1635, se tourner vers le premier chapitre de Masters of the Post.


Notes :
1 : Une anecdote du récit conte que Charles Stanhope impose une taxe de resignature de leur commission à l'occasion de la mort de son père et de sa succession...
2 : Jacques pour l'école française.

mercredi 28 octobre 2015

Du danger d'écrire à l'ère du sms

Un semestre après, je commence lentement à explorer la pile de documents de toute nature accumulée lors de mes tribulations anglaises entre mars et mai 2015.

Dans la pile, des catalogues d'enchères et les numéros d'associations récupérés à London 2015, et quelques articles de la presse générale.
Illustration de l'article interprété par Mr.Ned (The Telegraph supplément Family du quatorze mars 2015).
Car, oui, la presse nationale britannique parle de philatélie quand elle reçoit l'objet clé en main lors des émissions de Royal Mail ou quand un de ses auteurs est contraint de revenir à l'archaïque correspondance manuscrite.

Dans l'édition du week-end du Telegraph, daté samedi quatorze mars 2015, édition pesant ses deux ou trois bons kilogrammes (et il y eut la même épaisseur de suppléments le dimanche), Michael Odell raconte un aléa qu'il vécut quand la même semaine, une nièce célébra son dizième anniversaire tandis qu'une grande-tante disparaissait à quatre-vingt-dix ans.

Sa chronique hebdomadaire contant la vie d'une famille moderne, il se demande lequel des adolescents de la maisonnée a commis une bêtise quant sa femme a répondu au téléphone à un véritable être humain en début de soirée - et non un habituel démarcheur ou automate.

L'adolescent à punir était lui : le couple moderne s'était réparti les tâches urgentes. Elle s'était occupé d'une crise de panique lycéenne à l'approche d'un examen d'histoire et la complexité des révolutions chez les paysans russes en 1917, lui devait acheter et expédier cartes d'anniversaire et de condoléances.

Et, évidemment manque d'entraînement à la correspondance traditionnelle, il referme les enveloppes avant de les adresser et la confusion fut réalisée.

Une jeune enfant reçut donc une leçon prématurée sur l'acceptation de notre mort à tous, tandis qu'une image de la star Miley Cyrus et une billet de dix livres devaient inciter une tante à célébrer la disparition de sa mère...

Heureusement, les Britanniques adorant les cartes illustrées, certaines pèsent plus que le premier échelon de poids. La tante avait seulement reçu un formulaire de non-distribution par manque d'affranchissement du facteur. Sauvé.

La chronique est illustrée par MrNed avec une caricature d'Odell portant dans deux directions différentes des enveloppes affranchies d'un first class Machin rouge de 2013.

mardi 27 octobre 2015

Machin espagnol sans Rocher dans la chaussure

Souvenez-vous que le mercredi neuf septembre dernier, le règne d'Elizabeth II devenait le plus long de l'histoire anglaise et britannique, dépassant en durée celui de la Reine Victoria. Royal Mail émettait principalement un nouveau Machin violet (purple) en feuille et en carnets d'usage courant.

Mais également un feuillet de cinq timbres : le précédent et quatre commémoratifs sur lesquels l'effegie par Arnold Machin voisine avec des effigies philatéliques anciennes (la médaille Wyon ayant inspiré le Penny Black et l'effigie Wilding) et deux armoiries (famille Windsor et le pavillon personnel de la Reine).
Le bloc Long to Reign Over Us oblitéré premier jour d'émission sur colis expédié par la Royal Philatelic Society London, le mercredi neuf septembre 2015.
Le marchand de timbres britanniques contemporains, John M. Deering, évoque abondamment les quatre formes du timbre violet dans sa chronique mensuelle Machin Watch dans le numéro daté novembre 2015 de Gibbons Stamp Monthly : comment repérer les caractères iridescents qui permettent de retrouver l'origine du timbre (feuille, bloc, carnet) et autres bandes de phosphore longues ou courtes,...

Mais, il laisse pendre une interrogation : le bloc-feuillet a été réalisé par International Security Printers, le groupe issu de la fusion de plusieurs imprimeurs de sécurité en 2004, dont Walsall et Cartor, les principaux fournisseurs de Royal Mail.

Cependant, les quatre timbres commémoratifs et les légendes du feuillet présentent un certain relief au touché... et ni Walsall, ni Cartor n'ont une presse pour réaliser une impression en taille-douce.

Finalement, dans le carton final qui permet d'ajouter les toute dernières nouvelles reçues entre l'envoi de son texte et le bouclage final, John Deering précise avoir trouvé l'information à développer pour le numéro de décembre.

La taille-douce a été réalisée par la Fábrica Nacional de Moneda y Timbre espagnole, dont la partie Monnaie célèbre d'ailleurs ses quatre cents ans cette année. Elle aurait même imprimé le Machin en héliogravure.

Un événement royal britannique imprimé en Espagne, ça change des relations habituellement médiatisées entre ces deux pays, davantage marquées par les querelles triséculaires autour du Rocher de Gibraltar.

dimanche 25 octobre 2015

Échanges maritimes franco-britanniques entre 'Stamp' et 'Timbres magazine's

Comment présenter les lectures possibles de magazines philatéliques reçus en évitant l'énumération des articles plaisants ? Trouver une relation par coïncidence.


De Marseilleà... Marseille via Londres ?
Il y a quinze jours, lors de la Fête du timbre de Montpellier, à Castelnau-le-Lez, j'ai apprécié pour la troisième fois en un an la collection de marques d'entrées maritimes du courrier parvenant à Marseille des origines à la fin du dix-neuvième siècle, établie par le Roussillonnais Marcel Nadal, médaille grand vermeil à Londres, en mai 2015.

La première en avril, je comprenais à peine en quoi consister une exposition et peu de temps pour tout explorer. En mai, à Londres, j'avais saisi les grands principes du plan. À Castelnau, ce mois-ci, j'ai observé les enveloppes provenant de colonies britanniques dont j'ai pris quelques photographies pour commencer à faire mes gammes.

C'est donc avec des courriers maritimes en tête que j'ai épluché, hier samedi après-midi, les trois magazines reçus, deux britanniques et un français datés novembre 2015 ; Stamp Magazine étant arrivé avec dix jours de retard à cause d'un lourd catalogue d'un marchand britannique - pas merci à La Poste UK.


De Marseille à Qusayr, ou vice-versa
L'enveloppe, pièce principale de la collection Manning d'histoire postale indienne, en couverture du catalogue (capture à partir du fichier pdf par Cavendish Philatelic Auctions).
Ce fut le premier lu tout de même, avec un long arrêt à la quatorzième page consacrée à quelques pièces d'enchères (grandes images, description de l'objet, prix de la vente). Le neuf septembre dernier, la maison Cavendish a vendu trente-quatre mille livres sterling une lettre de la collection indienne de Michael Manning...

... Et le cachet de Marseille qui me saute aux yeux - le rectangulaire d'entrée plutôt que celui où Marseille est écrit dessus, merci monsieur Nadal !

Envoyée en décembre 1836 de Calcutta, elle porte une marque de port payé de cette ville et les marques de passage par Madras et Marseille. Dans cette dernière, elle reçoit une marque de purification1 qui laisse quatre petites coupures. Enfin, un cachet ovale signale qu'elle fut récupérée et relancée par le forwarding agent marseillais Robert Gower & Co. vers le Royaume-Uni où elle reçoit un dernier cachet de port dû intérieur pour parvenir à sa destination finale Glasgow. Se reporter au catalogue pdf, page 51 pour l'arrière du pli.

Ce qui en fait sa valeur pour les collectionneurs britanniques est le cachet sur le côté droit : "Care of Mr. Waghorn / Cossier", connu en deux exemplaires seulement et la seule en main privée. L'autre lettre a pu suivre le même voyage avec acheminement, d'après la traduction de Léon Dubus, privé via Cosseir - al-Qusayr en anglais de nos jours, un port égyptien sur la mer Rouge.


De Qusayr à l'impatience des séries
De là, c'est un long article d'histoire postale de Timbres magazine qui m'intrigue.

En cinq pages et deux photographies d'enveloppes (aucun timbre isolé), Laurent Veglio raconte l'évolution de la voie maritime entre l'Europe et l'Australie entre 1856 et 1862, de la route du Cap à celle de Suez, et de là, les premières décennies de la colonisation du continent-pénitencier.

Mais, mon attention est prise en défaut : l'article est  indiqué comme le deuxième épisode d'une histoire postale maritime - avec voie anglaise donc - avec affranchissements français au type Empire non dentelé, et un troisième épisode à venir sur l'armée des Indes... Mais, un premier épisode ?

Et oui, agacé par l'éditorial sur la nouvelle formule, reprenant d'étranges arguments du numéro de mai précédent, et anesthésié par la thématique « Lyon, capitale de... », j'avais à peine relevé, dans le numéro 170 de septembre, l'article sur la route du Cap de Bonne Espérance. Ce dernier point sera corrigé et le premier l'objet d'un avis prochainement.

En attendant, ça en fait du bateau anglais portant du courrier français ou du courrier passant par la France en deux magazines différents. Vive le troisième épisode dans le numéro de janvier normalement.


Laissons-nous porter par les achemineurs
Retour à Stamp Magazine pour un coup d'œil sur une lettre navale de Malte à l'Écosse, en 1855. Son timbre britannique est oblitéré avec un P. dans un ovale, une des deux seules connues et vendues par Cavendish lors de la dispersion de la collection sur la guerre de Crimée de François Piat Dewavrin, toujours en septembre.

Mais, ensuite, ce sont ces forwarding agents qui m'intriguent désormais suite à la première lettre et une lecture récente d'un article de Stephen Walske dans le numéro de janvier 2015 de The London Philatelist,2 sur les blocus britanniques en Amérique du Nord pendant la guerre d'Indépendance et les guerres napoléoniennes, dans lequel ces achemineurs ont un rôle, notamment pour faire parvenir à l'intérieur des anciennes colonies des courriers enfin parvenus dans les ports états-uniens.

Ça tombe bien : John Edwards propose l'étude d'un agence installée à Londres de 1866 au début des années 1920 par le gouvernement états-unien. Son objectif était, avec l'aide de l'attaché naval de l'ambassade, de faire suivre le courrier destiné aux marins de l'US Navy jusqu'aux navires selon leurs escales en Europe jusqu'à l'Empire ottoman (cas d'une enveloppe confiée au soin du consul américain à Smyrne).

The United States Despatch Agency utilisa ainsi neuf cachets ovales reproduits et décrits dans un tableau complétant l'article.


Et tout cela ne fut qu'une partie du temps de lecture d'hier après-midi.

Notes :
1 : rappelons que le jeudi trente-et-un mars 2016, Guy Dutau présentera une conférence au siège de la Royal Philatelic Society London consacrée aux courriers désinfectés de France.
2 : pour les non membres de la Royal Philatelic Society London, les numéros de l'année du London Philatelist sont vendus en version numérique pour trois livres sterling le numéro. Une intégrale sur clé USB existe également.

samedi 24 octobre 2015

Carnet privé Machin à Worthing en 1985

Les coïncidences animent la vie : en évoquant mon expérience au bureau de poste de Worthing en août 2014 dans un texte récent, j'ai commencé à fouiller la pile de choses philatéliques qui attendent tri, blog, lecture, archivage...
La couverture du carnet de timbres créé par la Worthing Philatelic Society pour son cinquantième anniversaire, en 1985.
Ainsi est réapparue cette page d'album quadrillée trouvée en mai 2015. Alors qu'Europhilex avait lieu plus au nord, j'explorai également le Doctor Who / Stamp Centre, au 79 Strand en face du magasin Stanley Gibbons. Dans leur mélange de timbres sur fragments, pochettes variées et pages d'albums à l'unité, voilà que Worthing me revenait sous la forme d'un carnet privé.
La page d'album vendu par The Stamp Centre.
Sur un carnet en carton blanc, sont collés dix timbres de douze pence vert-émeraude au type Machin. La page est complétée de deux autres cartons, sans trace de timbres ou de gommes sur eux. L'ensemble permet de lire les quatre faces du carnet.

D'abord, la couverture annonce la célébration des cinquante ans de la Worthing Philatelic Society en 1985. Deux faces, la dernière page et celle cachée par les timbres constituent la liste des anciens présidents de cette association. Enfin, les timbres sont placés en regard du bureau de 1985-1986.

Le collectionneur britannique, probablement proche de la WPS pour avoir pu disposer de couvertures vierges, a inscrit en titre : « Carnet commémoratif 1985, produit par la Worthing Philatelic Society pour célébrer leur 50e anniversaire 1935-1985 » et le vendeur l'autocollant « Carnet privé £3 ».
La partie timbrée : dix timbres de douze pence vert-émeraude, émis en octobre 1985, juste à temps.
Pour les timbres, la base de données du Machin Nut permet d'apprendre que ces douze pence vert-émeraude ont été émis le 29 octobre 1985. Qu'ils furent une des six valeurs à avoir pu porter un symbole imprimé sur sa gomme pour indiquer les exemplaires vendus avec une ristourne... mais pas les dix que je possède donc.

La page sur les tarifs postaux déçoit car elle nous apprend qu'alors, le douze pence ne permet pas l'envoi d'une lettre seul... mais un tableau plus complet de Stephen Fletcher signale le tarif intérieur de la carte postale. Le quatre novembre 1985, ce tarif baisse d'un penny et nécessite la réémission d'un douze pence, succédant au précédent de 1980, vert-jaunissant.


Worthing concentre de la philatélie pour ses cent mille habitants, en plus d'un peu de numismatique évoquée ici en décembre 2014. La station balnéaire du West Sussex, voisine de Brighton, dispose d'un marchand près de la gare qui organise une poignée d'enchères chaque année, et de cinq associations fédérées au sein de l'Association of Sussex Philatelic Societies, dont la lettre annuelle en pdf se retrouve avec les bons mots-clés sur les moteurs de recherche.

La Worthing Philatelic Society, quatre-vingt ans cette année, se réunit dans le quartier de Durrington, au nord-ouest de la ville. Dans le même centre communautaire, se réunissent également le Goring Stamp & Postcard Club.

Près du centre (mairie, poste, la jetée et l'inévitable rue commerçante emplie de franchises), se retrouvent le East Worthing Stamp Club, la Worthing Society of Postal Historians, la Sussex Postal History Society et un groupe régional de la British Airmail Society.

Tant d'associations peuvent expliquer la longue liste d'exposés, d'expositions et de ventes organisées au Royaume-Uni, et abondamment listés au début et en dernière partie de Stamp Magazine et de Gibbons Stamp Monthly chaque mois.

Note du mardi quatorze juin 2016 :
Un autre carnet privé est présenté sur le blog Machin Mania, le mercredi huit juin. Particularité dans la présentation de ce carnet 10th Northeast Philatelic Week-End de 1986, douze Machins ont été disposés les uns par-dessus les autres pour donner l'illustion d'un bloc multi-valeurs.

jeudi 22 octobre 2015

Une comédie musicale pour sauver le billet de dix dollars

Le numéro du premier août 2015, un article de l'hebdomadaire The Economist débute par la première phrase de la comédie musicale en rap consacré à la vie de Alexander Hamilton, un des Pères fondateurs des États-Unis d'Amérique : « Comment un bâtard, orphelin, fils de pute et écossais, déposé au milieu d'un coin oublié des Caraïbes, dans une providentielle misère crasse, est-il devenu un héros et un érudit ? »
Actuel billet de dix dollars depuis 2006, portait d'après la peinture de John Trumbull (uscurrency.org).
Diantre, que d'énergie dans ce projet de Lin-Manuel Miranda de 2009 - cette chanson d'ouverture jouée à la Maison Blanche... - et joué depuis 2013, mais avec un succès off- puis on-Broadway depuis cette année. Le succès est grand d'ailleurs : les séances à guichets fermés se multiplient et celle du lundi deux novembre est privatisée pour une levée de fonds du Parti démocrate avec le Président Obama dans l'assistance.

Premier effet de l'article : s'intéresser à Alexander Hamilton, un des premiers constitutionnalistes des États-Unis naissants, le premier Secrétaire au Trésor du pays sous Washington.

Deuxième effet : pourquoi ce revival alors que d'habitude George et Benjamin suffisent largement ? Au moins pour les Français.

Parce qu'Hamilton est sous la menace de tomber dans l'oubli : à part Necker, qui peut citer les ministres de Louis XVI avant les États généraux ? Hamilton est retenu car il aparaît sur les billets de dix dollars depuis 1861. L'article de la Wikipédia en anglais sur ce billet signale qu'il est aussi l'un des quatre représentés qui n'est pas né aux États-Unis, mais le seul à l'être quasiment en permanence.

En effet, depuis quelques temps maintenant, l'United States Treasury a lancé une consultation publique sur le prochain billet de dix dollars et il semble que la présence - enfin - d'une femme soit garantie. Et les candidates ne manquent pas.

Pour The Economist, les admirateurs du natif de Nevis (la sœur de St. Kitts) signalent que le rustre Andrew Jackson pourrait laisser sa place sur le billet de vingt, les autres personnalités de l'Indépendance (Washington, Jefferson et Franklin) et de la guerre de Sécession (Lincoln et Grant) étant intouchables.

Ce qui est sûr, comme le pense son personnage dans la pièce, le vice-président Aaron Burr ne devrait jamais avoir cet honneur : suite à une incendiaire campagne gouvernorale à New York, en 1804, Burr provoque et tue le trop critique Hamilton en duel, acte illégal qui met fin à sa carrière politique.

En 2020, le nouveau billet de dix sera mis en circulation. Hamilton y apparaîtra-t-il encore ? Restera si non une comédie musicale.

mercredi 21 octobre 2015

Bureaux padawans publics paumés face à la Force du courrier

Un autre aspect que l'émission Star Wars, lancée hier par le principal opérateur postal britannique, illustre est la déconnexion entre Royal Mail et Post Office, entre le Courrier et les Bureaux ; et est-elle commune entre l'Industrie et l'Enseigne au sein de La Poste française ? Et chez d'autres opérateurs européens actuels issus des anciennes administrations postales ?


Présupposés capitalistes

Dans le cas britannique, la gestion du courrier par Royal Mail est séparée des bureaux du Post Office depuis 1986 ; les années 2000 dans le cas français et autour de grands cinq pôles actuellement.

La privatisation totale de Royal Mail de 2011 à aujourd'hui oblige l'entreprise d'être profitable à tous les coups, avec le fardeau du service universel néanmoins qui comprend de distribuer à prix imposé par l'autorité de contrôle le coûteux « dernier kilomètre » du courrier récupéré par les concurrents privés.

Côté bureaux, c'est le gouvernement qui éponge les pertes dans un pays dont le système électoral à un tour unique tend à créer, quelque soit le parti vainqueur, des majorités libérales : il faut qu'il soit rentable, idéologie économique oblige. Mais, le risque est de mal s'y prendre par des fermetures : manifestations de citoyens dans les rues des quartiers populaires et des villages anglais, appel à l'autonomie dans les campagnes écossaises, galloises et nord-irlandaises, députés de la majorité préférant leurs électeurs au Premier Ministre, etc.

La solution actuelle est une subvention aux travaux de modernisation des bureaux franchisés, équivalente à la baisse du revenu fixe du franchisé... À eux de trouver quels commerces accomplir en même temps.


Et le timbre-poste dans cette séparation radicale ?

Sa création, son impression, sa publicité et sa diffusion dépend de Royal Mail, comme en France, qui possède plusieurs des canaux de diffusion : vente par correspondance aux particuliers et aux marchands de timbres et de premiers jours, site web marchand, stands dans les salons philatéliques.

Que reste-t-il au Post Office ? Particuliers pressés, touristes et grands-mères à cartes de vœux, voisins ayant découvert une émission spéciale dans la presse, collectionneurs webophobes ou spécialisés souhaitant coins datés et heureux hasard.

Bref, majoritairement des personnes qui vont demander beaucoup de temps à satisfaire : trouver le bon classeur dans le bureau, cliquer la bonne référence sur le logiciel de caisse, encaisser, rendre la monnaie,... Pour peu, expérience vécue au bureau de Worthing, en août 2014, qu'une caisse soit monopolisée par un professionnel expédiant des colis à travers le monde entier et jonglant entre recommandé avec/sans signature et zones continentales,... jusqu'à ce qu'un employé travaillant dans les bureaux soit rapidement appelé par sa collègue gérant la file.

En conséquence, le particulier pressé et les touristes seront dirigés vers les automates Post & Go comme dans un bureau français les expéditeurs de recommandé sont expédiés vers les machines Lisa pour payer leur envoi, remplir au stylo l'étiquette de recommandation, puis envoyer vers n'importe quel guichet disponible - celui des professionnels à Montpellier Antigone par exemple, celui côté magasin de colis à Montpellier Préfecture.

Dans un bureau franchisé urbain ou rural, il est facile d'imaginer que le tenancier suive ses leçons et aille au plus vite : envoi = étiquette Horizon, timbre ? Machin... Timbres spéciaux ? Euh, j'ai encore quelques Presentation Packs et Post Office m'a envoyé quelques feuilles 1st Class de deux des douze timbres de la dernière émission, si vous voulez. Encore du vécu chez un franchisé de Cambridge en juillet 2014, et les bureaux de Worthing le mois suivant, Liverpool One, Leece Street en mars 2013, et Chester en mars 2014.

Cela peut rappeler un bureau français : carnets autocollants Marianne ou des « timbres d'écriture », sorte d'usage courant réémis souvent sur des thèmes multipliables à l'infini et le plus souvent douze copiés-collés de banques d'images. S'ils ont un code-barres, quelques blocs-feuillets commémoratifs, si possible que le grand public reconnaîtra.

Au-delà, au timbre par timbre du programme philatélique, espérer que l'ancien préposé au Point philatélie, fermé/saboté, travaille encore dans le bureau ou vous prenne en coupe-file, comme à Montpellier Préfecture. Car le service philatélique, partie de la Division industrielle du courrier, gagnerait plus à des commandes par correspondance.


Entre concurrence, erreurs et séparations de fait

C'est ainsi que, dans l'ère libérale que nous connaissons, les postiers ou franchisés œuvrant au service postal sont mis en concurrence entre eux.

Un bureau gagne plus à faire des étiquettes d'affranchissement que de laisser un timbre-poste collés sur un courrier dont il faudra rendre le prix coûtant au service philatélique. De même, un timbre acheté en bureau pour être mis en album coûte au service philatélique son expédition et la part du bureau qui l'a vendu... D'où des problèmes ou refus d'approvisionnement.

Relisez les courriers des lecteurs des deux côtés de la Manche pour retrouver timbres abîmés dans les commandes par correspondance.

Enfin, Norvic Philatelics et ses lecteurs signalent la vente précoce de timbres spéciaux, dont l'illustration voire l'existence même est sous embargo médiatique : Long May She Reign oblitéré un huit septembre, Star Wars du neuf octobre (onze jours).

Certes, son webmestre Ian Billings signale qu'il y a toujours un bureau qui ne suit pas - fatigue, méconnaissance du calendrier philatélique, manque d'explication d'en-haut - la consigne sur la date de mise en vente... voire un bureau ayant utilisé son paquet de timbres spéciaux avant sa date d'émission à cause d'un manque de valeur d'usage courant correspondant, en 2012.

Et, après tout, pourquoi pas ? Royal Mail privatisée et Post Office publics ou franchisés sous pression, pourquoi collaboraient-ils quand c'est leurs bénéfices séparés qui sont en jeu ? À quelles conditions le Post Office vendrait-il les timbres de Royal Mail désormais entreprise privée ? Voire même pourquoi le courrier confié au Post Office devrait-il être traité par Royal Mail : pourquoi pas un concurrent plus efficace ?

En deux jours consécutifs, le même constat : même si en rivalité, même s'ils vendent des livres et des abonnements de téléphonie, même si certains chefs n'aident pas les manifestations philatéliques, même si nous détestons faire la queue et pestons sur le courrier en retard, faut-il être heureux en France que les bureaux de poste et la division courrier travaillent pour le même groupe encore public ?

mardi 20 octobre 2015

Privatisée, Royal Mail au Côté obscur de la production de timbres

Aujourd'hui, mardi vingt octobre 2015, Royal Mail lance sa série de dix-huit timbres, cinq feuilles à vignettes personnalisées et un carnet de prestige sur l'univers de science-fiction Star Wars à l'approche de la sortie du septième opus de la série principale de film.

[absence d'illustration :
le blog ne rapporte pas assez
- voire rien -
pour permettre de signer
un contrat avec Disney,
même avec une 
très-longue cuillère]

On peut débattre de l'intérêt d'une telle émission philatélique : magnifique beauté graphique par Malcolm Tween, acteurs, ouvriers et capitalistes du cinéma britanniques ayant participé, le profil d'Elizabeth II sur timbre d'un empereur non british, police d'écriture spéciale pour le 1stmoyen d'attirer des masses vers le timbre et la philatélie, etc.


Je me contenterai de remettre dans une perspective chronologique.

Cette émission est la première émission de Royal Mail en tant qu'opérateur totalement privé puisque le lundi douze octobre dernier, le gouvernement britannique a vendu les dernières actions en sa possession et offert le dernier pour cent à une partie du personnel.

Comme le signalait l'auteur du Commonwealth Stamp Opinion, le quatre juin, alors que le nouveau gouvernement conservateur lançait la première cession d'actions restantes, il faut cesser de considérer les émissions de Royal Mail comme le programme philatélique britannique, voire repenser les limites de la collection des timbres du Royaume-Uni pour ceux qui vont jusqu'au temps présent.

Ainsi, les deux dernières émissions du Royaume-Uni auront été pour la coupe du monde de rugby - sport de brutes continentales jouées par des gentlemen britanniques - et l'hommage au long règne de la Reine Elizabeth.

Et encore... l'embargo sur les illustrations des timbres royaux a tenu jusqu'au jour prévu, le mercredi neuf septembre, mais le temps d'éblouir le grand public a tenu trois jours et la monstrueuse émission Star Wars divulguée par voix de presse et de télévision tous azimuts, supernova explosant tout sur son passage médiatique.

Sûrement que la Reine se verra présenter encore les nouvelles émissions pour avis, mais qu'en sera-t-il de ses successeurs ?


Du côté méridional du Channel, faut-il donc se réjouir du statut totalement public de La Poste qui se retrouve forcée d'émettre en novembre ses goodies Guerre des étoiles en timbres personnalisés, cartes origamiques et colis illustrés à primes (même les geeks ont compris comment marche la survaleur des Montimbramoi, pas vraiment ce qui fait la valeur d'un timbre contemporain : neuf, oblitéré, le second si premier jour...) ?

On imagine aisément le ministre en charge du programme philatélique charmé d'une Fête du timbre sur Harry Potter pour les dix ans du premier roman en 2007 : incitation à la lecture et au latin - oh la, le latin en 2015, bénéfices grâce au succès des films, évocables à la radio neuf ans après comme modernisation des illustrations des timbres de France.

Apparemment moins d'une émission programmée Star Wars qu'il faudrait justifier à la vicieuse question d'un député d'opposition : films non francophones issus de l'uniformisatrice pieuvre états-unienne mondialisée à base de science-fiction space opera limite fantasy (tous mauvais genres dans l'esprit d'un député trop conservateur) et vendus à prix coûtant de centre de tri si émis dans le programme de la nÂÂÂtion, tel que défini par la Charte. De la pub pour Saint-Gobain, c'est politiquement plus correct.


Enfin, l'effigie Machin dénote moins que le phi à côté de Darth Vader puisque Royal Mail est si proche de passer du Côté obscur du capitalisme... [fondu au noir sur fond d'air martial célèbre]

Note du soir :
Finalement, cotisons-nous pour offrir une tenue intégrale noire avec masque de respiration à chaque membre de la direction de Royal Mail, ils sont passés du Côté obscur : une version du carnet de prestige sera vendu cent vingt livres sterling en décembre...

Suite de la métaphore par ici.

dimanche 18 octobre 2015

Joëlle Amalfitano évangélise les masses radiophoniques

Discrètement signalée sur la page d'entrée du site de la Fédération française des associations philatéliques depuis fin septembre, il me semble, est annoncée la promenade radiophonique de la responsable communication de Phil@poste, Joëlle Amalfitano, le mercredi sept octobre 2015 sur RTL et le vendredi neuf sur Europe 1.
Copie d'écran du site de la FFAP et logotype de l'Adphile, captures du dimanche dix-huit octobre 2015.
Une tournée organisée par l'Association de promotion de la philatélie (Adphile) afin de faire connaître la Fête du timbre et du tango aux auditeurs du soir et de l'après-midi des radios périphériques. Et, accessoirement, qui a permis à Franck Ferrand de se reposer, littéralement, en évitant de trouver un titre exact à son émission Au cœur de l'histoire.

Concernant RTL et son émission La curiosité est un vilain défaut, je vous laisse fouiller le tweeter de l'émission pour une citation de l'invitée puisque l'émission est réécoutable sur des sites externes à la radio.

Pour Europe 1, ceux qui écouteront « L'histoire du timbre » (aussi téléchargeable en mp3) auront intérêt à se reporter à ce blog en date du dimanche deux février 2014 et donc à l'émission « Les chemins de l'histoire » du neuf janvier 2014...

Ce midi, mes oreilles avec la première ont eu une impression de déjà-entendu : l'histoire de la poste aux chevaux de Louis XI au début du dix-huitième siècle occupe donc deux premières moitiés d'émissions, avec des variantes, mais un titre ridicule en octobre 2015.

Néanmoins, entre Lorànt Deutsch historien amateur hyperclassicique du roman national d'un côté, et Joëlle Amalfitano qui fait bien son métier de promotrice du timbre afin d'en vendre, j'aurai apprécié deux choses de la chaîne privée.

D'abord, que l'émission du neuf janvier eut été organisée avec un historien des routes et communications en France à l'époque moderne pour rentrer dans l'histoire du développement et de l'entretien des réseaux royaux, provinciaux et seigneuriaux.

Ensuite, que l'émission du neuf octobre continue à faire entendre madame Amalfitano développer, avec quelques minimes erreurs et figures imposées (le one cent magenta again!), l'histoire du timbre de France à partir du fil rouge de l'illustration - choix pertinent : de l'allégorie initiale de la Seconde République au selfie possible par le timbre personnalisé, en passant par l'apparition des personnages célèbres dans les années 1920 et les deux sportifs encore vivants à la fin des années 1990.

Un choix assez varié, en plus du tango, pour espérer susciter la curiosité de certains vers la collection de timbres. Oui un compliment à un employé de Phil@poste, commercial de surcroît ! Winter is coming! Prenez garde, Général Hiver sera terrible cette année.

Cependant, n'y a-t-il aucun spécialiste philatélique à l'Adphile ou chez ses membres pour fournir à Franck Ferrand, déjà en week-end visiblement, un récit de la réforme postale au Royaume-Uni dans la première moitié du dix-neuvième siècle ??!! Avec toutes les légendes et anecdotes disponibles, il avait de quoi faire son acteur récitant.


Sinon, même si le timbre-poste y est rare, n'oubliez pas les émissions historiennes de haut niveau du service public sur France Culture : la Fabrique de l'histoire, son thème hebdomadaire et son suivi de l'actualité de la recherche du lundi au vendredi à neuh heures cinq, Concordance des temps et ses discussions entre Jean-Noël Jeanneney et son invité historien le samedi à dix heures, le Salon noir pour l'archéologie le samedi à dix-neuf heures trente, et les archives des Lundis de l'histoire, sans évoquer les émissions de géopolitique, de géographie, de littérature, etc.

Révolution postale en France le dimanche 20 décembre 2015

En ce dimanche dix-huit octobre 2015, le jour férié hebdomadaire en prend pour son grade au cours du journal de huit heures de France Info, la chaîne d'information permanente de Radio France : premières ouvertures dominicales dans les zones touristiques internationales et les grands malls parisiens dont celui de Beaugrenelle, à vingt minutes de marche de la Tour Eiffel,... et surprise du jour : La Poste !

Il sera toujours impossible de trouver un bureau de poste ouvert après samedi midi jusqu'à lundi matin et, même dans un commerce faisant office de, les colis ne partiront que le lundi. Désolé pour les marcophiles en congrès, toujours pas d'oblitération le septième jour.

Cependant, Le Journal du dimanche annonce en exclusivité que La Poste va annoncer aux syndicats de ses employés une expérimentation de la livraison de colis de Noël le matin du dimanche vingt décembre prochain, dans neuf villes, du nord au sud : Lille, Rennes, Paris, Reims, Lyon et Nice.

Ce matin, France Info a obtenu confirmation de l'opérateur postal : ce dimanche de Noël sera un jour de livraison de colis de plus dans la semaine la plus chargée de l'année. Les facteurs volontaires, est-il annoncé, pourront travailler de neuf heures à midi avec double paie et rattrapage avec un jour de repos.

Ces trois heures supposeront-elles du travail en centres de tri dans la nuit précédente ? Ou cette tournée aura-t-elle été préparée la veille, le samedi matin, mais non distribuée à cause de la surcharge des cadeaux de Noël ?

Comme l'ensemble des salariés en réflexion sur ce débat, les postiers devraient se répartir depuis ceux soucieux de leur salaire et sans obligation familiale en fin de semaine à ceux refusant toute dérogation dominicale autre que touristiques et ludiques. Risque sur la cohésion du personnel postal, déjà bien bousculé depuis plusieurs années d'après la presse locale - parcourez les sections Montpellier et Languedoc de ce blog.

Mais, probablement que le comportement des opérateurs privés, comme Colis privé future propriété d'Amazon, forcera le législateur à accepter un service « exprès » le dimanche pour client pressé ou disponible uniquement ce jour-là aux heures de passage du facteur.

La Poste investira-t-elle alors ce marché ? À quelles conditions pour l'ensemble des travailleurs - publics, privés, « uberisés » - du colis ?


Note du soir :
- sur les sous-traitants du colis qui courent après le travail et le revenu - autant le salarié que son employeur, un documentaire des Pieds sur terre, diffusé sur France Culture le mercredi vingt-deux mai 2013, encore écoutable en ligne jusqu'à début 2016. Dès l'introduction, plus de soixante-quinze pour cent des colis de Chronopost alors sont livrés par des sous-traitants sous pression.
- Pour retrouver l'enquête de Mediapart évoqué par Sonia Kronlund dans l'ouverture du documentaire ci-dessus, c'est par ici.

samedi 17 octobre 2015

Invitation timbrée pour les montres de Bond, James Bond

À l'occasion de la sortie de Spectre, vingt-quatrième de la série cinématographie James Bond, en novembre 2015, l'horloger Omega va proposer une énième montre portée par l'agent secret britannique.
Le timbre portant l'invitation omegienne : Montimbrenligne pour la lettre verte valide jusqu'au troisième trimestre 2016.
La boutique parisienne de la marque, dans le deuxième arrondissement, invite quelques chanceux (pas moi, mais merci Tom de la photographie) à une soirée-exposition des montres portées par 007, le mercredi vingt-huit octobre prochain.

Sur l'enveloppe, un Montimbrenligne de La Poste, à imprimer soi-même, pour une lettre verte de moins de vingt grammes et dont l'expéditeur est un professionnel : soixante-cinq centimes contre soixante-six pour un particulier doté d'une imprimante et soixante-huit pour un affranchissement par timbre-poste imprimé par φl@poste.

L'illustration choisie est un globe terrestre translucide verdâtre, sûrement la plus proche disponible de l'image de l'espionnage moderne : satellites, informatique, localisation de l'ennemi, etc.

Le tout oblitéré à la plate-forme numéro 25635A que le site marcophilie.org nous révèle être celle de Gonnesse, au nord de Paris.

vendredi 16 octobre 2015

Tout le monde peut devenir postier, même Amazon

Hier après-midi, jeudi quinze octobre 2015, Olivia Detroyat du journal Le Figaro a publié un article sur l'achat en cours de l'ensemble de l'entreprise Colis Privé par l'hypermarché intégral virtuel Amazon.

Au terme de l'opération, Amazon passera d'actionnaire minoritaire à vingt-cinq pour cent à seul propriétaire de l'entreprise de livraison de colis à la généalogie complexement capitaliste : créé en 1993 comme Distrihome pour permettre à Yves Rocher de contourner une grève postale, selon l'article, ou en 2008 comme d'Adrexo selon Wikipédia.

Amazon contrôle tout, depuis les manutentionnaires dans ses entrepôts (lire Capital n°289 d'octobre 2015), jusqu'au « dernier kilomètre » qui doit assurer que les clients reçoivent leur colis dans les temps promis.

Il est vrai que Colis privé doit présenter quelques avantages pour Amazon, comparé à l'opérateur national qui ne passe que le matin et aux opérateurs express coûteux et souvent contre-signature (se faire livrer sur son lieu de travail donc). Par l'entre-mise de cet opérateur-colis, j'ai pu recevoir - sans pouvoir choisir l'opérateur - des colis jusqu'à vingt heures : boîte vide à dix-huit heures, commande livrée sur le site et dans la boîte deux heures plus tard... Soit une nuit de gagner pour Amazon et montrer qu'il livre plus vite que les concurrents.

Cependant, pour avoir vu travailler pour un autre vendeur par correspondance textile un voisin auto-entrepreneur et ses employés payés à la pièce, j'espère que ceux qui déposent les colis en début de soirée ne sont pas les mêmes qui circulent le matin et qu'ils sont au moins salariés.

Hélas - ou heureusement tout dépendra des points de vue, les journalistes bruissent depuis quelques semaines du projet d'« uberiser » la livraison de colis : vous avez du temps libre ou un trajet à faire, prenez un ou quelques colis avec vous pour arrondir votre argent de poche. Messieurs les journalistes, nous vous rappelons que des blogs philatéliques ont commenté dans les années 2000 l'apparition de sites web de covoiturage de colis entre particuliers contre indemnités sonnantes ou en chèques-cadeaux.

L'hypocrisie du destinataire n'est pas loin : celle de celui qui commande sur Amazon aux prix compétitifs et aux frais de port invisibles. Que Sauramps se rassure, la nouvelle uchronie en bande dessinée sera achetée au centre-ville cet après-midi.

Note du dimanche dix-huit octobre 2015 :
- quelques références sous les sous-traitants du colis postées avec l'article du dix-huit octobre.

Note du vendredi trente octobre 2015 :
Si Amazon espère que tout le monde puisse devenir livreur de ses colis, dont des particuliers à la Uber, il faudra déjà qu'il parvienne à convaincre la justice californienne que les livreurs indépendants de son service express n'obtiennent pas gain de cause dans une plainte décrite par Le Monde ce jour : vu l'ensemble du règlement et contraintes s'appliquant à eux, ces auto-entrepreneurs réclament d'être reconnus comme des employés d'Amazon, avec les droits sociaux liés...

dimanche 11 octobre 2015

Très tranquille fête du timbre à Castelnau-le-Lez

Hier après-midi, samedi dix octobre 2015, je me suis rendu à la Fête du timbre locale, organisée par l'Association philatélique montpelliéraine dans une des salles à l'étage du palais des sports Jacques Chaban-Delmas, de Castelnau-le-Lez.

Le choix du site devait être opportun pour la Métropole de Montpellier puisqu'entre les entraînements permanents des clubs de sport et les vingt-et-unièmes Foulées castelnauviennes ce dimanche, il n'y a pas besoin d'autre personnel de garde que celui déjà présent et il est à espérer que quelques curieux venus pour les activités sportives remarquent les flèches et affiches de la Fête philatélique...

En attendant, de quatorze heures trente à seize heures, c'était bien calme dans cet espace majoritairement occupé par l'exposition départementale et sa garde d'honneur, entourée par l'Association, le marchand, La Poste et la table dédiée au repas convivial qui se finissait lentement et sans hâte... Moi, deux couples retraités pour les timbres et les souvenirs, trois autres visiteurs qui ont aussi regardé les cadres. Le nombre de bulletins dans l'urne au concours montrait néanmoins une affluence matinale.

C'est dans cette ambiance détendue - sauf les juges rédigeant studieusement leurs conseils aux exposants, j'ai pu observer les quatorze collections proposées par des Languedociens et Roussillonnais, dont deux déjà visibles à l'exposition-anniversaire de l'APM.

Très présent, Serge Magallon de l'Association philatélique et numismatique biterroise développait sa passion pour l'Éthiopie à travers trois collections variées : la série de 1909, les missions françaises à travers les cartes postales de 1900 à 1936, et le censure belge pendant la campagne qui vit le pays conquis par l'Italie mussolinienne en 1935-1936.

Régionalement, quatre histoires postales jusqu'en 1876 étaient proposées pour réviser ses classiques pré-philatéliques et de l'oblitération des premiers timbres, par distance : Montpellier, Pézenas, Narbonne, Prats-de-Mollo - cette dernière par Jean-François Pompidor, une des deux envoyés par l'Amicale philatélique roussillonnaise. Et une variation avec la poste ferroviaire dans le département de l'Aude par Jean Michel de l'Amicale philatélique de Saissac.

Moins passionnant pour moi, une thématique Chemins de Compostelle et des monographies françaises, les débuts du type Blanc, puis une forme de recherche particulière avec le type Sage sous forme d'entiers publicitaires (vendus alors moins chers que la faciale) et les perforations des Semeuses à fond plein.

Restent les deux qui m'ont occupé le plus, faisant appel à des courriers étrangers : les accumulations de timbres à gigantesques faciales de l'inflation allemande de 1923 par Michel Soulie, et les marques d'entrée maritime de Marseille jusqu'à 1900 de Marcel Nadal. Certes, je l'avais déjà vue à Europhilex London, mais trop rapidement afin de profiter des milliers d'autres panneaux ; il y avait donc bien quelques moments britanniques à Castelnau.

Sinon, j'ai bien fait de chercher dans les anciens souvenirs pour dépenser un peu. Cela m'a permis de gagner un lot au tirage au sort du milieu de l'après-midi. Pas difficile quand les déposants des billets du matin sont absents. Merci φ.

samedi 10 octobre 2015

Qatar Post goes British style

Surprise au bord du Golfe persique pour White Knight, le webmestre de Commonwealth Stamp Opinion, site de suivi des nouveautés du Commonweath étendu à tous les anciens lieux sous la domination britannique.
Le nouveau timbre qatari de distributeur avec la surcharge de couleur pour l'exposition du Conseil de coopération du Golfe de 2015, avant l'impression des informations postales (Intelligence AR)
La découvert a été faite alors que plusieurs collectionneurs et marchands britanniques suivaient l'actualité des machines britanniques Post & Go - perfide Lisa1; - en ballade mercantile à la vingtième exposition philatélique annuelle du Conseil de coopération du Golfe (GCC en anglais), inaugurée par la ministre qatarie de l'Information et des Technologies de la communication, madame Hessa Sultan Al Jaber, le mardi vingt-neuf septembre dernier.
Le support du nouveau timbre qatari de distributeur au modèle britannique : arrière-plan de sécurité et illustration à gauche, relativement officielle pour l'heure (Intelligence AR).
En effet, deux machines, A011 et A012, ont été envoyées par le fournisseur de Royal Mail, Intelligent AR, au Qatar et on attendait en conséquence des timbres britanniques de distributeur avec une mention supplémentaire pour l'exposition, comme c'est le cas depuis l'introduction du système au grand dam des collectionneurs britanniques dont le porte-feuille est siphonné entre expositions lointaines, musées militaires changeants et une liste à la Prévert d'autres surprises.
La ministre en charge des postes du Qatar ouvre l'exposition du Conseil de coopération du Golfe où chaque pays membre bénéficie d'une partie des cadres disponibles pour présenter leurs histoires philatéliques et postales (Q-Post).
Et là, la surprise : Q-Post, l'opérateur postal qatari, vient d'adopter les dites machines, désormais QA01 et QA02, qui ont fonctionné du vingt-neuf septembre au trois octobre sur le site de l'exposition avant d'être mis en service au bureau de poste principal de Doha le dimanche quatre octobre 2015. Faits confirmés par le site postal d'IAR : page sur les machines qataries puisqu'à ce jour, le site de Q-Post ne signale pas ce nouveau service, ni si c'est définitif ou expérimental.
L'affiche web promouvant l'exposition - organisée dans un centre commercial que j'imagine suffisamment immense pour, à la fois, philatéliser sans avoir une impression Casino-Carrefour, mais en attirant les plus curieux des consommateurs vers un nouveau hobby (Q-Post).
Deux jeux de supports étaient disponibles, illustrés au début de l'article dans leur version avant impression des informations postales : le support commun porte le sceau de l'État du Qatar comme illustration à gauche du timbre (boutre et palmiers sur une mer supportés par deux épées). Une version spéciale pour l'exposition comprenait à droite le logotype de celle-ci, également visible sur le timbre émis à l'occasion.

Si l'on croit la partie actualité du site de Q-Post, ça bouge beaucoup dans le domaine postal au Qatar et ses voisins coopératifs. En juin dernier, un Musée arabe des timbres postaux a ouvert à Katara, un quartier de Doha consacré à la culture tandis que Q-Post vivait sa première assemblée générale entre l'État-actionnaire, sa direction et les représentants de ses employés.

À l'échelle du Conseil de coopération - regroupant l'ensemble des monarchies de la rive sud du Golfe persique du Koweït à Oman, toujours en juin et à Doha, une réunion des dirigeants des postes montre une volonté de proposer des services équivalents entre chaque pays (colis express, transferts financiers), ainsi qu'une réflexion sur comment augmenter les tarifs postaux, bas dans la région, tout en améliorant le service offert.

Tout cela permet d'enterrer les errements philatéliques des différents Émirats arabes unis dans les années 1970.


Note :
1 : oh, une définition pour des mots croisés philatéliques.

jeudi 8 octobre 2015

Deux experts vont-ils abattre la certification par signature ?

Ce lundi cinq octobre 2015, les experts philatéliques Christian Calves et Alain Jacquart, installés à Paris, ont annoncé sur leur site web et par communiqué la généralisation sans frais supplémentaire (si le collectionneur fournit une photographie du timbre) du certificat électronique au format pdf à chaque expertise, quelque soit la cote du timbre expertisé.

Mieux, si vous connaissez le numéro du certificat, vous pouvez consulter leur base de données de ces certificats établis à partir d'octobre 2015, ce qui aidera à retrouver une part de l'histoire de la pièce à acheter ou à juger lors des expositions.

Dans leurs motivations, la lutte contre les faux et leur perpétuation par le secret de l'expertise, mais aussi une des plaies de la philatélie français, il me semble : la valeur quasi-sacrée accordée à la marque d'experts appliquée au dos même des timbres lors d'une expertise... et l'acheteur qui n'imagine pas que l'état du timbre a pu changer depuis ce coup de tampon, voire désormais que ce tampon peut être imité.

Espérons que le sérieux des deux experts, la numérotation des certificats et la précision des photographies et de leur description éviteront l'apparition de cas où l'acheteur fut balladé par un faux certificat généré en pdf ou une transformation du timbre.

Le sujet est sérieux pour ceux qui achètent ou étudient comme l'ont montré, ce même mois, l'étude d'une vente de Mariannes et l'Europe non dentelées par le webmestre de News du phospho et les judicieux enseignements de John Horsey sur les fraudes diverses autour du cinq livres orange victorien lors d'une conférence à la Royal Philatelic Society London.

Nous verrons déjà quelle publicité médiatique connaîtra cette initiative dans les numéros de novembre des trois magazines français et les réactions des collectionneurs et des marchands réunis au Salon d'automne de Paris, début novembre.

Notes du samedi dix octobre 2015 :
Les premières discussions et débats sur les expertises philatéliques ont débuté à partir de cette nouvelle :
- dans les commentaires de l'article de NewsduPhospho, notamment sur le catalogue de référence et des pièces qui pourraient ne pas y être cotées (oblitération, lettres, etc) ;
- lancée par le webmestre du site des deux experts, sur la liste de discussion fr.rec.philatelie, notamment sur la pertinence du coût d'une expertise proportionnelle à la cote de la pièce.

mercredi 7 octobre 2015

Fête du timbre 2015 à Montpellier

Note aux lecteurs dirigeants de la φφ@π, je n'ai aucun lien avec une association fédérée qui pourrait être évoquée dans cet article - entre emploi du temps limité et allergie tenace au second mot de l'expression.

Quant la Fédération française des associations philatéliques - et non la fédération des philatélistes français - oublie de poster les vidéos de son congrès 2015, ou au moins l'intervention et les réponses du directeur de φl@πoste qui peut intéresser au-delà du cercle des présidents d'associations, il est bon qu'une association fédérée montre à ses membres comment doit fonctionner une Fête du timbre d'après les consignes et matériels envoyés par la fédération.

Sur le site de l'Association philatélique de Montpellier, quatre-vingt-dix ans cette année souvenez-vous, il est rappelé ce qui est attendu de Paris : communiquer, faire savoir, vendre et répondre à deux questionnaires similaires à l'écrit pour la fédération, par mail pour l'Adphile... Doublon ? Qui va râler au prochain congrès car certains auront répondu à l'un et pas l'autre, en plus de vendre mal des souvenirs ?

Rassurons le sommet de l'Olympe, un premier appel à la population est déjà apparu dans toutes les boîtes aux lettres de la Métropole de Montpellier, à travers le numéro d'octobre 2015 du journal institutionnel de cette intercommunalité. Sûrement que Gazette demain et Mid libre d'ici samedi suivront.
Comment aller, à vélo (en jaune) ou à pied depuis la station de tramway la plus proche (ligne 2, en bleu ciel) grâce à Google Maps.
Plus intéressant et qui me fera me déplacer samedi : l'exposition départementale et son carré d'honneur. Le site choisi avec le soutien de la Métropole permet de quitter le sous-sol de l'ancien hôtel de ville : certes à côté de la place de la Comédie et du centre commercial Polygone, mais totalement paumé maintenant que le bâtiment municipal est fermé.

Pour le week-end à venir, ce sera le palais des sports Jacques Chaban-Delmas, à Castelnau-le-Lez, commune mitoyenne de Montpellier, très accessible par la route avec les routes de contournement du nord-est de l'agglomération et par le tramway (attention à la desserte à moitié de la section allant jusqu'à Jacou).

Autre joyeuseté pour les yeux des philatélistes : retour à la salle Pagézy au centre-ville pour l'exposition du congrès régional, les dix-neuf et vingt mars 2016.

Le lendemain :
Le récit de ma visite de l'exposition.

mardi 6 octobre 2015

Germania surchargée en Amérique

Au gré des recherches sur le web, des perles inattendues apparaissent parfois dans les filets du curieux. Ainsi de cette création du webmestre d'un blog consacré à Wilhelm II, empereur allemand de 1888 à 1918.
Germania surchargée pour servir en Amérique occupée, création de Patrick Simon pour un article uchronique de son blog historique (avec l'autorisation de l'auteur).
La création s'inspire d'un ouvrage considérée comme une uchronie aujourd'hui, mais qui était un roman d'anticipation visant à réveiller l'opinion publique isolationniste états-unienne en 1915.

Dans America Fallen! The Sequel of the European War, le Britannique naturalisé États-Unien John Bernard Walker (1858-1928 et dont la vie britannique justifie la lecture de l'article source) imagine la victoire rapide de la Triple Entente et alliés grâce à l'entrée en guerre des Pays-Bas, ce qui crée un nouveau front particulièrement mortel pour l'Allemagne puisqu'il ouvre la route vers la Ruhr.

Suite aux traités de paix - dont les partages territoriaux de Walker rappelle ceux de la réalité... signe que les puissances européennes ne cachaient pas leur haine et leurs revendications, l'empereur Wilhelm II soumet un plan à son gouvernement pour trouver les fonds pour régler les réparations de guerre : faire chanter les États-Unis d'Amérique, pays neutre qui a fourni l'Entente en matériel.

Par rumeur et dénégation, il provoque l'achat de l'île de Saint-Thomas au Danemark - une des Indes occidentales danoises achetées par les États-Unis en 1917 - provoquant des réactions immédiates du président Wilson... mais vaine car ses tractations cachaient l'envoi en Amérique du Nord de la flotte impériale, de paquebots allemands, tous chargés de soldats allemands.

Et là, fort logiquement, de la Floride à New York, l'armée allemande aurait eu bien besoin de timbres-poste en cents. Il faudra lire le roman pour savoir comment son auteur envisage l'absence de réaction européenne : traumatisme du nombre de tués, confiance de la France ayant annexé la Rhénanie prussienne et récupérant les réparations plus vite qu'espéré, voire perfides Britannia et Marianne contentes de l'effondrement d'une puissance émergente ?

Le livre a connu une rapide traduction française à fin de propagande antiteutonne sous le titre La Vengeance du Kaiser. New York bombardée, republiée en 2009 par les Éditions des régionalismes.

lundi 5 octobre 2015

Longs et courts moments de lecture britanniques d'octobre

Des revues britanniques reçues en septembre et datées octobre 2015, The London Philatelist édité par la Royal Philatelic Society London emporte le pourcentage de la qualité, mais Stamp Magazine et Gibbons Stamp Monthly restent des lectures tout en variété et qui réalise un combo concurrentiel tel qu'elles placent une loupe sur une zone de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, ceux qui saturent du nécessaire centenaire de la Première Guerre mondiale, médiatiquement trop axé sur le front occidental dans nos contrées, ont raté l'excellente exposition sur l'armée d'Orient au Musée d'histoire de Marseille, de novembre 2014 à mai 2015, dont il reste le dossier de presse en pdf et les fiches pour les scolaires. Armée dont les opérations balkaniques sont, aux yeux de certains historiens, la cause immédiate de la victoire de 1918 par l'effondrement de l'Autriche-Hongrie.

...

Tiens, aucun timbre de France sur ce corps expéditionnaire en cent années de programme philatélique ?!! Pourtant la lettre grecque aurait, pour le coup, un semblant de fausse pertinence.


Sinon, ils se tourneront vers les numéros datés octobre des deux magazines grand public britanniques : chez Gibbons, Christer Brunström fait découvrir les postes locales créées en Pologne pendant le premier conflit mondial, alors non existante suite à son dépeçage au dix-huitième siècle. La situation militaire complexe força les municipalités à organiser des services de remplacement, les autorités civiles et militaires allemandes, autrichiennes et russes ne s'occupant plus que du courrier entre villes principales.

De l'autre côté, dans Stamp, Wendy Buckle raconte la réalité des découpages d'après-guerre et leurs conséquences philatéliques dans la République de Lituanie centrale où se situe Vilnius. Une zone disputée entre Lituanie et Pologne, nouveaux États indépendants, jusqu'à ce que le Pacte germano-soviétique règle la situation.


À la Société philatélique royale, ce sont trois petits articles surprenants et un long article didactique qui m'ont occupé une longue soirée de la semaine dernière après visionnage d'une conférence de la même qualité.

En une vingtaine de pages abondamment illustrées, Kjell Nilson explique les champs d'étude des courriers suédois pour l'étranger pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux dernières difficultés postales en 1948 : courrier renvoyé pour cause de guerre, repérage des routes alternatives via les autres pays neutres, censure des lettres et aussi des oblitérations militaires, contrôle des valeurs envoyées à l'étranger par voie postale, courrier pour les prisonniers de guerre,... Il y a de quoi trouver son prochain domaine de recherche en Suède ou ailleurs.

Néanmoins, la brièveté des trois autres articles n'est pas un handicap puisque leurs auteurs, tous Fellow de la Société, y décrivent des pièces et des réflexions intrigantes pour le curieux.

Vincent West retrouve le quotidien d'un universitaire de Cambridge avec une seule lettre timbrés de la poste du Saint John's College, devinant comment avancer en 1885 ses recherches sur l'histoire de l'établissement. Un premier pas vers les postes privées des colleges de Cambridge et Oxford.

Ensuite, direction 1861 dans la colonie d'Australie du Sud avec un article posthume de A. Ronald Butler - connu pour avoir rassemblé les biographies éparses des signataires du Roll of Distinguished Philatelists en 1990 - avec la collaboration de Donald et Brian Pearce. Le maître général des postes d'alors, James William Lewis, est si tatillon qu'il force le postier distrait qui a oublié trois cents lettres dans un coin avant le départ du bateau vers l'Europe, à écrire quelques lignes d'explication que Lewis signa. Combien de ces enveloppes existent encore ?


Enfin, Everaldo Santos interroge la croyance - erronée selon lui - que les Œils de bœuf, premiers timbres du Brésil, ont eu un usage fiscal et judiciaire que le principal catalogue brésilien a perpétué jusqu'aux années 2000.

Repartant de la procédure judiciaire de 1842 et d'une plongée dans les archives judiciaires, il démontre que les bandes et blocs de ces timbres collées dans les premières pages des dossiers d'enquête avaient un usage postal : ils couvraient le transport des dossiers d'un tribunal à un autre.

Il approfondit plusieurs interrogations : l'absence d'annulation peut s'expliquer par le transport par porteur, plus rapide et discret pour certains trajets ; l'existence de tels blocs décollés par l'envie des marchands et des collectionneurs de timbres de posséder des timbres postaux oblitérés, et non des timbres fiscaux. À méditer avant de décoller.


Cette interrogation du décollement des timbres de leur support apparaît également pour un exemple au cours la conférence du jeudi premier octobre de John Horsley, lors d'un des deux jeudis mensuels au siège de la Royal Philatelic Society aux portes ouvertes aux visiteurs qui s'annoncent.

Aussi didactique que Nilson, il explique comment étudier logiquement un cinq livres orange de l'époque victorienne pour être sûr de son type, de la couleur de son papier, voire comment prouver avec son scanner et un logiciel de travail d'image, à la maison, s'il s'agit d'un faux ou d'un réutilisé et pester contre la perte d'information essentielle quand un exemplaire a été décollé entre deux ventes aux enchères pour faire joli.

Les non membres ont accès à un complet pdf de Horsley sur le site de la société, les membres au lien menant à la vidéo de la conférence sur youTube - dont l'humour et la vivacité compense la brièveté.


D'ici une semaine environ - impatience, les numéros datés novembre vont commencer à arriver.

dimanche 4 octobre 2015

Calligraphe amateur ou corrupteur corruptible ?

Pour clore la parenthèse quand certaines collections deviennent illégales, voici un cas chinois rapporté dans son édition imprimée par Le Figaro, le jeudi vingt-trois avril 2015.

Dans son récit, Patrick Saint-Paul, correspondant du journal français à Beijing, rappelle que l'art de la calligraphie est très anciennement un prérequis des lettrés et gouvernants chinois, et également, un cadeau apprécié.

Hélas, depuis que le Peuple a signalé que certains Patrons et certains Cadres du Parti communiste en respectaient ni la Loi, ni le Peuple, le sommet de la pyramide a décidé de nettoyer le parti de ses corrompus.

Malheureux sont les vendeurs de calligraphies antiques : qui oserait encore en offrir une à un cadre du parti dans le contexte d'une négociation autour d'un aménagement public ou privé ?

Pire encore pour les vendeurs de calligraphies de personnalités actuelles célèbres... Un honnête marchand de calligraphies réellement historiques explique : pendant sa carrière, le mandarin communiste présentait ses talents calligraphes à ses invités, qui, en extase, n'en pouvaient plus et les acheter à prix d'or dans l'instant.

Le Chopin finissant chez les marchands de calligraphie contemporaine pour tenter de compenser le coût du discret pot-de-vin artistique. Là, un autre camarade nécessiteux des largesses - ou de l'aveuglement - du mandarin, pouvait s'en procurer plusieurs... et à l'occasion, disons une pause pendant des négociations, évoquait l'admiration qu'il avait pour les talents du fonctionnaire.

Un exemple est donné d'un simple maire de petite ville devenu cadre provincial, ce qui lui a permis de devenir plus que millionnaire par l'importance de ses calligraphies.

Bien évidemment, les vrais maîtres valent bien plus et consacrent bien plus de temps à l'acquisition des techniques de tous leurs prédécesseurs avant d'établir leur propre style. Certains grands communistes chinois obtiennent ainsi la bienveillance du marchand éclairé : Mao a suffisamment travaillé la calligraphie pour être « au milieu de la montagne », les autres comme Jiang Zemin...

Bien plus bas dans la vallée, et pas sur le versant le plus ensoleillé.