mercredi 25 février 2015

Timbres de distributeurs anglo-normands très british

Le marchand de timbres Ian Billings continue à traquer les nouveautés britanniques pour les clients de Norvic Philatelics et à les expliquer aux lecteurs du blog correspondant, avec un regard critique sur les nouvelletés de Royal Mail.

Les timbres de distributeurs ne font pas exception. Je vais essayer de résumer les six derniers mois de l'actualité des Post & Go, les timbres de distributeurs d'Outre-Manche.


Côté Grande-Bretagne.
Certes, le postier britannique a découvert tardivement l'intérêt de ces machines, mais depuis octobre 2008, c'est un véritable programme philatélique d'usage courant qui se succèdent : animaux sauvages, domestiques, fleurs, et maintenant bateaux... Les [longue liste] de nos régions de Phil@poste font pâle figure à côté.

Mr. Billings de comprendre les mentions commémoratives d'un lieu d'emplacement de ces machines (comme le hall du British Postal Museum & Archives ou les grandes messes philatéliques) ou d'un anniversaire, mais de s'interroger sur comment découvrir et collectionner les changements de machines, de mises à jour logicielle modifiant les valeurs d'affranchissement, les polices d'écriture, les espacement...

Et, surtout, à quel coût ?

Pire, deux centres de distribution ("Enquiry Offices") disposent désormais d'une machine qui débitent des timbres mentionnant la ville d'implantation... Pour attirer les collectionneurs régionalistes avec quelque chose de plus glamour qu'un code d'identification imprimée ? Ou pour créer des demi-préoblitérés à l'ancienne ?


Côté Petite-Normandie.
En février 2014, la poste de Jersey, indépendante de Royal Mail, adoptait le système lors du Stampex de Londres et pour la vente par correspondance. L'illustration est le drapeau de cette dépendance de la Couronne britannique avec effigie royale en coin.

C'est finalement le jeudi quatre septembre 2014 que les habitants de Jersey bénéficièrent d'un distributeur au bureau de Saint Helier, dont les timbres s'identifient aisément avec le nom du pays et le code de la machine.

Il fallait donc suivre le chemin tracé par la grande-britannique sœur : les rouleaux de timbres à illustration thématique apparurent pour Stampex de février 2015 avec six animaux pour apparemment deux ans.


Jalouse ou envieuse de service simple pour ses consommateurs et de revenus philatéliques, Guernsey Post inaugura son système Post & Go au même Stampex d'hier, en plein Londres (ça fait loin de la Manche normande tout de même)...

... et là, l'incrédulité de Ian Billings put s'exprimer pour la deuxième fois en six mois.


Quand la Petite-Normandie inspire la Grande-Bretagne.
D'abord, c'est à Saint Hélier qu'est apparu d'une manière alambiquée la mention de la ville d'impression des timbres qui peut avoir inspiré les deux Enquiry Offices mentionnés en première partie.

En effet, il est traditionnel dans les bureaux de poste des îles Anglo-Normandes de disposer des timbres britanniques pour les habitants se rendant sur la grande île et qui souhaitent éviter de chercher un bureau de poste.

Vous commencez à comprendre : la machine de Jersey débite également des Post & Go illustrés de l'Union Jack, valable au Royaume-Uni, et qui porte le numéro d'identification de la machine et le nom du bureau "Broad Street"... ce que ne porte pas les timbres jerseyiens eux.


Mais, grâce à Guernsey, le festival a continué à cause d'une communication différente des résultats, et des résultats disponibles pas aux mêmes moments...

En clair, la machine guernseyenne de Stampex débitait du drapeau de baillage valable dans la Dépendance d'un côté, et de l'Union Jack de l'autre. Et, en théorie, les deux devaient porter la mention spéciale du salon philatélique.
Voilà ce que Guernsey Post promeut ce soir-même, vingt-cinq février 2015, sur son site, mais que Ian Billings témoigne ne pas être la version disponible au Stampex, la semaine dernière... (site de Guernsey Post). Que recevrez-vous si vous commandez ?

Las ! Non seulement l'identifiant îlien était modifié dans le code du timbre par rapport à la publicité, mais le timbre de Guernsey ne portait finalement pas la mention spéciale...

... enfin si, dès que Guernsey Post parviendra à les imprimer pour les mettre à disposition en vente par correspondance, donc après et loin du lieu spécial où ces timbres auraient dû être imprimés.


Conclusion.
Certes, les collectionneurs britanniques et spécialistes de la question soufflent lourdement sur leur regretté hobby, ce quelque chose qui paraissaient plus simple et moins coûteux à suivre que les couleurs des Machins et le programme philatélique pléthorique.

Que diraient-ils s'ils devaient supporter les mêmes supports bleu pâles depuis des décennies et des supports non disponibles par correspondance ?

Mais, comme d'habitude à mes yeux, il est magnifique qu'au Royaume-Uni, ce sont les philatélistes blogeurs, commentateurs de blog et chroniqueur pour Gibbons Stamp Montly qui cherchent à comprendre et à relayer les nouvelles émissions de timbres... quant, en France, la plupart ne dépasseront pas le copier-coller de la fiche Phil@poste en introduction des mensuels de référence.

dimanche 22 février 2015

Cohesio : au tour de La Banque postale

Après un bombardement en règle des collectivités locales et des médias par le service distribution courrier fin 2015-janvier 2015, c'est au tour de La Banque postale de faire communiquer les médias sur les nouveaux services sociaux que le facteur moderne doit proposer.


Dans la chronique France Info senior de ce dimanche matin, vingt-deux février 2015, Frédérique Marié signale que le service de visites régulières de personnes isolées ou âgées par le facteur, nom de code : Cohesio, devient une option offerte dans les contrats d'assurance de la filiale bancaire de La Poste.

Sur cette bonne tranche de pain publicitaire, une généreuse couche de beurre est tartinée par la fondatrice de la Compagnie des aidants avant que le directeur de La Banque postale prévoyance n'y déverse des cuillères à soupe de confitures.

Le problème reste réel et bien résumé par madame Claudie Kulak : les Français et la collectivité autour d'eux - famille comme l'État-providence - souhaitent finir ses jours dans son domicile, mais les enfants n'imaginent pas le coût humain et financier de l'équipement des logements et du suivi de leurs parents, dont il faut suivre au plus près les signes de dégradation de santé.

Ce qui me gêne depuis cet automne est que les médias ne consultent que La Poste pour proposer des solutions de suivi quand il est possible d'imaginer que les concurrents assureurs pourraient embaucher les épiciers itinérants dans les campagnes, les conducteurs des opérateurs de courrier express, ceux des compagnies de vente par correspondance de produits surgelés, les voisins chômeurs ou retraités en pleine forme, etc.

Joli coup de comm' de La Poste...

vendredi 20 février 2015

Échos philatéliques en art contemporain à Toulouse

Malgré ma profonde incompréhension face à la majeure partie de ce qui y est exposé, je visite encore un musée d'art contemporain lorsque je visite une ville... Souvent en pure perte.

Toutefois, dans ces lieux, de temps en temps, un artiste parvient à m'inspirer quelque réflexion pourvu que sa création laissée seule puisse être comprise dans un sens ou l'autre.

Et, dans ces rares cas, quelques exemples rarissimes font écho à la philatélie, autant la collection de timbres que l'histoire postale ou la création de la vignette d'affranchissement.

Un exemple de l'année dernière, en juin 2014, quand je visitai Toulouse pendant un week-end de grève ferroviaire méridionale et de festival international d'art.

Deux extraits de l'œuvre Silvia suite art-en-ciel de Franz Gertsch de 2002, accrochés sous vitre (et reflets) aux Abattoirs, à Toulouse (photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd 4.0 - attention aux droits de l'artiste).
Dans la capitale du Haut-Languedoc, sur la rive gauche de la Garonne, un musée d'art moderne et contemporain a été ouvert en 2000 dans les bâtiments des anciens Abattoirs dont la construction datait de 1825 et l'activité avait fini en 1988.

Ce lieu voisine avec les jardins Raymond VI et les murailles de l'hôpital de La Grave si jamais votre dégoût du contemporain devenait trop fort.

L'équipe de ce lieu a tout de même compris qu'il fallait amener le public réticent à ces types d'art en y exposant finalement peu de choses et en renouvelant régulièrement à partir des collections du musée.

Ainsi, malgré une exercice audio-visuel pour personnes patientes avides de non-sens, des œuvres mystérieuses et des reprises douteuses d'arts africains (commençons déjà par éduquer le public aux arts non européens), je trouvais rapidement deux choses intéressantes, outre l'architecture du bâtiment, qui occupèrent l'essentiel de l'heure que je passai dans ce musée.

En fin de visite, un catalogue présentait le parcours et les œuvres données par Daniel Cordier au Centre Pompidou dont certaines étaient alors exposées à l'étage des Abattoirs. En juin 1940, le jeune Bordelais royaliste maurassien s'était jeté dans la continuation du combat malgré l'armistice conclut par Pétain ; il y était devenu le secrétaire de Jean Moulin puis son historien depuis les années 1970 face aux souvenirs des anciens chefs de la Résistance. Entre-temps, il a été marchand et collectionneur d'art contemporain. Pour sa vie dans la France Libre, revoir le téléfilm de France de 2013, Alias Caracalla.

La notice de l'œuvre de Franz Gertsch proposée par les Abattoirs, Toulouse.
Avant cette demi-heure de lecture qui expliquait la présence des œuvres de l'étage, ma philatélie avait vibré dans une salle du rez-de-chaussée face à neuf grands panneaux semblant reproduire en une seule couleur chacun la même photographie d'une Silvia en une pose formelle...

Je vous laisse découvrir le niveau de connaissances en histoire de l'art nécessaire à la compréhension du travail du Suisse Franz Gertsch si on essaye d'affronter la biographie établi par des rédacteurs de la Wikipédia en français. Je ne les critique pas négativement... mais bon, ces neuf grandes feuilles avec une notice muséale vide d'explication...

Bé, j'en ai fait mon interprétation personnelle par l'émotion philatélique : la répétition du même motif avec la plus grande précision attachée à chaque reproduction, à la détermination de chaque couleur : remarquez les trois nuances de bleu outremer... ou le choix - sacré pour un philatéliste français - du vermillon pour le rouge.

N'est-ce pas le travail des imprimeurs de timbres d'usage courant depuis 1840 ? N'est-ce pas ce qui anime les collectionneurs et philatélistes spécialisées dans leur quête des nuances accidentelles du mélange du jour ou de la patine du temps, ou encore issues d'une erreur créant la rareté.

En observant longuement ces neuf gravures, me vinrent à l'esprit comme un seau d'encre bleu de Prusse bouleverse la carrière d'un petit timbre d'un centime au type Sage, les discussions britanniques autour des dénominations des couleurs des timbres au type Machin,...

Plus humoristiquement, une scène de la série télévisée Ugly Betty qui caricature la haute précision des nuances de couleur dans le milieu de la mode. En voici l'extrait dans un épisode de la quatrième saison au cours de laquelle l'honnête et travailleuse héroïne rêve - ou cauchemarde - quelle aurait pu être ambitieuse et arriviste.

Et aussi, faute de comprendre les motivations de l'artiste, l'inutilité apparente de cette multiplication des nuances pour un portrait photographié quant nous la trouvons utile pour les différentes valeurs d'usage courant... même aujourd'hui avec tous les rouges de la lettre prioritaire et tous les verts de la lettre verte alors que nous ne nous éclairons plus à la bougie qui nous feraient confondre cinq centimes brun clair bistre avec un lettre prioritaire 250 grammes d'un rouge très brun.

Deux heures de ballade autour de la Garonne, une heure de contemplation historique et philatélique, un bon début de samedi après-midi, à Toulouse.

mercredi 18 février 2015

Felipe VI avec ou sans la barbe

Le lundi dix-neuf janvier 2015, sept mois après son avènement en juin 2014, Correos a émis les six premières valeurs de la série d'usage courant à l'effigie du nouveau roi d'Espagne, Felipe VI.

Cinq euros taille-douce parasité par un logotype de réalité augmentée et une lettre qui devrait être accentuée au bon endroit, et ce n'est pas en haut à gauche (Correos).
Cinq complémentaires en offset (un, quatre et dix centimes, un et deux euros) et le cinq euros en taille-douce avec le gadget de réalité augmentée... si vous êtes assez feignant pour ne pas pouvoir taper les mots-clés sur Google et visionner la vidéo du roi.

Pire, un effet φ affecte le timbre : un ene tilde minuscule isolé dans le coin supérieur gauche... Pour évoquer la marque Espagne d'après le site de Correos... Euh... N'est-ce pas la particularité très espagnole du nom original de ce pays de comporter ce signe diacritique ?

Photographie officielle de Felipe, prince des Asturies, en mai 2010 par Dany Virgili (site de la Casa Real).
Dernier souci qui va aller avec un autre : le timbre représente le prince des Asturies, lors d'une séance avec Dany Virgili en mai 2010. Ce que le site de la Maison royale oublie de préciser, sans parler de Correos qui ne signale même pas l'auteur du cliché.

D'ailleurs, les deux premiers timbres d'un euro pour le nouveau roi (seul ; en couple) émis en octobre 2014 sont issus du même jeu de photographies officielles. La vitesse entre l'annonce de l'abdication de Juan Carlos et le couronnement (quinze jours) n'a pas vraiment aidé un opérateur postal qui manque d'imagination artistique pour l'effigie royale.

Photographie officielle de Felipe VI, roi d'Espagne, en uniforme de commandant de l'Armée de l'air (Gorka Lejarcegi, site de la Casa Real).
On fera avec, économie budgétaire, on va pas refaire une séance... Oui, mais depuis l'avènement, Gorka Lejarcegi a eu l'honneur de réaliser de nouvelles photographies, publiées en décembre 2014, mais le roi a décidé de porter la barbe...

Trouvons vite une excuse avec la pensée britannique au sujet des effigies royales qui ne vieillisent jamais : l'effigie incarne la Monarchie, pas la personne qui porte la couronne.

La Jeunesse de la nouvelle génération sur le courrier, la Maturité du jeune père de famille à la télévision.

vendredi 13 février 2015

Mariannes de colis sauvées de la poubelle

Mercredi matin, le onze février 2015, un peu après avoir rédigé le billet sur les timbres chinois descendu du grenier anglais, je descendis mes déchets au local dévolu à ce rôle au pied de la résidence... 

...où je vis et sauva du tri et du recyclage un colis en carton brut affichant fièrement un affranchissement composé de six Marianne de la jeunesse.

Et ce n'est pas que ça que ce bout de carton scotché arborait fièrement.

Un cinq centimes pour faire compte pile, à mon goût le mieux oblitéré du lot.
 Par souci de protection de sa vie privée, le voisin-trieur a arraché la partie de la souche du colissimo, permettant le suivi du paquet, sur laquelle devait figurer son identité et son adresse.

Souche de colissimo à demi arrachée et six timbres oblitérés à la main et sans code ROC, s'il vous plaît !
Il oublia, heureusement pour moi, les codes-barres et notamment le code alpha-numérique qui permet, via le site colissimo.fr, d'avoir le trajet de la boîte : 

Sans le code, le parcours d'un colis depuis la Marne jusqu'à l'Hérault au début du vingt-et-unième siècle.
Le mercredi 4 février 2015, ce colis fut déposé au bureau de Fère-Champenoise, toute petite ville à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la préfecture Châlons-en-Champagne, dans le département de la Marne. Là, chose peu fréquente depuis la décennie précédente : il est oblitéré à la main avec un cachet indiquant le nom de la commune de dépôt.

Déposé avant quatorze heures, temps de la levée quotidienne puisqu'il est repéré au Centre courrier départemental, puis à la plate-forme industrielle Meuse Champagne-Ardenne, sise au nord-ouest du village de Saint-Gibrien, dans la périphérie de Châlons, et directement sur la sortie numéro 17 de l'autoroute A26, dite des Anglais.

Le lendemain, le jeudi 5, il a atteint la plate-forme Provence-Alpes-Côte d'Azur, probablement celle de Cavaillon (une vidéo amateur montre, en décembre 2012, la monstruosité de déplacer des milliers de boîtes de toutes formes et dimensions chaque jour) avant de rejoindre l'Agence Colissimo Hérault le vendredi 6, celle installée dans la zone industrielle de la Lauze, à Saint-Jean-de-Védas, en banlieue de Montpellier.

Assez rapide, il faut le reconnaître.

Pour quel tarif ?

Un bloc de quatre rouge-brun à la valeur indiquée de la lettre prioritaire jusqu'à deux cents cinquante grammes, soit trois euros et cinq centimes chacun... Douze euros vingt donc, grosse somme.

Plus un vert olive pour la lettre verte jusqu'à cent grammes, un euro soixante-quinze complété d'un petit cinq centimes bistre.

Quatorze euros tout rond. En notant que nous n'avons aucune preuve sur le colis survivant des options ajoutées, c'est parti vers notre pdf de référence. La section Colissimo France évoque une livraison garantie en deux jours ouvrables, et il paraît probable arithmétiquement que ce colis pesait entre deux et cinq kilogrammes et comportait une recommandation R1 assurant une valeur de moins de cinquante euros.

En conclusion de cette petite enquête futile - à moins qu'un collectionneur chinois m'en propose plusieurs milliers de livres sterling..., La Poste accepte encore les colis affranchis avec des timbres-poste, sans les massacrer au stylo ou au scalpel... Contrairement au vécu des malheureux correspondants de Timbres Magazine, le postier rurbain de Fère-Champenoise n'a pas été braqué par un collectionneur de timbres lui imposant de recompter cinquante timbres libellés en anciens, nouveaux francs, euros et valeurs d'usage...

En tout cas, il est vrai que c'est davantage plaisant de rechercher le parcours postal de ce colis-là que de ceux aux étiquettes standard des entreprises de vente par correspondance assez peu localisables... Là, au moins, grâce à ce colis et aux images satellites, je sais que le département de la Marne est verte et qu'il faut descendre régulièrement des déchets triés :)

mercredi 11 février 2015

Média généraliste, philatélie et grenier intouché

Après l'énième revente à prix record du One Cent magenta du Guyana britannique l'année dernière, un nouveau conte de fée philatélique inspire les médias britanniques, états-uniens et bientôt chinois.

Lundi 9 février 2015, le Daily Mail conte la découverte et mise aux enchères de trente-cinq timbres de Chine, qui avaient reposé tranquillement dans une boîte à cigares, elle-même mise en retraite dans un grenier anglais jusqu'à récemment.

À lire rien que pour les magnifiques photographies de la boîte et d'un bloc de dix-neuf timbres prises par Chris Balcombe.
Un des timbres du bloc de dix-neuf sous la loupe de deux marchands de timbres (Chris BalcombeDaily Mail, 9 février 2015).
À Winchcombe, dans le Gloucestershire, le découvreur, resté anonyme, et le marchand d'antiquités British Bespoke Auctions n'en reviennent pas des soixante-dix-neuf mille livres sterling proposés par un marchand du Hampshire, Alan Grant, propriétaire de Rushstamps.

Un acquéreur qui a de la suite dans les idées pour rentrer dans son investissement : associé à la maison Kelleher du Connecticut, il prépare une vente aux enchères à Hong Kong, où l'états-unien possède une filiale, avec l'espoir d'atteindre plus d'un quart de million de livres de bénéfices auprès d'un public chinois de plus en plus collectionneur.

Quant à eux, les timbres semblent avoir été achetés en 1882 pour sa correspondance quotidienne par un missionnaire britannique, alors à Shanghai, et qui aurait donc été ramené avec ses biens en Angleterre... et oublié dans un grenier.

Comme beaucoup de classiques, le bloc de cinq candarins au dragon impérial ont connu de nombreux tirages avec variation de papier, de nuance,... Ici, l'ocre semblant distinctive d'une grande cote.


Autant que le Magenta, ces timbres d'usage courant plaçant la philatélie sous les éphémères projecteurs médiatiques encouragent nos contemporains et nous-mêmes à redécouvrir comment se passait la correspondance jadis, comment les timbres étaient créés, imprimés et stockés dans de magnifiques boîtes en bois.

En rêvassant qu'un jour, dans nos armoires et greniers...

Stop !

Où, dans le monde occidental, trouve-t-on encore des recoins de grenier qui n'ont pas été trié, vidé, nettoyé ? C'est comme la carte postale distribuée plusieurs décennies plus tard par La Poste... Dans combien de bureaux n'a-t-on pas bougé les meubles depuis le début des Trente Glorieuses ?

C'est le récit de la vie du missionnaire et de sa demeure qui m'intéresserait au plus haut point de lire, pour comprendre comment ses possessions sont restés intouchées depuis un siècle !


Le voyage de Londres pour l'exposition de mai 2015 prend encore de la valeur : les timbres du missionnaires de Shanghai y seront exposés avant de quitter définitivement le Royaume-Uni.

dimanche 8 février 2015

Une trilogie de numismatie uchronique

Jeudi dernier, le cinq février 2015, la sortie en librairie d'une traduction française poursuit la mode - ancienne pour les initiés - de l'uchronie, ce genre littéraire et parfois audio-visuel du « Et si... » réimaginant la continuité historique en le mariant avec un des nombreux autres genres : policier, fantastique, etc.

Quel roman est donc paru jeudi ? Le Cercle de Farthing de Jo Walton chez Denoël, après la traduction de Morwenna l'année dernière. L'auteure galloise, installée au Canada, a écrit une trilogie uchronique publiée de 2006 à 2008... Juste huit ans et quelques mois de retard, vive la version originale !
Un farthing de 1951 avec son troglodyte (Scan de Retroplum pour Wikimedia, licence CC-by-sa-3.0).

Cette trilogie est surnommée Small Change, petite monnaie, de celle que l'on vous rend dans les commerces en petites pièces jaunes et cuivrées. De Farthing en 2006 à Half a Crown en 2008 en passant par Ha'Penny, les trois romans portent le nom d'une pièce de monnaie britannique d'avant la décimalisation correspondant à une expression locale que le lecteur découvre au cours de l'intrigue.

Le quart de penny, ou farthing, sert de titre au premier roman au cours duquel l'uchronie est explicitée : en 1941, dans un Royaume-Uni esseulé face à l'Allemagne nazie, abandonné par les États-Unis de Lindbergh, des partisans de la paix parviennent à leur fin et leur coterie prend le nom de cette petite pièce de monnaie au petit oiseau, alors en bronze, qui est également le nom du manoir de l'un d'entre eux.

Au fil des trois romans, un chapitre sur deux est raconté du point de vue de l'inspecteur Carmichael de Scotlan Yard, et l'autre d'un personnage féminin placé au cœur de l'intrigue, sans toujours en avoir conscience, depuis la fille d'un des chefs farthistes qui a osé épousé un juif jusqu'à l'actrice d'un théâtre où les places les moins confortables sont à un demi-penny.

L'inspecteur est confronté à la fois à l'enquête, mais aussi à la situation politique de 1949 aux années 1960 de son pays qui dévale progressivement la pente de l'antisémitisme, du fasciste, puis du totalitarisme... et où sa place est toujours précaire quoiqu'immensément essentielle au regard des événements du premier tome.

Quant au farthing, quart de pence, il fut inventé au treizième siècle en Angleterre et dura jusqu'en 1960 et l'inflation qui le rendit inutile. Gibbons Stamp Monthly de décembre 2007 et Stamp Magazine de janvier 2008 ont évoqué les timbres britanniques, coloniaux et commonwealthiens libellés dans cette unité fractionnaire et ses dérivés.

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Pour ceux qui s'intéressent à cette veine britannique du Et si le Royaume-Uni avait..., et qui sont des passionnés des modes littéraires des années trente et quarante, The Windsor Faction de D.J. Taylor (Vintage Books, 2014) est exigeant, mais prenant.

Et si, suite à la mort accidentelle de Wallis début décembre 1936, Edward VIII avait régné aussi professionnellement que possible... Comment les partisans de la paix auraient-ils tenté de l'utiliser pendant la Drôle de guerre ?

Les chapitres alternent plusieurs styles et points de vue selon le personnage, beaucoup ayant existé - comme pour ceux ayant inspiré Jo Walton - et tous mêlés au milieu littéraire londonien qui essaient de survivre aux pénuries et à l'effort de guerre entre septembre 1939 et mai 1940.

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Enfin, si vous voulez entendre un cafetier des Rocheuses demander deux marks pour un café dans les années 1960, il faut aller voir l'épisode pilote qu'Amazon.com, l'épicier universel par correspondance, a produit à partir du roman de Philip K. Dick, The Man in the High Castle, de 1963.

En ce début d'année 2015, afin de se lancer dans la télévision à la demande, Amazon a produit cinq pilotes de séries : à ses clients et abonnés de choisir celui qui deviendra série.
Afin de marquer le générique et de représenter le parcours des deux personnages principaux, une carte des États-Unis pendant Le Maître du Haut-Château a été reconstitué : yen dans les États du Pacifique, mark et euthanasie des handicapés à l'est des Rocheuses... Une série terrifiante.
Les critiques, dont allocine.fr, penchent en faveur de l'uchronie. Réinterprétation réaliste d'États-Unis divisés en trois par la défaite, doublée de fantastique par le fait que le roman qui fait douter les personnages du roman est devenu films d'actualité racontant la victoire alliée.

Et, tel Fatherland de Robert Harris, le tout est terrifiant : quand le totalitarisme devient la normalité quotidienne...

Le projet est d'une mini-série de cinq épisodes.