lundi 23 novembre 2015

Marronnier de zinc saucé au cuivre

... ou d'acier saucé pour la recette britannique qui a influé sur la recette €uropéenne.

Le marronnier journalistique de l'élimination de la plus petite pièce de monnaie en usage dans le pays revient régulièrement comme hier soir, dimanche vingt-deux novembre 2015, contre le centime de dollar des États-Unis dans l'émission humoristico-intelloremuante Last Week Tonight présentée sur HBO par John Oliver.
Capture d'écran : l'émission poste le monologue thématique de l'émission sur youTube (HBO est une chaîne à péage).
Tel un marteau-pilon qui frappe incessamment jusqu'à ce que l'empreinte ait marqué, une émission de plus a expliqué au public pourquoi il faut cesser la frappe courante de la pièce de one cent à l'effigie du président Abraham Lincoln.

Les arguments sont les mêmes que pour les pièces d'un et deux centimes d'euro, jamais émise par la Finlande en 2002, et cessée rapidement par les Pays-Bas et la Belgique, et désormais l'Irlande. Dès l'émission de l'euro fiduciaire, les deux premiers et, ces deux dernières années pour les deux derniers, le montant total payé en billets et monnaie est arrondi au multiple de cinq le plus proche.

Le coût de production de la pièce est supérieure à sa valeur faciale ; certes, mais ça reste de la valeur marchande... Non pour les citoyens remontrés par John Oliver à partir de deux exemples de reportages-marronniers des chaînes locales : le reporter jette des cents par terre dans la rue et... PERSONNE ne les ramasse, voire affirme un refus.

Dans un sondage, en 2002, Gallup se vit répondre par deux pour cents des sondés qu'ils jetaient les pennies à la poubelle... Émission satirique oblige, d'autres exemples d'usage volontaire ou pas sont présentés : [auto-censure, pas si prêt du petit-déjeuner ou du dîner selon votre fuseau horaire], étudiant payant en pennies onze mille dollars d'amende pour mauvais stationnement dans son campus et un toutou qui a englouti une centaine thésaurisés en bocal par son maître.

Après l'annonce irlandaise, le buzz médiatique a repris en France entre interrogation dans le vide (Fortuneo qui rappelle que le Parlement n'a pas été saisi par le gouvernement) et avertissement au lecteur : vos centimes d'euro valent de l'or... C'est connu que les spéculateurs de monnaie monégasque, capable de créer une remuade en pleine principauté, vous ont laissé un centime de Monaco sans trace d'usure dans le porte-monnaie.

Les craintes sont des fantasmes tant que l'unité retirée est minime face aux aléas économiques qui influent sur les prix, comme le rappellent l'histoire du retrait de la pièce d'un demi-penny au Royaume-Uni en 1984. En un an, le taux d'inflation de cinq pour cent monte à six puis revient à la situation antérieure.

Aux États-Unis, reste deux points que les €uropéens n'auront pas avec les centimes d'euro : le premier est la crainte d'effacer la mémoire d'Abraham Lincoln, la figure de l'abolition de l'esclavage dans l'esprit collectif. Oliver de conclure : mais Lincoln est partout ! Sur une montagne et le billet de cinq dollars, cinq cents fois plus que le penny!

Le second est le lobbying d'une entreprise de zinc qui fournit les disques de base... Oliver liste l'ensemble des filiales du groupe, prouvant qu'elle peut développer d'autres secteurs zingueux dont les bijoux-fantaisie.

Je n'ai rien trouvé sur l'envie de retrait du penny britannique, sauf une banque qui propose gracieusement un service fort utile : la Magic Money Machine de Metro Bank compte votre monnaie et vous repartez avec de légers billets de banque.

Vu le contexte français, nulle abolition à venir : allez disperser vos centimes là où ils sont bienvenus, comme le marché du village et du quartier, le pharmacien, etc. ou dévisser les vis de blocage de certains appareils électro-ménagers, garder à l'heure les pendules d'antan.

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