dimanche 30 avril 2017

Les petits drames des complétistes outre-Manche

Ces dernières semaines, les collectionneurs complétistes des émissions de Royal Mail, des Dépendances de la Couronne ou du territoire d'outre-mer de Gibraltar sont au cœur de choix difficiles pour leurs relations maritales et bancaires.

Surcharge de croisière
Avec l'arrivée du paquebot de croisière Caribbean Princess (cliquez pour voir les timbres sur le blog Commonwealth Stamp Opinion), vendredi vingt-et-un avril, Guernsey Post a débuté une série d'inscriptions spéciales sur ses timbres de distributeurs Post & Go : le nom de chaque paquebot faisant escale sur l'île pour attirer ses passagers au bureau de poste.

Faudra-t-il aux collectionneurs de l'île Anglo-Normande, de ses timbres de distributeurs, aux thématistes nautiques avoir chaque bande de collection de chaque visite d'un paquebot à Saint Peter Port ?

Heureusement, rapporte Ian Bilings, Guernsey Stamps a initialement refusé de proposer un abonnement pour ces produits... estimés à cinquante/soixante-dix séries de six supplémentaires d'avril à septembre 2017 (selon que vous repreniez la surcharge d'un navire refaisant escale). Avant de répondre à la demande : les clients volontaires doivent eux-mêmes contacter le service philatélique, seront livrés en septembre et se verront facturer cinquante pence par série de frais.

La rumeur indique que la poste de Gibraltar envisagerait... et là, il est question d'au moins deux cents paquebots par an !

Reste à savoir si les croisiéristes visiteront le bureau de poste et se procureront ces timbres.

Les blocs : avant ou sans les marges ?
Le timbre Machin grand format de cinq livres sterling pour les soixante-cinq ans de l'accession de la Reine Elisabeth II faisait déjà grincer des dents : coût, intérêt du millésime, absence de nouveauté du timbre, etc.
Cinquante livres sterling en un rectangle de papier (via Norvic Philatelics blog).
Dans le billet d'humeur de Stamp Magazine daté mai 2017, Richard West signale la coûteuse lubie du service philatélique par correspondance de Royal Mail : le feuillet de dix n'entrant pas dans les cartes d'envoi du service, les collectionneurs l'ont reçu...

... [cri de colère]

plié...

[sanglot]... et même, dans le cas de Richard West...

... [cri strident d'effroi]

... avec deux marges retirées !!!

Dire que, avec le programme 2017, même Phil@poste fait des progrès avec les feuillets sous plastique pour ne plus imprimer le code-barres dessus.

Une série Moulins trop dispersée ?
Enfin, les auteurs des deux blogs d'information et d'opinion des nouveautés britanniques (Norvic Philatelics et Commonwealth Stamp Opinion) expriment leur déception partielle face à une série touristique - pas une tradition ancrée outre-Manche - de Royal Mail sur les moulins historiques du Royaume-Uni, à émettre le vingt juin prochain.

Tout d'abord, six timbres dont trois pour l'Angleterre, dont deux pour le sud-est autour de Londres... laissant de larges régions anglaises ignorées malgré leurs moulins, telle la plaine de l'East Anglia. Trop centrée sur le sud-est la Royal Mail... en pleine campagne électorale inattendue...

Mais, The White Knight sur le second blog dispose d'une solution très commerciale, près de Birmingham, qui aurait permis d'attirer un public très large vers cette série : Sarehole Mill, encore en activité et visitable.

Surtout, l'auteur J.R.R. Tolkien a vécu, enfant, tout près de ce moulin et s'en est inspiré pour un moulin situé dans la Comté, la région d'origine des héros Hobbits dans son univers de la Terre du Milieu.

Ne jetons pas trop de pierres aux équipes de Royal Mail : lisez dans Nord Littoral, le vingt-et-un avril, comment les rencontres-anniversaire de l'Amicale philatélique de Calais ont obtenu un timbre et pourquoi sur le commandant Charcot. Je comprend mieux le timbre montpelliérain Bazille en fin d'exposition parisienne... sûrement aussi décidé à la fin du ministériat Macron.

Merci les manchots d'affronter les moulins à vent.

mardi 25 avril 2017

Un philatéliste à Matignon

Maintenant que les électeurs français ont réduit de onze à deux les prétendants à la Présidence de la République, qui pourrait être le prochain Premier Ministre, installé dans l'Hôtel Matignon, à Paris ?
L'hôtel Matignon sur la carte Turgot de Paris, publié dans les années 1730 (image de l'exemplaire de l'Université de Kyoto, repris sur la base de documents libres Commons de Wikimedia).


Aucune idée.



C'est l'avantage de disposer d'une petite poignée de partis et mouvements en concurrence. Même si le remuement au siège d'un parti de droite semble indiquer des positionnements pour l'avenir... ?

Mais, dans le numéro daté mai 2017 de Stamp Magazine, Jeremy Havardi nous rappelle en un récit prenant qu'un insatiable collectionneur de timbres est né le onze janvier 1850 et a vécu dans ce lieu acquis par son père au duc de Montpensier, alors en difficulté financière après la chute de son père, le Roi Louis-Philippe en 1848 :

Timbre de 1968 du Liechtenstein (Colnect.com)

dont le centenaire de la mort aura lieu le vingt mai prochain.

Fils de l'homme d'affaires Raffaele de Ferrari, prince de Lucedio, duc de Galliera, il refusa à la fois d'hériter de la fortune paternelle, mais aussi de ses titres de noblesse. Sa mère, Maria Brignole Sale, lui laissa une petite fortune, avant de consacrer le reste à acquérir nombre d'œuvres d'art pour les placer dans l'hôtel Matignon dans l'idée d'une donation à la France.

Dans le cas de la mère comme du fils, la géopolitique française bouleversa leur plan. Fâchée que la République chasse son hôte, le comte de Paris, en 1886, elle donna ses collections à la Ville de Gênes et l'hôtel Matignon à l'Autriche qui en fit son ambassade.

Son fils, toujours résident d'une aile de l'hôtel, accumula les timbres rares... voire faux, préférant, d'après une citation acheter mille faux plutôt que de rater une variété qu'il ne retrouverait jamais. Les philatélistes le savent : les plus rarissimes timbres furent en sa possession... Sinon lire l'article de Harvardi.

Si sa famille douta de ce coûteux passe-temps, Philippe contenta sa mère en la conservant précieusement dans l'hôtel, ne la montrant pas, ne l'exposant jamais.

Adopté par un Autrichien du nom de La Renotière von Kriegsfeld, il reprit son premier patronyme sous le titre de comte et la nationalité autrichienne. Enfin, il souhaita que sa collection finit au musée postal de Berlin... La Grande Guerre brisa ce vœu : il se réfugia en Autriche, habitué depuis 1890 du village de Steinbach am Attersee. Après sa mort, la France saisit et vendit aux enchères son accumulation fabuleuse comme réparations de guerre de l'Allemagne.

L'hôtel eut un traitement plus respectueux... La vengeance de la République française ne s'étant pas étendue à la nouvelle république autrichienne : il fut acheté en 1922 pour servir de résidence officielle du chef du gouvernement français.

Mais peut-on déjà entendre crisser sur le parquet les dents de son prochain locataire ?

dimanche 23 avril 2017

Quelques nouvelles d'ici et de là

Dans le suspense du premier tour de l'élection présidentielle française, quelques éléments nouveaux trouvés en surfant sur la vaste toile numérique.
Copie d'écran de la page Twitter de la FFAP, le dimanche vingt-quatre avril 2017.
Le mercredi vingt-deux mars, les codes d'accès au compte Twitter de la Fédération française des associations philatéliques ont dû être retrouvés : un message annonce son retour sur le réseau social après trois ans sans message.

D'ailleurs, depuis, le logotype de la FFAP a changé pendant l'hiver 2016-2017.
George James, le spécialiste philatélique de Spink présente la vente de la Collection Arthur Gray d'Australie élisabethaine, le dix-huit avril sur youTube.
Une fois n'est pas coutume, une vente philatélique de la maison londonienne Spink a fait l'objet d'une vidéo de présententation cette semaine, deux jours avant les enchères : celle de la collection pré-décimale élisabethaine d'Australie d'Arthur Gray, avec beaucoup d'esquisses et d'essais, d'après ce que montre George James sur youTube.

Un beau catalogue.

samedi 22 avril 2017

Votons ! Et timbrifions.

Comment traiter cette élection présidentielle française de 2017 ?

Reprendre les timbres-poste déjà émis sur les deux derniers présidents ? Il y a de quoi faire pour les amateurs de timbres personnalisés (rapportés en leur temps sur Blog philatélie : en Israël et via une peinture aux Pays-Bas), même s'il y a énormément de papiers-peints imprimés par des agences, bien loin des besoins en timbres des administrations postales concernées (Google Images pour une recherche Sarkozy ou Hollande).

Certains iront collectionner électroniquement les nombreuses vignettes parodiques sur ce dernier - d'autres retrouveront, pour une classe ouverte, la poupée vaudou qui heurta le premier. En cherchant bien, quelques émissions pourront paraître mieux liées au pays émetteur, tel le bloc de l'Autorité palestinienne remerciant Jacques Chirac. Les plus courageux exploreront le site Les Présidents de la République par les timbres.

Le carnet porte-timbre de l'élection présidentielle de 2012 créé et vendu par HistoriaPhil.com, le site des Éditions philatéliques européennes.
L'inventivité des marchands de plis premier jour et commémoratifs, hors programme philatélique, aidera le collectionneur, tel les Éditions philatéliques européennes (site marchand : HistoriaPhil.com).

Elles sont très inventives pour les élections les plus récentes : carnets de timbres fictifs, vignettes porte-timbres, timbres personnalisés encourageant à voter,...

Donc, alors que mon rêve germanique semble possible - selon qui remporte la prochaine élection présidentielle - d'une Assemblée nationale française suffisamment divisée en quatre ou cinq partis, contraints à constituer des coalitions négociées et, par là, à expliquer leurs programmes aux Français : votons !

jeudi 20 avril 2017

À quand oblitération proportionnelle aux tarifs proportionnels ?

Depuis le premier janvier 2016, les tarifs postaux français sont simplifiés afin que les expéditeurs puissent toujours avoir les timbres-poste nécessaires à disposition avec les carnets autocollants : un timbre pour le premier échelon de poids, deux pour le deuxième, etc.

Coin d'une très grande enveloppe pesant de deux cents cinquante à cinq cents grammes, oblitérée partiellement le trente-et-un janvier 2017.
Petit souci avec l'exemple ci-dessus : quatrième échelon de poids en lettre verte = quatre timbres de carnet illustré... mais seulement deux annulés au centre de tri et malgré la longueur des flammes ondulées.

Sur le forum anglophone StampBoards.com, une solution fut montrée récemment avec une grande enveloppe postée aux États-Unis, au coin couvert de timbres, tous oblitérés par une oblitération habituelle des centres de tri de ce pays, mais étendu sur un grand rectangle.

Pas de réutilisation possible.

mardi 18 avril 2017

Errinophilie musicale avec Arthur's Landing et FIP

Comme je suis un mélomane médiocre, l'écoute de la chaîne de radio publique FIP est un plaisir de la découverte renouvelée toutes les trois-quatre minutes.

Aux lecteurs non francophones, FIP comme France Inter Paris originellement en 1971 : une radio musicale continue diffusant des morceaux d'une grande variété, ponctuée de discrets flashs d'information et informations culturelles.

Et non la Fédération internationale de philatélie (F.I.P.) dont une association d'Amis (Friends of the FIP), lancée en ce début d'avril, regrette que Google fournisse plus rapidement la « radio musicale éclectique » que l'organisme commun des fédérations nationales de philatélistes, historiens postaux, exposants et collectionneurs de timbres de tout niveau. Au-delà, l'association s'interroge sur le rôle actuel et futur de la Fédération : prochain congrès en décembre 2018.

Aux lecteurs francophones : c'est bon, aucune confusion avec une association des amis de FIP la radio.
La couverture de l'album Arthur's Landing inspire d'une certaine époque philatélique (site du Band Camp du label Strut).
De temps en temps, à l'oreille, et même au regard sur l'écran de repos du smartphone montrant, grâce à FIP, la couverture de l'album dont est extrait le morceau en cours. Ainsi, en sortant mon appareil pour répondre à un message, la chanson It's a Boy m'a fait découvrir cette pépite errinophile.

Arthur's Landing, paru sous le label Strut, fut un regroupement de musiciens new-yorkais qui ont travaillé et joué, en 2010-2011, des concerts et un album-hommage à Arthur Russell (1951-1992) avec qui ils avaient tous travaillé.

Le choix de la couverture a la forme d'un timbre carré posé sur la pointe, illustré d'une scène de gratte-ciel devant les rayons d'un soleil levant et survolé par un dirigeable. Très années trente et cinquante.

Une devise latine sur chaque côté : Per ardua ad astra, « À travers l'adversité, jusqu'aux étoiles » d'après la Wikipédia en français. Une devise choisie en 1912 pour les premières forces aériennes britanniques et reprise par plusieurs forces aériennes du Commonwealth. Les connaisseurs d'Arthur Russell sauront trouver le lien entre l'artiste et cette devise.

Sur la musique et l'album, je vous laisse juge. Le projet et sa réalisation est expliqué dans une vidéo du label avec les membres du collectif.

lundi 17 avril 2017

Timbres et monnaies de Nouvelle-Calédonie et Bermudes aujourd'hui

Tandis que les Guyanais s'interrogent sur le développement de leur région d'outre-mer et que la surtaxe aérienne du courrier outre-mer disparaît entre vingt et cent grammes depuis le premier avril dernier, la Nouvelle-Calédonie devrait se diriger vers une consultation d'auto-détermination en 2018 : pays autonome au sein de la République française - déjà le cas actuel - ou indépendance ?

Cela suppose des signes de souveraineté ou d'autonomie : drapeau, hymne, timbres, pièces, etC.. Les médias offrent des rappels pour ces deux derniers.
Le timbre de 75 francs pacifiques, émis le 7 juin 2013 pour annoncer l'ouverture de la boutique Caledoscope (site de l'agence philatélique OPT NC).
Le numéro daté quinze avril 2017 d'Atout timbres comprend un entretien avec la directrice de Caledoscope, l'agence philatélique néo-calédonien, dont le nom est apparu avec l'ouverture d'une boutique à Nouméa, pendant l'été 2013 et devenu la marque philatélique néo-calédonienne en 2014.

Intéressant propos avec le fonctionnement de la Commission philatélique de l'Office des postes et télécommunications de Nouvelle-Calédonie, son choix actuel d'un programme restreint et la problématique de la taille-douce rappelée comme un coût, donc adaptée aux fortes valeurs faciales - imprimerie de sécurité.

Les noms des artistes habituels néo-calédoniens sont rappelés : Jean-Richard Lisiak, Jean-Jacques Mahuteau, Paula Boi Gony.

Suivi d'un article sur les principales thématiques des timbres de l'archipel... Avec une question : trois timbres pour le phare Amédée ?!

Côté monnaie à présent.
Les matrices des faces des pièces de cent francs pacifiques : Marianne commune (ici sans millésime) et les faces néo-calédoniennes et polynésiennes. Wallis-et-Futuna (photographie par Alain Jeannin, La 1ère, mars 2017).
Le jeudi trente mars 2017, La 1ère, le réseau des chaînes publiques d'outre-mer, a proposé un reportage télévisé sur la gravure et la frappe des pièces en franc pacifique à l'usine de la Monnaie de Paris, à Pessac, dans l'agglomération de Bordeaux, diffusé également dans le journal régional de France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Métaux stockés, composition antibactérienne mais peu de nickel calédonien, graveur ajoutant le nouveau millésime sous Marianne, frappes à grande vitesse.

Côté outre-mer britannique sur le même thème de se faire connaître : l'entreprise de communication BermudaMedia a réalisé un entretien avec le directeur du Bureau philatélique des Bermudes, mis en ligne le jeudi six avril sur youTube.
Le bureau de poste de Perot, de 1812, ouvre le publi-reportage. Il fut le maître de poste qui émit les premiers timbres de Bermudes (copie d'écran du reportage de BermudaMedia.bm).
Stanley Taylor insiste sur le petit nombre d'émissions (quatre séries) nécessaire pour le service postal dans le territoire britannique au large des États-Unis. En savoir plus sur la partie philatélique du site du Post Office bermudéen.

Le court reportage promotionnel rappelle le reportage sur les Bermudes, comprenant une rencontre avec le même directeur, réalisés par Basil Herwald et publiés dans les numéros datés mai et juillet 2015 de Gibbons Stamp Monthly.

dimanche 16 avril 2017

Classe ouverte : un chocolat équitable en voilier

This article is available in English on SebPhilately's.

Poursuivons ce grand week-end chocolatier, toujours avec Rococo Chocolates (non, je n'y gagne rien).
La face avant d'une des tablettes de la Grenada Chocolate Company, distribuée par Rococo Chocolates au Royaume-Uni.
Donc, comme raconté hier, j'avais moins de contraintes côté bagage pour le voyage annuel vers Liverpool et Chester en janvier dernier. Je me suis laissé convaincre par le responsable de la boutique chestérienne de Rococo d'aller voir plus grand que les Bee Bars florales.

Certes, plusieurs Artisan Bars y sont passés, qui sont aux Bee Bars ce que les feuillets commémoratifs sont aux timbres isolés d'une émission. Voilà, la philatélie, c'est fait.
L'emballage complet... Non, pas de photo de la tablette, elle n'a pas survécu bien longtemps à son ouverture pendant un repas de fin de semaine au travail. Quel délicieux souvenir...
Et c'est là que j'ai été intrigué par des tablettes emballées de manière fort différentes que les tons pastels et fleurs de Rococo : paysage maritime, bord de plage avec arbre portant des cabosses de cacao.

Du chocolat qualifié de tree-to-bar, directement de l'arbre à la tablette puisque la coopérative de fermiers et de chocolatiers The Grenada Chocolate Company exploite vingt hectares de cacaoyers en agriculture biologique et dans une logique de commerce équitable envers les fermiers membres.
Cabosses de cacao sur leur arbre sur timbre de 1966 (via Colnect.com)
Initiée par trois associés, elle réalise toutes les étapes nécessaires à la production et l'emballage de sa production sur place, à Hermitage, dans la paroisse Saint Patrick de Grenade, dans les Antilles, afin d'être totalement autonome (lire comment cette autonomie électrique et ses contacts équitables avec ses diffuseurs permit à l'entreprise de survivre aux ouragans Ivan et Émilie sur le site de Rococo).

Dernier détail pour l'autocollant en haut à droite, qui jure sur l'illustration, mais fait une excellente anecdote pour le vendeur britannique : si son usine utilise logiquement l'énergie solaire stockée en batteries, la coopérative a réussi à trouver un navire à émission nulle de carbone... Le Tres Hombres.
Le Tres Hombres en 2013 : trente-deux mètres, trente-cinq tonnes, équipage de cinq marins professionnels et dix stagiaires dont vous pouvez faire partie (Fairtransport.eu).
En effet, depuis 2007, la compagnie Fairtransport de trois Néerlandais proposent des routes commerciales en bateau à voiles, façon clipper avant la machine à vapeur ! D'ailleurs, ce sont des navires restaurés du dix-neuvième siècle. De quoi lire la thèse de Seija-Riitta Laakso sur vitesse et communication au temps de la concurrence voiles contre vapeur de manière très différente un siècle après le triomphe des motorisations à essence.
La carte des dessertes actuelles des trois navires de Fairtransport. Par contre : oublier les conteneurs, chargement à l'ancienne. Mais tout doit-il être pressé ?
Fairtransport dispose de ses trois bateaux à voile rénovés, d'un projet de bateau à voile moderne (en cours de financement) et d'une alliance avec deux autres entreprises-navires à voiles. Le label autocollant suppose tout de même jusqu'à dix pour cent de transport carboné : le problème des premiers/derniers kilomètres à terre.

Un chocolat au goût prononcé, peu sucré, aux producteurs de matières premières grenadiens respectés, dont la valeur ajoutée issue de la transformation en tablettes est majoritairement diffusée dans l'économie du pays d'origine, et dont le transport transocéanique ne pollue pas.

Cela justifie son prix et une réflexion pascale : faut-il toujours se goinfrer de chocolat pour être heureux ?

samedi 15 avril 2017

Classe ouverte : gravures chocolatières

This article is available in English on SebPhilately's.

Pâques laïques et passions personnelles obligent : chocolatons britanniquement.

Sac de jute aux couleurs et gravures de Rococo Chocolates, vendu depuis début 2017 (prise chez moi, désolé pour le designer du sac).
Dès ma première visite annuelle à Chester, au nord-ouest de l'Angleterre, en avril 2013, j'ai découvert par le hasard des emplacements la chocolaterie Rococo Chocolates. Installée principalement dans le centre de Londres, l'entreprise créée en 1983 par Chantal Coady avait ouvert une boutique en 2012 dans la provinciale Chester, pile sous l'horloge victorienne ornant la porte orientale des anciennes fortifications, en plein centre piétonnier et ses maisons à colombages.
L'Eastgate, au centre de Chester, et l'horloge installée en 1899. La boutique Rococo se trouve - pour quelques jours encore - après la fortification à gauche (photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd 4.0).
J'avais quelques instants d'avance à un rendez-vous sous cette immanquable horloge, j'en ai profité pour découvrir ce chocolatier plus discret qu'un concurrent trop éclairé dans la vitrine duquel trônaient d'écœurantes fontaines de chocolats trop sucrés et liquides - et j'adore le chocolat, c'est dire.
La boutique Rococo Chocolates sous l'East Gate, à Chester en janvier 2017 (photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd 4.0).
L'accueil y est, chaque année, enthousiaste, les choix du client acceptés et les conseils vers d'autres produits non coercitifs. Il n'y a pas que dans les commerces philatéliques londoniens que la politesse marchande britannique s'exprime. Pendant quatre ans, pour suivre les dimensions de bagages acceptables par les compagnies low cost, je me suis contenté des petites tablettes de dégustation aux ingrédients floraux (les Bee Bars).

Maintenant, comment passer du publi-reportage - voir Le Figaro Madame pour des chocolatiers français - à un blog philatélique amateur ?
Le sac en carton remis aux clients avec ses achats chez Rococo Chocolates. Gravure et chocolat... pourvu que je n'ai pas donné des idées aux commerciaux de φl@poste : le programme φl@télique taille-douce φr@nçais réémis en chocolat chaque Noël.
Les sacs remis aux clients sont illustrés, de l'époque du plastique aux actuels cartons légers, de gravures de moules pour chocolat. Miam.

Parmi les nouveautés apprises lors de la visite de janvier 2017, ces gravures - notamment la coupe d'une cabosse contenant les fèves de cacao - illustrent les deux grandes faces d'un sac de jute et coton, vendu aux clients recherchant un sac de courses en ville réutilisable et solide.

L'autre est que la boutique de Chester va déménager, rapporte David Holmes dans le Chester Chronicle le vingt-neuf mars. Même si son existence est liée aux liens initiaux entre la chocolaterie et le groupe immobilier Grosvenor, elle est à l'étroit, coincé entre un café-restaurant et l'entrée de l'hôtel Grosvesnor.

En mai, l'équipe déménagera dans Northgate Street, de l'autre côté de la cathédrale - et sa maquette en Lego, entre un petit bureau de poste et un fromager. Là, une activité de salon de thé avec, bien entendu, chocolat chaud, sera rendu possible, et même la fabrication de chocolat sur place ! Chocolatiers et la divine machine à chocolat seront installés au sous-sol pour une production locale et des séances de dégustation.

Vivement le pèlerinage chestérien 2018.

vendredi 14 avril 2017

Effets boomerang aux Pays-Bas et aux Maldives

Deux feux de broussailles déclenchés par des philatélistes ont pris ces derniers temps. Le premier est en cours d'extinction rapide d'ici juin. Le second est sous contrôle, mais connaîtra peut-être quelques effets intéressants pour les collectionneurs de nouveautés.

Économiser sur l'oblitération
« Le cachet de la poste fait foi » en France.

Aux Pays-Bas, PostNL a eu une lecture stricte de cette maxime et les participants du forum anglophone StampBoard.com ont largement diffusé et commenté le conflit que l'opérateur postal provoqua avec les philatélistes.

En janvier dernier, l'oblitération par cachet a disparu des lettres recommandés et des colis déposés à un comptoir postal néerlandais, sûrement parce que les éléments d'identification et de suivi portent la date de dépôt sur eux. Tous les commerces accueillant ces points-poste ont donc reçu l'ordre de renvoyer leurs tampons et d'annuler les timbres de ces envois...

... cri strident façon maison des horreurs...

au stylo !

Le reste du courrier étant oblitéré normalement au centre de tri.

La bronca philatéliste ne manqua pas - De quoi manqua-t-elle de force en France sur les oblitérations à code ROC ? : tant d'efforts à coller des timbres sur recommandé et colis, demandes d'annulations de timbres bien marquées et lisibles... Non ! Les coûts du petit matériel n'étaient pas une excuse.

Pourtant, la note envoyée aux comptoirs postaux leur demandait de diriger les collectionneurs vers le numéro du Collect Club, le service philatélique local.

Fin février, Post NL annonça revenir sur sa décision, même si elle devait désormais fournir tous ses points de vente avec un nouveau cachet. Cette semaine, le nouveau modèle d'oblitération a été présenté, dont les tampons devraient être dans chaque point-poste d'ici le jeudi premier juin 2017.

D'après un historien postal, autorisé par PostNL à scanner les empreintes de tous les cachets*, une bonne partie d'entre eux avaient besoin d'être réformés. L'effet de séparer l'entreprise des petites mains des bureaux : difficile de connaître l'état du matériel qui frappe pourtant l'image que les destinataires auront de l'entreprise.

Car si j'emploie les expressions de comptoirs postaux, commerces accueillant ces points-poste, points de vente, c'est que, depuis les années 2000, PostNL ne possède plus aucun bureau de poste - comme la séparation/querelle des directions Enseigne/Industrie avec La Poste en France. Vivement l'historien qui résumera la mode du découpage en tranche opératoire des postes européennes dans les années 2000.

Les Maldives ou pas les Maldives sur WOPA ?
Cette semaine, un site de suivi de nouveautés et quelques commentaires sur Twitter ont fait suffisamment douté la direction de la galerie commerciale WOPA au sujet d'un de ses nouveaux membres.
Les services philatéliques membres de WOPA : d'abord, il y eut de petits pays européens. Mais, depuis quelques temps, des postes de grands pays rejoignent ce système mondial de vente : Belgique, Suède, Suisse, Hongrie,... France (capture d'écran le vendredi quatorze avril 2017).
WOPA ou l'Agence philatélique mondiale en ligne est un site hébergé par le service philatélique du Royal Gibraltar Post Office afin de proposer un espace de vente aux postes nationales. Particularité pour les clients : choix de la langue (dont le chinois), de la devise, plusieurs pays disponibles en un seul site et, surtout, vente à valeur faciale (même si les frais de port dépendent de chaque opérateur).

En début de semaine, un mail de WOPA annonçait l'arrivée des Maldives ! C'était le premier pays très en dehors du continent européen, à l'exception d'Israël, des deux opérateurs du Kirghizistan en Asie et des Pays-Bas caribéens (sans tenir compte du bureau new-yorkais des Nations unies, ni du débat géographique sur le Groenland).

Cependant, mardi onze au matin, White Knight, l'auteur du blog Commonwealth Stamp Opinion et ses lecteurs, tous amateurs de nouveautés des pays appartenant ou ayant appartenu au Commonwealth, ont sèchement commenté l'arrivée des Maldives... Ils y retrouvaient toutes les nouveautés 2015 et 2016 en vente sur le site de Stamperija, l'agence philatélique lituanienne fournissant nombreuses émissions multithématiques au monde entier, il semble, mais il y a un manque de volontaires pour visiter les bureaux des pays sous contrat et y vérifier l'arrivée des timbres.

En début d'après-midi, Glendon Martinez, un des dirigeants de WOPA, intervenait de suite, assurant qu'à sa connaissance c'était le service philatélique des Maldives et non un tiers qui avait demandé sa participation au site. Mais, il acceptait de retirer les pages maldiviennes, le temps de procéder à une vérification... Après tout, d'autres opérateurs participants peuvent être accusés de production de papiers-peints et vignettes coûteuses, mais ils les vendent eux-mêmes sur WOPA.

Le lendemain mercredi, White Knight résumait la situation et plantait une nouvelle banderille dans le dos de WOPA : la photographie aérienne de la page suspendue - îles rocheuses couvertes de forêt dense - ne correspondait absolument pas à l'archipel des Maldives, composé d'atolls bien moins élevés.

La suite au prochain épisode sur WOPA ou le Commonwealth Stamp Opinion.

Note du samedi quinze avril 2017 :
L'inventaire des marques postales des Pays-Bas se trouve sur le site de l'Académie néerlandaise de philatélie : par ici.

mercredi 12 avril 2017

Exigeantes et plaisantes conférences vers les confins méridionaux de l'Empire

Période classique : entiers postaux, premières cartes postales, histoire postale, routes maritimes... Des sujets exigeants pour mes modestes connaissances... Heureusement que des collectionneurs savent exposer, écrire ou parler de ses sujets.

Côté exposition, espérer revoir la collection que Brigitte Abensur présenta à Paris-Philex, en mai 2016, en mai 2016. Avec les mêmes timbres de Napoléon III, côté écriture, relire les articles de Laurent Veglio dans Timbres magazine depuis septembre 2015...

Côté conférences, après les entiers-enveloppes de Saxe par Armin Knapp en mai 2016, une nouvelle intervention sur les entiers m'a, avec surprise, intéressé un jeudi soir de février grâce à la Royal Philatelic Society London, suivie deux mois après par une autre enchaînant, avec une facilité d'écoute, les enveloppes les plus exigeantes à étudier pour l'historienne postale.

Cartes-entiers de l'État libre d'Orange.
Ainsi, le jeudi vingt-trois février dernier, Mike Smith exposa les principes des entiers postaux d'une des républiques boers, l'État libre d'Orange, enclavé dans la future Afrique du Sud.
Une des nombreuses variantes des cartes postales imprimées par Carl Borckenhagen... Mais celle-ci oblitérée le deux mars 1895 a une histoire très particulière (copie d'écran de la conférence de Mike Smith, au siège de la RPSL, le jeudi vingt-trois février 2017).
Une part non négligeable de son propos fut de l'ordre de l'étude-catalogue des différences entre les tirages londoniens commandés à De La Rue dès 1884 et ceux réalisés localement par Carl Borckenhagen à partir de 1889... Sans oublier les quelques-uns utilisés par la république boer du Stellaland pendant sa courte indépendance (1882-1885) avant une invasion britannique.

Mais largement illustré d'entiers ayant servi vers la colonie britannique du Cap - ces cartes furent créées pour servir dans le cadre d'une convention postale entre Orange et Le Cap de 1883, Johannesbourg dans l'autre république boer du Transvaal, et bien au-delà. Pimenté aussi de taxation dont une vers l'Autriche et revenu en Afrique du Sud pour cause d'adresse insuffisante, et bien sûr de marques de censure avec la guerre des Boers qui marque la conquête de l'État d'Orange par le Royaume-Uni.

Des récits pimentent les pièces rangées dans l'ordre du catalogue. Comme l'importance du patron de presse d'origine allemande Carl Borckenhagen dont l'imprimerie réalisa les entiers, quitte à ce qu'un tirage fauté vit les timbres préimprimés avec le sceau du journal au lieu de celui de l'État...

Petit récit avec la correspondance d'une carte illustrée ci-dessus : signé Arthur Tolkien en 1895, comme le père banquier, Anglais expatrié à Bloemfontein, du grand philologue, écrivain, inventeur d'un univers complet, de ses langues et de ses mythes. L'écrivain a alors trois ans et est rentré en Angleterre avec sa mère, mais son père meurt en 1896, premier des nombreux obstacles de la jeunesse de J.R.R. Tolkien.

Pour ceux qui auraient besoin d'une carte libre de droits d'auteur de l'Afrique du Sud en 1885, la base Commons de Wikimedia propose celle du Scottish Geographical Magazine.

Premiers courriers, premières routes de et vers l'Australie-Méridionale.
Inconvénient des conférences et expositions d'histoire postale « des origines à... » est qu'elles montrent des pièces dont j'ose à peine évaluer la rareté et la valeur. Avantage : la générosité en temps de leurs propriétaires à les exposer et les commenter par écrit ou oralement.

Ainsi, le six avril dernier, malgré une collection incroyable de premières marques de... ou d'usages de timbres de forte valeur faciale vers des destinations inattendues, Pat Grimwood-Taylor a un incroyable talent d'oratrice. Elle m'a captivé - public facile, suis-je ? - pendant cette demi-heure où les enveloppes se sont enchaînés arithmétiquement vite, mais au rythme le plus juste pour en comprendre le sens philatélique et historique.

L'objet était donc l'histoire postale des premières décennies de l'Australie-Méridionale, South Australia, colonie britannique fondée en 1834 d'hommes libres, au contraire des établissements de Nouvelles-Galles-du-Sud (constituant alors tout l'Ouest du continent : un petit gif wikipédien pour suivre) fondés comme des pénitenciers et le déversoir de la pauvreté anglaise.

La passion sud-australienne qui anime Mme Grimwood lui permet de réaliser un véritable cours sur les routes maritimes suivies par les courriers au départ d'Adelaide, la capitale... en ayant le temps d'expliquer avec clarté - à la Geoffrey Lewis - comment le Post Office britannique et son homologue colonial se répartissait les coûts du trajet, lettre par lettre.
Lettre envoyée en double d'Adelaide pour l'Écosse via Marseille le douze juillet 1855, en recommandé. Le 10 (dcimes) manuscrit est dû à l'administration postale française, le 6 au Post Office britannique (recommandation). Ne m'en demandez pas plus... Si je n'ai pas déjà réussi à faire une erreur dans ce résumé (copie d'écran de la conférence de Par Grimwood-Taylor, au siège de la Royal Philatelic Society London, le jeudi six avril 2017).
L'idée essentielle étant que le chiffre est la part due au Post Office britannique selon la part du service maritime postal qu'il finançait : 1 pence s'il l'était par les Sud-Australiens, 3 pence si à parts égales, 5 pence s'il l'était par les Britanniques.

Le point culminant est atteint avec la dernière enveloppe présentée de Anthonys Lagoon, en plein Territoire du Nord sous administration méridionale, pour Wimbledon en Angleterre, oblitérée du vingt-sept janvier 1891...

Mais une marque « TOO LATE », raconte l'historienne postale, signale qu'elle rata le départ du cavalier postal de nuit à Camooweal pour Borroloola, le quatorze février. Deux semaines ensuite, il reprend son chemin multi-modal assez complexe : par bateau à partir de Burketown jusqu'à Sydney puis Melbourne et en train pour Adelaide. Enfin, par bateau transocéanique, il atteint l'Angleterre via une escale à Naples en mai 1851. Pfiou.
Merci de croire la conférencière quand elle affirme que les péripéties de cette lettre ont eu lieu au milieu de nulle part (Google Maps, la fonction itinéraire sert juste à garder en place les quatre lieux cités).
Pfiou pour le parcours de la lettre. Pfiou pour les recherches nécessaires pour retrouver ce parcours.

Les visiteurs du site de la RPSL peuvent retrouver les très complets fascicules des collections exposées ; ils peuvent aussi écrire au Secrétariat de cette Société pour demander l'adresse de la conférence filmée sur youTube.

lundi 10 avril 2017

Les "quêtes Fedex" dans les jeux vidéo

Les différents épisodes des jeux Grand Theft Auto, The Elder Scrolls et The Legend of Zelda ont plusieurs points communs.
Link de The Legend of Zelda. Mais pourquoi pas de timbre sur Claude de Grand Theft Auto III pour le bloc Héros du jeu vidéo de 2005 (Phil-Ouest.com) ?
Partir en missions et les réussir pour résoudre l'intrigue principale bien sûr, mais aussi laisser au joueur une grande liberté d'exploration d'un « monde ouvert » depuis une île-État fédéré parodiant les États-Unis dans GTA à un morceau de continent fantastico-médiéval dans The Elder Scrolls ou un royaume de fantasy comprenant tous les milieux terrestres pour The Legend of Zelda.

Cette exploration est récompensée de trouvailles au hasard : armes et boucliers puissants, ingrédients de potions. De rencontres essentielles pour des placements en bourse d'initiés (GTA) ou pour être dirigé vers des quêtes secondaires, non obligées pour l'intrigue sauf à pimenter le jeu de rôles.
Auto-parodie des quêtes Fedex dans le dernier Zelda : ce personnage vous achète vos champignons-tempo par paquet de cinquante-cinq... Cinquante-cinq ??? Décidément. (Nintendo, via SuperSoluce.com)
Le souci est quand ces mini-aventures sont qualifiées par les joueurs de « quêtes Fedex ». En général, un personnage non jouable (PNJ) vous demande de jouer le messager ou de trouver un nombre x d'un certain objet du jeu et de les lui ramener.

Pourquoi le transporteur express Fedex ? Et pas un de ses concurrents états-uniens ? Signe de sa suprématie au moment de l'apparition de l'expression, peut-être mi-années 2000 avec World of Warcraft, le maître de tous ces jeux mais en ligne permettant à des milliers de joueurs de vivre ensemble le même univers ?

Néanmoins, l'expression a une telle vérité dans les jeux à monde ouvert que les derniers en date ont atteint le niveau de la parodie. Sauf les GTA où les missions de livraison illégale de produits illicites (et inversément) constituent des étapes imposées dans l'échelle de la délinquance et du crime.

Dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild, sorti le trois mars, même le scrupuleux Nintendo s'y met : une hôtelière dérangée vous imposera d'aller chercher des sauterelles juste pour se débarrasser de vous tandis que l'habitant d'un canyon désertique vous achète des champignons de falaise par paquet de cinquante-cinq... De falaise pour vous rappeler que ce jeu est quasiment une simulation d'escalade.

samedi 8 avril 2017

Rien n'arrêtera l'effigie Machin !

Le cinq juin prochain, le type Machin aura cinquante ans d'usage sur les timbres d'usage courant du Royaume-Uni et, même si The Guardian a déjà raconté, le dix-sept mars, le protocole entourant la disparition de la Reine, rien ne semble pouvoir l'empêcher de rester sur les timbres de Royal Mail jusqu'à la fin des temps.

Quelques preuves de 2017 grâce à Ian et John Billings, du commerce Norvic Philatelics, dont le blogle site et la boutique constituent des références permanentes, aux côtés des chroniques mensuelles « Machin Watch » d'un autre marchand, John M. Deering, dans Gibbons Stamp Monthly.

Passons sur le suivi annuel des millésimes et codes-produits cachés dans l'encre iridiscente depuis les dernières mesures de sécurité de février 2009. Et aussi sur la stabilisation des étiquettes de port payé portant l'effigie dorée dans leur coin supérieur droit.

Cinq livres par cinq livres, le bilan financier sera bien ivre.
Essorons d'abord les porte-feuilles avec un cinq livres sterling bleu saphir grand format pour les soixante-cinq ans de l'accession au trône d'Elisabeth II, le six février dernier... Soixante-cinq ?!! Quelle est cette passion pour les anniversaires arithmétiquement exotiques ?
Image d'ordinateur du cinq livres (boutique de Royal Mail).
Certes, ce jour de deuil pour la Reine, est régulièrement jour d'émission jubilaire pour Royal Mail, mais à cinq livres sterling (à l'unité gommée ou en feuillet de dix cough... cough...), plusieurs machinistes britanniques ont soupçonné que les timbres seraient introuvables dans les bureaux de poste qui stockent uniquement l'essentiel en termes de timbres : les tarifs les plus demandés et un tout petit nombre de presentation packs en cas de collectionneurs vivant dans leur secteur.

Amusant : la mention iridescente de sécurité reprend le nom de l'évenement à l'infini, dont un ACCESSION est transformé en ACCE17ION  pour inclure le millésime.

Et une augmentation colorée des tarifs internationaux, une !
Comme chaque année, les tarifs postaux de l'opérateur privé britannique soumis au service universel du courrier ont augmenté le vingt-sept mars, les lettres intérieures les plus lourdes et les services spéciaux d'une part, mais surtout le courrier aérien international. Davantage le courrier pour l'Europe que le reste du monde aussi.
Un joli arc-en-ciel pour neuf livres sterling (via le blog de Norvic Philatelics).
Au bilan, il a fallu réémettre cinq timbres avec leur valeur faciale à jour et les dents des collectionneurs ont grincé... Le blogueur machiniste Andrew Hill calcule à peine moins de neuf livres sterling pour les cinq Machins de £1.17 à £2.55. Presque vingt livres si vous collectionnez aussi les huit usage courant aux symboles des quatre nations nécessaires.

Il s'en amuse en rappelant que le £1.57 permet d'envoyer une correspondance jusqu'à soixante-dix grammes au Kazakhstan, mais pouvoir suivre son arrivée. Vu les ports que je supporte pour mes récentes commandes britanniques de livres... Attendre le colis à l'ancienne devient un jeu de hasard plaisant au compte en banque.

Dernier débat marronnier : du nom de ces nouvelles couleurs chatoyantes. Jeffery Matthews est à la retraite, Royal Mail a toutefois besoin de nouvelles teintes qu'elle dénomme (traduction personnelle sûrement pas assez littéraire) : £1.17 rouge soleil levant [le soleil levant est très orange en Angleterre], £1.40 pin vert foncé [à confronter aux divers pins et sapins de nos régions et du Commanwealth], £1.57 vert de Tarragone [pour les amateurs de spiritueux], £2.27 moisson doré [trop de victoires britanniques au Tour de France au milieu des champs de blé] et £2.55 rouge grenat...

Rouge grenat ?!

Quelle banalité pour une si forte valeur faciale :)

Cinquante ans de vidange de porte-feuilles. Et l'art dans tout ça ?
L'attente des émissions du cinquantenaire du type Machin a pris fin, cette semaine, avec l'arrivée des bulletins d'information de Royal Mail chez les marchands et les collectionneur abonnés au Philatelic Bulletin.

À la fois enthousiasmant et décevant.
Le premier et ravissant feuillet du cinquantenaire du Machin, les différentes étapes de la réflexion artistique d'Arnold Machin (Royal Mail Philatelic Bulletin via le blog de Norvic Philatelics).
Deux blocs-feuillets seront proposés. Pas un, deux.

Pour le feuillet que je ne reproduis pas ici, allez voir sur le blog de Norvic Philatelics : il est moche et heurtera la mémoire d'Arnold Machin qui n'avait pas apprécié de son vivant les quelques essais de faire varier la forme du type dans les années 1980 sans son accord. Résultat : un alignement de réémission des différents formes du type depuis le quatre pence noir jusqu'à un nouveau £1 grand format gaufré.

Nouveau pour être sûr de faire dépenser ?

Cinq pi plus vingt pi plus quatre fois soixante-cinq pi de First Class plus une grosse livre égalent trois livres quatre-vingt-cinq pas très bien agencées... Le carnet de prestige de 1999 avait plus de classe... coûteuse certes, mais la version taille-douce par Czesław Słania tout de même.
La couverture de A Timeless Classic de Douglas Muir. Parmi les bas-reliefs d'Arnold Machin, un doit être au musée postal londonien, un dans la salle d'exposition de la Royal Philatelic Society London, et, sauf erreur, deux ont connu des ventes aux enchères cette dernière décennie.
L'autre feuillet, illustré ci-dessus, est bien plus digne, accessible et utilisable sur courrier avec ses six timbres de première classe (soixante-cinq pence chacun donc). À admirer en relisant les mémoires d'Arnold Machin, ou la genèse de l'effigie Machin avec A Timeless Classic de Douglas Muir, le conservateur du Postal Museum de Londres (ouverture en juillet !).

Mais aussi des Post & Go !
Pour toucher un public plus large, six timbres de distributeurs Post & Go (les LISA d'Outre-Manche) sont aussi prévus. Rappelons que, si Royal Mail ne s'est mis qu'en 2008 aux automates de vente de timbres à valeur à la demande, elle et son prestatire Intelligent AR n'en finissent plus d'émettre de nouvelles illustrations, de proposer lors des salons philatéliques ou de laisser des musées proposées des mentions spéciales...

Le cinquantenaire Machin ira plus loin encore !
La version rouge du Post & Go du cinquantenaire de l'effigie Machin, cette fois-ci celle qui a servi en coin des timbres commémoratifs de la fin des années 1960 pour remplacer l'envahissante photographie de trois quart de Dorothy Wilding (Royal Mail Philatelic Bulletin via le blog de Norvic Philatelics).
Oui, oui, c'est bien une effigie royale par Arnold Machin. La première réflexion philatélique fut, pour le sculpteur, de réadapter le profil qu'il avait créé pour la Monnaie britannique, allégeant le diadème. L'objectif était alors de pallier les plaintes des artistes de devoir consacrer un tiers de la surface des timbres commémoratifs à l'effigie photographique de Dorothy Wilding... Associées au désir républicain du ministre Tony Benn et à l'élan artistique de David Gentleman (récit repris dans un documentaire philatélique récent de la BBC), ces plaintes et le côté un poil remuant du duo Benn-Gentleman incitèrent la recherche de solutions d'usage courant et de commémoratives qui aboutirent aux effigies Machin.

Vraiment, il faut lire A Timeless Classic. Et les livres illustrés par Gentleman.

À la fois hommage à l'œuvre d'Arnold Machin et au règne démarré bien jeune par Elisabeth Windsor, la déclinaison en six couleurs avec un effigie inhabituelle permettra de faire prendre conscience au grand public de l'histoire du timbre qu'il manipule le plus depuis cinq décennies.

Néanmoins, la Royal Mail ayant tendance à imprimer des mentions spéciales sur ces timbres de distributeur, évitez de passer au nouveau musée postal en juillet ou à Stampex en automne si vous tenez à votre petite monnaie.

Pour collectionneurs exigeants.
Hélas, les plus aguerris d'entre les collectionneurs sont à la recherche de la note parfaite en exposition internationale, du cent pour cent. Il est dur de les convaincre - Ou sont-ce les juges ? - qu'il est possible de collectionner et étudier un type d'usage courant sans rester lover au chaud dans son fauteuil.

Heureusement qu'il y a toujours des archives perdues pour retrouver la lumière au meilleur moment !
Presque vingt ans après leur impression (octobre 1997), les feuilles d'essais de Courvoisier arrivent dans les musées et sur le marché philatélique (Kelleher Auctions, dont je conseille la lecture du magazine créé en 2015).
En janvier, la maison états-unienne Kelleher Auctions a fait sensation en annonçant qu'elle présenterait au salon Stampex de Londres en février des essais inconnus du type Machin. Réalisés par l'imprimeur suisse Courvoisier en 1997, avant sa fermeture en 2001 avec dispersion de ses archives philatéliques. Alors, Royal Mail se fournissait auprès de l'imprimeur britannique House of Questa en offset, mais souhaitait pendant les années 1990 de passer en héliogravure ; l'opérateur postal autorisa Questa à commander des essais à Courvoisier qui disposait des machines et de l'expérience.

En janvier, Ian Billings pouvait montrer trois exemplaires en vert, gris et orange, sans indicateur de valeur. Il expliquait que le nombre de feuilles était encore inconnu, donc qu'il était difficile d'estimer une première valeur de vente. Et que le Musée postal londonien a réussi à en obtenir une feuille de chaque couleur.

Ce mercredi cinq avril, il a pu mettre à jour les informations marchandes : deux jeux de trois feuilles (soit deux cents séries de vignettes détachées au maximum) seront écoulés sur le marché britannique, un propriétaire privé conservant le reste aux États-Unis. D'après les discussions avec Kelleher, ce propriétaire espérait cinquante mille dollars pour les trois feuilles exposées à Stampex, soit quelques centaines de livres sterling le jeu de vignettes différentes !

Finalement, Norvic Philatelics propose le jeu de trois pour cent cinquante livres sterling. Entrez par mail sur la liste d'attente.

Conclusion du premier semestre 2017 : 
ne parlez pas de philatélie à votre banquier,
encore moins à votre conjoint.

Sinon, Royal Mail vous propose aussi son programme commémoratif.

vendredi 7 avril 2017

Armes chimiques... La thématique guerrière s'étend

Entre hier, la réflexion de cet article, et ce matin, les événements de la nuit montrent que les tensions actuelles dans le monde sont vives... et que la philatélie permet de les évoquer. Après le fusil-mitrailleur et le lance-roquettes, les gaz de combat :(

D'après mes recherches avec le moteur de recherches Google ne semblent pas montrer d'administration postale ayant osé émettre des timbres commémorant l'importance des armes chimiques. Dieu merci !
Pour le dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, en 2007, l'Iran va au cœur du sujet : les effets des produits militarisés sur les victimes survivantes (via un site philatélique marchand états-unien).
Difficile échiquier géopolitique qu'est devenue la Syrie depuis six ans : une dictature héréditaire et clanique (une vidéo pédagogique sur comment les dictateurs et dictatures vivent longtemps), des rebelles aux projets futurs variés. Pimenté des conséquences de l'aventure bushienne en Irak : Daesh, un groupe djihadiste sans état d'âme (et frappeur de monnaies pour numismates complices).

À faire mijoter dans le chaudron d'une Russie revendiquant - brutalement ? - une place mondiale que la manière - ultralibéralement brutale ? - dont fut gérée la fin de la Guerre froide ne lui avait pas accordée. N'oublier pas d'ouvrir ou fermer le feu selon les intérêts régionaux multiples : Turquie sultane contre Kurdes, l'Iran protecteur des chiites, les monarchies conservatrices de la péninsule arabe marchant sur des œufs,...
Les timbres-chocs de l'Iran furent un moyen d'accuser l'Irak de Saddam Hussein après le bombardement chimique à Halabja, pendant la rébellion de Kurdes irakiens en  1988... contre lequel les puissances occidentales avaient peu réagi sur le moment (via une vente sur Delcampe)
Au milieu, les civils, hommes, femmes, enfants, veuves, orphelins, etc. Dernièrement, les Nations unies estiment à cinq millions les Syriens réfugiés hors de leur pays : un quart de la population ! Quelle fraction des habitants, encore dans le pays, ont fui les zones de combat ou de contrôle djihadiste ?

Et à cela, chaque année, l'emploi d'armes chimiques - chlore, gaz moutarde, gaz sarin - à plusieurs reprises depuis le début du conflit. Soupçonné systématiquement le Président Assad, souvent Daesh... Quelle vérité dans l'accusation contre des rebelles anti-Assad après l'attaque de ce mardi quatre avril à Khan Cheikhoun ?

Philatéliquement, le sujet est rare.
Un des six timbres de l'Administration postale des Nations unies annonçant la signature de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Cette illustration de Michel Granger pour le bureau de Genève est sûrement la plus évocatrice des six.. (via le site de Michel Granger).
L'émission de l'Administration postale des Nations unies en 1991 appelait tous les États membres à signer et appliquer l'interdiction de l'emploi et de la recherche sur ses armes, et leur destruction... Un échec. Quels États ont encore des stocks ? Ou un manque tel de conscience qu'ils reprendraient - s'ils les avaient interrompues - leurs recherches ?
Discrète pièce thématique : une enveloppe adressée à un officier de l'École de guerre chimique des États-Unis... Glaçant (collection de l'Australien Maurice Mishkel, sur son site auspostalhistory.com)
Pour finir sur les timbres, il reste les États victimes directement ou indirectement de l'usage de ses armes. En début d'article, l'Iran n'oublie pas de montrer, par les timbres, à sa population et au monde les crimes du régime de Saddam Hussein contre les Kurdes et les chiites d'Irak,... que l'Iran appelait à la révolte contre le dictateur.
Timbre du royaume mutawakélite du Yémen surchargés en 1967 pour dénoncer l'emploi d'armes chimiques pendant la guerre civile du Yémen du Nord (via middle-east-info.org).
Le Royaume du Yémen surchargea des timbres au secours des victimes de bombardements chimiques pendant la guerre civile entre la monarchie, qui avait dû accepter puis rompu une union avec l'Égypte de Nasser et la Syrie d'avant-Hafez el Assad, et les rebelles républicains d'inspiration nassériste. Le Royaume accusa l'Égypte de ces crimes.

Les puissances mondiales sont-elles aveugles car l'emploi de ces armes a lieu sur des théâtres de conflit loin des préoccupations de leurs populations ? Faudra-t-il attendre que les scènes du métro de Tokyo de 1995 surviennent plus près des grandes villes occidentales ou russes ?

Pour être complet, il faut évoquer le bombardement d'une base militaire syrienne par les États-Unis, lieu lié à ces armes interdites, cette nuit. Mais, là, il faudrait évoquer l'actualité du Président Donald Trump... Des décennies de biographes suffiront-elles pour expliquer comment, en une seule semaine d'avril, cet isolationniste a-t-il pu renvoyer son âme damnée du Conseil national de sécurité, être choqué d'un épisode de la guerre civile syrienne (après avoir refusé d'en recevoir les réfugiés) et décidé d'une opération militaire aussi lourde de conséquences dans le Grand Jeu mondial actuel...

La thématique Armes de guerre - alimentée seulement en cas de nécessité - compte désormais trois articles... Pour combien de jours ?