dimanche 25 octobre 2015

Échanges maritimes franco-britanniques entre 'Stamp' et 'Timbres magazine's

Comment présenter les lectures possibles de magazines philatéliques reçus en évitant l'énumération des articles plaisants ? Trouver une relation par coïncidence.


De Marseilleà... Marseille via Londres ?
Il y a quinze jours, lors de la Fête du timbre de Montpellier, à Castelnau-le-Lez, j'ai apprécié pour la troisième fois en un an la collection de marques d'entrées maritimes du courrier parvenant à Marseille des origines à la fin du dix-neuvième siècle, établie par le Roussillonnais Marcel Nadal, médaille grand vermeil à Londres, en mai 2015.

La première en avril, je comprenais à peine en quoi consister une exposition et peu de temps pour tout explorer. En mai, à Londres, j'avais saisi les grands principes du plan. À Castelnau, ce mois-ci, j'ai observé les enveloppes provenant de colonies britanniques dont j'ai pris quelques photographies pour commencer à faire mes gammes.

C'est donc avec des courriers maritimes en tête que j'ai épluché, hier samedi après-midi, les trois magazines reçus, deux britanniques et un français datés novembre 2015 ; Stamp Magazine étant arrivé avec dix jours de retard à cause d'un lourd catalogue d'un marchand britannique - pas merci à La Poste UK.


De Marseille à Qusayr, ou vice-versa
L'enveloppe, pièce principale de la collection Manning d'histoire postale indienne, en couverture du catalogue (capture à partir du fichier pdf par Cavendish Philatelic Auctions).
Ce fut le premier lu tout de même, avec un long arrêt à la quatorzième page consacrée à quelques pièces d'enchères (grandes images, description de l'objet, prix de la vente). Le neuf septembre dernier, la maison Cavendish a vendu trente-quatre mille livres sterling une lettre de la collection indienne de Michael Manning...

... Et le cachet de Marseille qui me saute aux yeux - le rectangulaire d'entrée plutôt que celui où Marseille est écrit dessus, merci monsieur Nadal !

Envoyée en décembre 1836 de Calcutta, elle porte une marque de port payé de cette ville et les marques de passage par Madras et Marseille. Dans cette dernière, elle reçoit une marque de purification1 qui laisse quatre petites coupures. Enfin, un cachet ovale signale qu'elle fut récupérée et relancée par le forwarding agent marseillais Robert Gower & Co. vers le Royaume-Uni où elle reçoit un dernier cachet de port dû intérieur pour parvenir à sa destination finale Glasgow. Se reporter au catalogue pdf, page 51 pour l'arrière du pli.

Ce qui en fait sa valeur pour les collectionneurs britanniques est le cachet sur le côté droit : "Care of Mr. Waghorn / Cossier", connu en deux exemplaires seulement et la seule en main privée. L'autre lettre a pu suivre le même voyage avec acheminement, d'après la traduction de Léon Dubus, privé via Cosseir - al-Qusayr en anglais de nos jours, un port égyptien sur la mer Rouge.


De Qusayr à l'impatience des séries
De là, c'est un long article d'histoire postale de Timbres magazine qui m'intrigue.

En cinq pages et deux photographies d'enveloppes (aucun timbre isolé), Laurent Veglio raconte l'évolution de la voie maritime entre l'Europe et l'Australie entre 1856 et 1862, de la route du Cap à celle de Suez, et de là, les premières décennies de la colonisation du continent-pénitencier.

Mais, mon attention est prise en défaut : l'article est  indiqué comme le deuxième épisode d'une histoire postale maritime - avec voie anglaise donc - avec affranchissements français au type Empire non dentelé, et un troisième épisode à venir sur l'armée des Indes... Mais, un premier épisode ?

Et oui, agacé par l'éditorial sur la nouvelle formule, reprenant d'étranges arguments du numéro de mai précédent, et anesthésié par la thématique « Lyon, capitale de... », j'avais à peine relevé, dans le numéro 170 de septembre, l'article sur la route du Cap de Bonne Espérance. Ce dernier point sera corrigé et le premier l'objet d'un avis prochainement.

En attendant, ça en fait du bateau anglais portant du courrier français ou du courrier passant par la France en deux magazines différents. Vive le troisième épisode dans le numéro de janvier normalement.


Laissons-nous porter par les achemineurs
Retour à Stamp Magazine pour un coup d'œil sur une lettre navale de Malte à l'Écosse, en 1855. Son timbre britannique est oblitéré avec un P. dans un ovale, une des deux seules connues et vendues par Cavendish lors de la dispersion de la collection sur la guerre de Crimée de François Piat Dewavrin, toujours en septembre.

Mais, ensuite, ce sont ces forwarding agents qui m'intriguent désormais suite à la première lettre et une lecture récente d'un article de Stephen Walske dans le numéro de janvier 2015 de The London Philatelist,2 sur les blocus britanniques en Amérique du Nord pendant la guerre d'Indépendance et les guerres napoléoniennes, dans lequel ces achemineurs ont un rôle, notamment pour faire parvenir à l'intérieur des anciennes colonies des courriers enfin parvenus dans les ports états-uniens.

Ça tombe bien : John Edwards propose l'étude d'un agence installée à Londres de 1866 au début des années 1920 par le gouvernement états-unien. Son objectif était, avec l'aide de l'attaché naval de l'ambassade, de faire suivre le courrier destiné aux marins de l'US Navy jusqu'aux navires selon leurs escales en Europe jusqu'à l'Empire ottoman (cas d'une enveloppe confiée au soin du consul américain à Smyrne).

The United States Despatch Agency utilisa ainsi neuf cachets ovales reproduits et décrits dans un tableau complétant l'article.


Et tout cela ne fut qu'une partie du temps de lecture d'hier après-midi.

Notes :
1 : rappelons que le jeudi trente-et-un mars 2016, Guy Dutau présentera une conférence au siège de la Royal Philatelic Society London consacrée aux courriers désinfectés de France.
2 : pour les non membres de la Royal Philatelic Society London, les numéros de l'année du London Philatelist sont vendus en version numérique pour trois livres sterling le numéro. Une intégrale sur clé USB existe également.

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