mardi 28 mars 2017

Les multiples formes de la décimalisation dans le Commonwealth

Dans les années 1960 et 1970, le passage du système livre/shilling/penny au système monétaire décimal a bouleversé le Royaume-Uni, mais également tous les territoires que l'ancienne puissance coloniale avait affectés : territoires d'outre-mer, anciens dominions, et même plusieurs anciennes colonies qui avait maintenu le système ternaire au-delà de l'indépendance.

Vous imaginez l'impact pour les numismates et les philatélistes d'autant d'opérations de décimalisation, comme le signale quelques croisements médiatico-philatéliques depuis le printemps 2016.

Cinquante ans du dollar australien.
En février 2016, Australia Post émit un timbre pour le cinquantenaire de la décimalisation, reproduisant le premier billet d'un dollar de 1966 et un des côtés de la première pièce d'un dollar de 1984.

Dans le même temps, afin de promouvoir la philatélie australienne à l'approche de l'exposition internationale de New York, l'opérateur encouragea l'inscription à sa lettre mensuelle par mail contre la promesse de l'envoi d'un mini-feuillet non dentelé reprenant le timbre.

Merci à elle.

C-Day aux Caïmans.
Le huit septembre 1969, ce sont les îles Caïmans, territoire britannique d'outre-mer, qui passent le pas, deux ans avant sa métropole, parce que, comme aux îles Turks et Caïcos, la livre de la Jamaïque y était utilisée. Les îles suivirent la décimalisation de leur monnaie d'usage.
La deuxième version "C-Day" : le dollar débarque le huit septembre (via colnect.com).
Dans le numéro daté février 2017, Noel Davenhill illustre le malheureux sort de la série d'usage courant des Caïmans, avec l'exemple du quart de penny au merle de Grand Caïman (Cayman Thrush).

Émis plus tôt en 1969, les timbres réalisés par Format International furent surchargés en noir avec la date du "C-Day" pour Currency Day et la valeur en penny barrée et la valeur en cent ajoutée. L'année suivante, toute la série réapparaît avec la seule valeur en cent et dollar...

L'auteur pense que ces trois versions entrent parfaitement dans une stratégie commerciale de ventes répétées aux collectionneurs, doublée de la fourniture des préparateurs de pochettes de timbres.

Quand Stanley Gibbons refuse de suivre toute la décimalisation pakistanaise.
Lors d'une conférence à la Royal Philatelic Society London, le jeudi neuf mars dernier, Mike J. Roberts a développé les nombreuses surcharges locales des timbres du Pakistan qui ont suivi la décimalisation du premier janvier 1961.

Certes, en 1947, le Pakistan avait abandonné la roupie indienne, mais avait conservé le système ternaire : une roupie = seize annas et un anna = quatre pice ou douze pies - un cachet d'aspirine et on comprend...

Comme lors de l'indépendance, la poste pakistanaise eut trop peu de temps pour se préparer à l'événement : environ six semaines pour rapatrier les stocks de timbres, les confier à l'imprimerie pour surcharges en une roupie = cent paise, et les réexpédier.

Mike Roberts explique donc que le catalogue de référence, Stanley Gibbons, se limite donc à lister l'émission officielle et à signaler que les surcharges locales sont en dehors du catalogue. Et l'historien postal de montrer de nombreux timbres aux surcharges de formes variées de différentes villes du Pakistan-Occidental et -Oriental (le Bangladesh actuel) et des courriers visiblement commerciaux...

... tout en argumentant sur les doutes légitimes sur les émissions de Lahore (toutes les valeurs faciales disponibles y passèrent), sur la présence d'un collectionneur à Dadu d'après son adresse sur une douzaine de courrier. Et l'existence de fausses surcharges, une tradition dans ce domaine.

Lors des remerciements par Patrick Maselis et une des questions du public, il est à remarquer que l'utilité de ces surcharges reste mystérieuse puisque la poste pakistanaise a accepté les timbres non surchargés sans souci...

Le résumé de la conférence - véritable article par Roberts sur les surcharges de l'indépendance, de la décimalisation, puis de la sécession du Bangladesh - est disponible pour tous sur le site de la RPSL ; écrire au secrétariat pour obtenir le lien vers la vidéo sur youTube.

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