lundi 5 octobre 2015

Longs et courts moments de lecture britanniques d'octobre

Des revues britanniques reçues en septembre et datées octobre 2015, The London Philatelist édité par la Royal Philatelic Society London emporte le pourcentage de la qualité, mais Stamp Magazine et Gibbons Stamp Monthly restent des lectures tout en variété et qui réalise un combo concurrentiel tel qu'elles placent une loupe sur une zone de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, ceux qui saturent du nécessaire centenaire de la Première Guerre mondiale, médiatiquement trop axé sur le front occidental dans nos contrées, ont raté l'excellente exposition sur l'armée d'Orient au Musée d'histoire de Marseille, de novembre 2014 à mai 2015, dont il reste le dossier de presse en pdf et les fiches pour les scolaires. Armée dont les opérations balkaniques sont, aux yeux de certains historiens, la cause immédiate de la victoire de 1918 par l'effondrement de l'Autriche-Hongrie.

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Tiens, aucun timbre de France sur ce corps expéditionnaire en cent années de programme philatélique ?!! Pourtant la lettre grecque aurait, pour le coup, un semblant de fausse pertinence.


Sinon, ils se tourneront vers les numéros datés octobre des deux magazines grand public britanniques : chez Gibbons, Christer Brunström fait découvrir les postes locales créées en Pologne pendant le premier conflit mondial, alors non existante suite à son dépeçage au dix-huitième siècle. La situation militaire complexe força les municipalités à organiser des services de remplacement, les autorités civiles et militaires allemandes, autrichiennes et russes ne s'occupant plus que du courrier entre villes principales.

De l'autre côté, dans Stamp, Wendy Buckle raconte la réalité des découpages d'après-guerre et leurs conséquences philatéliques dans la République de Lituanie centrale où se situe Vilnius. Une zone disputée entre Lituanie et Pologne, nouveaux États indépendants, jusqu'à ce que le Pacte germano-soviétique règle la situation.


À la Société philatélique royale, ce sont trois petits articles surprenants et un long article didactique qui m'ont occupé une longue soirée de la semaine dernière après visionnage d'une conférence de la même qualité.

En une vingtaine de pages abondamment illustrées, Kjell Nilson explique les champs d'étude des courriers suédois pour l'étranger pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux dernières difficultés postales en 1948 : courrier renvoyé pour cause de guerre, repérage des routes alternatives via les autres pays neutres, censure des lettres et aussi des oblitérations militaires, contrôle des valeurs envoyées à l'étranger par voie postale, courrier pour les prisonniers de guerre,... Il y a de quoi trouver son prochain domaine de recherche en Suède ou ailleurs.

Néanmoins, la brièveté des trois autres articles n'est pas un handicap puisque leurs auteurs, tous Fellow de la Société, y décrivent des pièces et des réflexions intrigantes pour le curieux.

Vincent West retrouve le quotidien d'un universitaire de Cambridge avec une seule lettre timbrés de la poste du Saint John's College, devinant comment avancer en 1885 ses recherches sur l'histoire de l'établissement. Un premier pas vers les postes privées des colleges de Cambridge et Oxford.

Ensuite, direction 1861 dans la colonie d'Australie du Sud avec un article posthume de A. Ronald Butler - connu pour avoir rassemblé les biographies éparses des signataires du Roll of Distinguished Philatelists en 1990 - avec la collaboration de Donald et Brian Pearce. Le maître général des postes d'alors, James William Lewis, est si tatillon qu'il force le postier distrait qui a oublié trois cents lettres dans un coin avant le départ du bateau vers l'Europe, à écrire quelques lignes d'explication que Lewis signa. Combien de ces enveloppes existent encore ?


Enfin, Everaldo Santos interroge la croyance - erronée selon lui - que les Œils de bœuf, premiers timbres du Brésil, ont eu un usage fiscal et judiciaire que le principal catalogue brésilien a perpétué jusqu'aux années 2000.

Repartant de la procédure judiciaire de 1842 et d'une plongée dans les archives judiciaires, il démontre que les bandes et blocs de ces timbres collées dans les premières pages des dossiers d'enquête avaient un usage postal : ils couvraient le transport des dossiers d'un tribunal à un autre.

Il approfondit plusieurs interrogations : l'absence d'annulation peut s'expliquer par le transport par porteur, plus rapide et discret pour certains trajets ; l'existence de tels blocs décollés par l'envie des marchands et des collectionneurs de timbres de posséder des timbres postaux oblitérés, et non des timbres fiscaux. À méditer avant de décoller.


Cette interrogation du décollement des timbres de leur support apparaît également pour un exemple au cours la conférence du jeudi premier octobre de John Horsley, lors d'un des deux jeudis mensuels au siège de la Royal Philatelic Society aux portes ouvertes aux visiteurs qui s'annoncent.

Aussi didactique que Nilson, il explique comment étudier logiquement un cinq livres orange de l'époque victorienne pour être sûr de son type, de la couleur de son papier, voire comment prouver avec son scanner et un logiciel de travail d'image, à la maison, s'il s'agit d'un faux ou d'un réutilisé et pester contre la perte d'information essentielle quand un exemplaire a été décollé entre deux ventes aux enchères pour faire joli.

Les non membres ont accès à un complet pdf de Horsley sur le site de la société, les membres au lien menant à la vidéo de la conférence sur youTube - dont l'humour et la vivacité compense la brièveté.


D'ici une semaine environ - impatience, les numéros datés novembre vont commencer à arriver.

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