dimanche 26 janvier 2014

"Le fardeau du philatéliste blanc"

Hasard des promotions britanniques de fin d'année et de l'éditorial de Gauthier Toulemonde dans le numéro de Timbres magazine de février 2014, en kiosque le dernier week-end du mois précédent, une réflexion sur la vision très anglocentrée des auteurs du manuel d'identification des timbres de l'éditeur Stanley Gibbons.

Exercice régulier de pédagogie répétitive, l'aide aux lecteurs pour savoir de quel pays réel et philatélique provient un timbre, et par là, tenter de savoir dans quel tome du catalogue préféré le retrouver, selon sa nature (pour journaux, fiscal) ou le classement des régions et pays du monde dans ledit catalogue (à la fin de tel autre pays, tout seul dans son coin bien que personne ne se souvienne que ce territoire a pu être totalement indépendant).

À ce jeu, le rédacteur en chef du mensuel français s'en sort avec pédagogie et images de timbres problématiques en partant de la règle édicté par l'Union postale universelle, article RE 1402 : alphabet latin et chiffres arabes, s'il vous plaît. Même les commentaires sur la République turque de Chypre du Nord et le Kazakhstan restent sereines face au petit manuel britannique. Sur les timbres évoqués, majoritairement européens, le concours Eurovision de la chanson, présenté chaque mois de mai en anglais et en français, le moteur de Google et les tables de conversion des alphabets cyrilliques sur Wikipédia doivent résoudre énormément de premiers soucis.
En solde à moitié prix depuis fin décembre 2013, signe d'une nouvelle édition à venir ?
Tout autre est le texte entourant les fort utiles informations de How to Identify Stamps chez Stanley Gibbons, qui m'a donné l'impression de retrouver les textes subjectifs des historiens du XIXe siècle, pour ne pas dire une caricature d'une vision centrée sur un Anglais de type Hobbit n'ayant pas quitté sa Comté.

Pourtant, sa première édition indiquée en début d'ouvrage date de 1983, régulièrement amendé, voire repris complètement en 1988, 1994 et, pour l'édition commandée, 2005 avec deuxième réimpression amendée en 2011. Loin donc du temps des colonies. Le compilateur initial, et peut-être auteur des phrases à venir, fut James Watson, révisé mais apparemment pas réécrit par John Holman, puis Michael Briggs.

Au prix actuel de trois livres sterling (plus port), le guide avance du plus habituel avec les timbres portant des appellations en alphabet latin jusqu'à au plus inhabituel pour un Européen de l'Ouest, successivement : alphabets grec (et multiples États grecs), cyrillique, les États indiens, les écritures de l'Extrême-Orient, le reste (dont alphabets arabe et birmans : par distance, je verrai bien le premier plus tôt et l'autre avec l'Extrême-Orient...), et enfin, les pièges : les timbres vides, ceux qui en portent trop tel ce timbre sur les voyages de Jean-Paul II portant à la fois les noms dans leurs alphabets de Malte, la Grèce, la Syrie et du Vatican !

Des listes assez longues permettent même de ne pas avoir à décrypter et translittérer soi-même les mentions.

Où est le problème alors, à part quelques interrogations sur l'ordre d'étude ?

Le titre de la partie sur l'alphabet latin :

THE NORMAL ALPHABET

???

Normal comme dans norme, c'est-à-dire l'article RE 1402 de l'Union postale universelle que la poste britannique n'a jamais voulu respecter ?

Je ne pense hélas pas que c'est ce sens qui est sous-entendu, d'abord car cette norme ne me semble pas signaler au début de l'ouvrage mais seulement dans les toutes dernières pages quand il faut justement signaler le cas britannique, mais accuser d'autres pays d'avoir osé faire de même en violation des règles de l'UPU !?

De plus, tandis que les parties sur les alphabets grecs et cyrilliques ont droit à un petit historique sur leur invention, rien de tout cela sur l'alphabet qu'il ne faut pas nommer, peut-être apparu tel quel de la main des Romains, et pieusement, recopié par des moines jusqu'à la grande Réforme religieuse d'Henry VIII.

Sauf cette croyance que nous écrivons normalement, et donc le reste du monde anormalement - et que j'espère modifiée dans une réédition prochaine, je vous conseille ce petit guide qui, par son origine britannique, peut compléter certains aspects d'un guide en langue normale.

samedi 25 janvier 2014

Pour une fois que ce n'est pas à cause des Falklands

Agitation politique (et dans les commentaires d'un blog hébergé par Le Monde) en Argentine à cause de la nouvelle série d'usage courant sur les réalisations d'une décennie... et, pour une fois, ce n'est pas à cause d'un échange épistolaire avec les Britanniques de la Royal Mail ou du Falkland Islands Philatelic Bureau (rappel historique avec un petit article de Todd Pierce de 1996 dans une publication de l'Université de Durham).

En se promenant sur le site philatélique de l'opérateur argentin, sans comprendre l'espagnol, l'émission du lundi 20 janvier 2014 est retrouvable avec la légende : pour les Uso Corriente et en vente indivisible pour les Up.
Première partie de la série (site de Correo Argentino).

Seconde partie de la série avec logotype « UP » (Correo Argentino).
 Sur le blog América Latina (VO), depuis le 22, les échanges entre lecteur semblent se focaliser sur l'expression « propagande gouvernementale » et ses définitions anciennes et actuelles en langue française. Minoritaire le point de vue que les timbres peuvent marquer une décennie de législation nationale, davantage ceux qui trouvent que le couple présidentiel Poutine/Medvedev... Mes excuses, je me trompe de pays : Néstor Kirchner, président de la Nation argentine de 2003 à 2007, et de son épouse Cristina Fernández de Kirchner, présidente à son tour en 2007 et réélue en 2011, couple dont le bilan économique serait désastreux si l'on croit encore que ce ne sont pas les grands financiers, spéculateurs et firmes transnationales qui font l'économie mondialisée.

Rien de très nouveau à voir les esprits s'échauffer sur de la politique sur timbres, certains commentateurs du blog du Monde rappellent les inspirations contemporaines d'Olivier Ciappa pour la Marianne de la Jeunesse français, émise en juillet 2013, voire même, pour taper sur la présidence-philatéliste (souvenez-vous les États-Généraux...) de l'Omni-Président, les réalisations de l'Union européenne par Yves Beaujard, carnets de 2008.

 Mais, en poursuivant la découverte du programme philatélique argentin, on découvre que la politique à toutes les échelles n'est jamais loin. Le bloc ci-dessus par exemple : en cliquant, la version grand format permet bien de distinguer chaque État sud-américain. Mais, de loin, le Chili et la Bolivie paraissent imprimées dans la même teinte de bleu... pour ne pas réveiller de vieux souvenirs ?
L'Argentine y a pensé... oui, comme nous, ils ont des arrière-pensées commerciales sur ce continent... et sur le porte-feuille des collectionneurs de nouveautés. Mais, un petit geste timbré, ça fait toujours plaisir (Correo Argentino).
On attend également en Europe de voir marquer les grands moments des autres continents, autres que la colonisation au détriment des peuples natifs (multiples émissions conjointes canadiennes). Alors que les forces armées françaises interviennent régulièrement aux côtés de celles de l'Union africaine dans plusieurs guerres civiles depuis une décennie, nul timbre français ne signale le cinquantenaire de l'ancienne Organisation de l'unité africaine, continent que nous Français et Européens avons pourtant bouleversé depuis plusieurs siècles.
Le trois livres de la série de cinq timbres, rappelant le vote, émis le 15 février précédent (Falkland Islands Philatelic Bureau).
Pour finir, ce n'est pas tout ça, mais revenons aux habitudes de la guerre timbrée entre Argentins et Britanniques : les 10 et 11 mars 2013, seuls quatre électeurs des îles Falkland n'ont pas voté en faveur de la proposition de conserver le statut de Territoire d'outre-mer britannique : trois non (pro-argentins ou indépendantistes ?) et un vote annulé.


Mise à jour du lendemain (le temps de lire le journal en papier) :
Ces timbres arrivent la semaine où les spéculateurs ont décidé de s'amuser avec les devises des pays émergents, avec pièces de monnaie argentines sur lemonde.fr et bureau de change de Buenos Aires dans l'édition datée dimanche 26-lundi 27 janvier du Monde. Allez savoir sur quoi repose cette méfiance... lassitude à embêter les Européens et leurs appétissantes dettes, besoin de cacher les mouvements sociaux et civiques en Chine,... phase de la Lune, année du Cheval,...

Côté histoire postale qui ne se collectionne pas, sauf avec patience de récupérer les documents, puis de les expliquer à des accumulateurs de nouveautés offset : le même numéro du Monde, en vente en France jusqu'à lundi midi, signale que la Russie et l'Argentine resserrent les règles permettant de commander des biens sur des sites web étrangers, pour éviter de voir fuir des devises en contexte d'inflation. Ainsi, depuis le 22 janvier, le commanditaire doit remplir des formulaires de douane et s'attendre à de très lourdes taxes (jusqu'à 85% de la valeur selon les cas). En Russie, deux firmes transnationales du transport de colis vont apparemment suspendre les livraisons vers les particuliers russes à cause de la multiplication de la paperasse après la frontière et du déclenchement des droits de douane sur des valeurs plus basses.

À rechercher pour le plaisir de découvrir l'espagnol et le russe administratif : le colis, les autocollants portant les informations et autres codes-barres, la liasse douanière de l'entreprise expéditrice, celle supportée par le transporteur, celle ajoutée par surprise que le facteur apportera au destinataire contre paiement,...

mercredi 22 janvier 2014

Le bureau de Malbosc à Montpellier avance : première pierre

Le bureau de poste arlésienne du quartier de Malbosc, à Montpellier, a avancé d'un pas, hier mardi 21 janvier 2014, avec la pose de la première pierre par la future ancienne maire Hélène Mandroux.
 
 Ci-dessus, un des trois journaux gratuits du matin montpelliérain, DirectMontpellierPlus, cite le mur Facebook de l'édile dans son édition du 22 janvier, tandis que le correspondant du Midi Libre pour les quartiers septentrionaux de Malbosc et d'Euromédecine [ce dernier de plus en plus tourné vers le graphisme et l'informatique que vers la médecine] signale aussi avec des liens vers les épisodes précédents que nous avions évoqués en octobre

comment créer un bureau de poste au centre commerçant d'un nouveau tramway-quartier sur la parcelle qui servait de parc de stationnement sauvagement toléré ?

À son ouverture en 2015, il deviendra le vingtième bureau de Montpellier... ce que les collectionneurs, philatélistes et marcophiles ignoreront puisque les bureaux n'oblitèrent plus le courrier qui leur est déposé...

samedi 4 janvier 2014

Le timbre ou le touriste, comment financer la recherche antarctique ?

C'est en m'arrêtant au stand du service philatélique des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) lors de Monacophil, le samedi 7 décembre 2013, que je me suis rendu compte que cela faisait deux ans que je ne m'étais pas rendu dans un salon philatélique : en 2011 Monaco, en 2010 Londres... Peu me donne envie de tenter Paris en coup de vent pour un salon d'automne depuis 2008, ni le Salon du timbre & de l'écrit. Par contre, Europhilex 2015 à Londres avec une comédie musicale comme cerise sur le gâteau...

Logotypes de la République française et des TAAF (site officiel de la collectivité).
 Les timbres-bateaux des TAAF m'intéressent distraitement, dans les deux sens du mot-valise : ceux, souvent adaptant des peintures, représentant des navires récents (fouiller là-dedans) et le fait que les timbres-poste et le courrier des TAAF, c'est exagéré : franchise ou marque postale adaptées pour les scientifiques, militaires et autres estivants/hivernants ne suffiraient-elles pas ?

Ce qui pardonne ce programme philatélique de qualité - à part quelques hors-programme pour faire venir aux salons parisiens - est qu'il aide modestement à financer la recherche scientifique dans ces lieux lointains.


 Pour les mécènes amateurs de rêves et destinations lointaines en recevant du courrier, le postier distribue ce fascicule ici scanné, avec le mode d'emploi de l'auto-envoi de courrier avec un des districts ou une des îles Éparses de la plus méridionale collectivité territoriale de l'outre-mer français.

Lisible plus confortablement sur les pages philatéliques du site officiel des TAAF.

Je l'avais fait, par curiosité, à l'occasion du bloc marquant l'intégration du district des îles Éparses aux Terres australes et antarctiques françaises, émis en mai 2007. Évidemment, le blog de La Marcophilie navale est amateur de ces plis, timbres et marques personnelles aposées par les membres des expéditions australes.


Cependant, le collectionneur vit une frustration - oui, encore une en plus de l'impossible exhaustivité... Ne pas pouvoir voir sur place ce que tous ces timbres lui montrent : la faune marine libre, la faune terrestre exotique quoique disciplinable :

Toujours un grand mystère : pourquoi essaient-ils un moyen étrange et nouveau, de mémoire de manchots, plutôt que la façon habituelle... Le demander aux animaux de nos forêts et garrigues qui se servent quotidiennement des tunnels pour animaux aménagés sous nos autoroutes et voies ferrées.
 ... des îles perdues, libres de marques humaines, sauf quelques installations baleinières dont des artistes font des œuvres d'art... qui sans timbre n'auraient pas de public régulier, sauf à philosopher sur l'art a-t-il besoin d'un public ? Des oiseaux austraux peuvent-ils être critique d'art? :
Installation et photographie de Klavdig Sluban, réalisé début 2012 pendant une résidence d'artiste à Kerguelen (source).
 D'où l'envie de certains -curieux, passionnés, parfois richissimes - d'aller voir eux-mêmes l'Antarctique, avant que tout ne fonde sous l'effet des multiples activités incontrôlées de l'humanité. Cela peut permettre en un aller-retour de bateau de financer également une saison complète de recherche scientifique... plus vite que la vente de timbres.

Notamment dans le cas du navire russe, l'Akademik-Shokalskiy, actuellement pris dans les glaces, la Russie n'ayant pas eu l'idée d'émettre des timbres pour ses bases antarctiques... Stéphane Foucart, pour lemonde.fr ces deux derniers jours, établit un bilan inspiré de l'avis des scientifiques : trois navires perturbés dans leurs rotations en période de grande circulation pour préparer l'hiver austral, riche d'expériences scientifiques et humaines. Le français, sous-équipé, a évité le sort du chinois qui se retrouve également immobilisé et le désagrément de servir de taxi de luxe du navire australien, dont l'Agence a bien d'autres choses à faire que de remorquer des naufragés qui ont paru trop heureux sur des images et vidéos transmises sur les réseaux sociaux et médiatiques.

Finalement, le climat montpelliérain, quoique capricieux aux inter-saisons, paraît plus clément pour admirer sur timbres les trésors austraux et antarctiques.

Pour aller plus loin :
- hélas en sommeil depuis mars 2012, le site-inventaire Philatélie des TAAF.
- Pour ceux qui tiennent à aller dans cette collectivité de manière légale et utile : section recrutement du site des TAAF.

vendredi 3 janvier 2014

Le timbre, une chère plaie pour les opérateurs postaux

Oui, collectionneurs français qui avaient fait deux ou trois fois la queue, paraît-il, lors du Salon philatélique d'automne de novembre 2013 : une fois pour choisir, une deuxième pour payer, une troisième pour oblitérer premier jour...

Ce titre veut vous choquer et rappeler que le timbre-poste n'est qu'un élément du fonctionnement des entreprises postales, dont les plus nouvelles se passent comme les plus anciennement instituées peuvent se passer. Plusieurs cas récents montrent les conséquences de la disjonction entre ce que croient et veulent les collectionneurs et ce que croient et veulent des opérateurs postaux.

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J'y suis habitué avec les φφφtudes continuées de La Poste et de sa filiale productrice de nombreuses vignettes colorées et de feuilles de Mariannes multimodes d'impression et de grand format dorées à chaud, faisant monter l'adrénaline et suscitant le désir des collectionneurs, alors que - chacune avec leur style personnel - les deux dernières directrices de φl@poste montraient leur désarroi quand les représentants des associations philatélico-collectionnistes leur font remarquer tous les aléas de leurs relations avec les directions des Bureaux (refus de participer à une animation d'oblitération spéciale) et surtout celle de la Production essentielle de La Poste : le tri (suroblitération à la machine de beaux plis, voire... arghhhhhhhhhh... oblitération au stylo). Je ne parle même pas des autocollants de recommandation collés sur les timbres...

Les philatélistes et collectionneurs s'habituent donc, mais même eux rejoignent le grand public quand celui-ci découvrent au détour de l'actualité que son opérateur postal historique est une entreprise recherchant la profitabilité. C'est la synthèse composée par le marchand spécialisé de nouveautés britanniques Ian Billings sur son blog Norvic Philatelics, le 11 décembre 2013, que je complète de tous les signes précurseurs de cette apocalypse postale libérale causée par les contradictions sociales et politiques.

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Émis le 5 novembre 2013, ce feuillet gommé de timbre complémentaire de 2 eurocents permet à la Deutsche Post de voir venir la petite augmentation de tarifs du 1er janvier 2014. La version à vingt timbres autocollants pour le public est en vente depuis le 5 décembre.

Überraschung au stand du service philatélique allemand à Monacophil : ce peuple organisé émet une si petite valeur, surprenant. La surprise provenant du fait que, contrairement aux autres grandes postes voisines (en vrac, celles de : France, Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, États-Unis, Canada), la Deutsche Post n'est pas tombé dans la facilité/piège du timbre à valeur d'usage.

Facilité : ne pas avoir à produire de nouvelles valeurs faciales à chaque augmentation de tarifs, permettre aux clients accumulateurs d'acheter à l'ancien tarif des timbres à employer aux nouveaux tarifs augmentés.

Piège désormais pour des entreprises publiques auxquelles l'État demande d'être rentables pour être financièrement autonomes des subventions publiques : une masse de valeurs fiduciaires volant au-dessus des comptes et dont la valeur d'usage s'accroît avec le temps, et qui, à court terme, gêne les revenus philatéliques plusieurs mois après l'augmentation.

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Le timbre permanent expliqué sur le site de Postes Canada (encore lisible en ce 3 janvier 2014 cocasse vu le contexte).
Sur ce sujet, Ian Billings rapporte la méthode radicale que la Société canadienne des Postes a choisie, inspirée de la réforme belge et de la stupidité du réalisme commerçant, pour s'assurer que la grosse augmentation nécessaire du 31 mars prochain donne des effets comptables immédiats et pas quand le stock de timbres permanents - appellation locale des timbres d'usage à validité permanente introduits en novembre 2006 - achetés auparavant s'épuisera.

Pour la façon belge instauré depuis octobre 2007, vous achetez les timbres en carnets ou en rouleaux, l'expéditeur canadien paiera 85 cents (63 cents actuellement, de 43 à 58 eurocents). Le petit client qui achète au fur et à mesure qu'il envoie rarement une lettre : un dollar ! Soit 69 cents européens.

Sur ce point-là, le social-libéral que je suis n'a rien à reprocher. Nous - peuple électeur consommateur et nos élus - demandons à la fois des prix compétitifs donc la compétitivité et la concurrence, et la solidarité d'un tarif unique national. Comment demander à ces entreprises d'être mis en concurrence sur des secteurs en croissance et rentables (courrier urbain, recommandé et express, colis suivi) tout en étant seuls et déficitaires subventionnés sur le passage six jours par semaine devant chaque boîte aux lettres de la nation... Nation qui se plaint de toutes les augmentations de tarifs postaux tout en communiquant massivement par messagerie téléphonique (sms ou application de communication) et courriel.

Mais, Postes Canada est allé discrètement plus loin : tous les bureaux de poste - sous peine de sanctions disciplinaires - sont interdits de vendre quelque timbre permanent que ce soit depuis début décembre... La fuite provenant du syndicat des maîtres de poste, dont le dirigeant québécois est cité par La Presse le 13 décembre.

En effet, tous les timbres à valeur d'usage de la lettre simple et à validité permanente (voir capture d'écran ci-dessus toujours affichée sur le site) sont bannis du site commercial de Postes Canada : vous n'y trouverez que des timbres portant une valeur faciale : 63 cents actuellement nécessaires pour la lettre et plus pour les tarifs principaux.

Le pire est que tout ce qu'Ian Billings et la presse canadienne rapporte est actuellement au mieux commercialement inapproprié, au pire illégal : l'augmentation du 31 mars 2014 n'est pas encore votée par le Parlement canadien... J'imagine comment l'état des finances postales ont conduit à l'émission Superman et aux multiples émissions aux couleurs des équipes de hockey (des timbres permanents...), et à ce genre de pratiques.

Pourtant, relisez les commentaires de quelques blogs philatéliques français, c'est le regroupement des boîtes aux lettres des quartiers urbains qui a le plus marqué les esprits. Peut-être parce qu'il est visible que le timbre autocollant à validité permanente d'usage est, en France, populaire dans les directions des bureaux de poste et des centres de tri... qui, sans collectionneurs ni Phil@poste, iraient directement à la solution néerlandaise.

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Méthode néerlandaise qui, bien que douce et logique, choquerait les collectionneurs français : démonétiser d'une part et belgiciser les timbres d'autre part.

Faute de maîtrise du néerlandais, je me repose sur Ian Billings - dont je vous recommande le site commercial. Depuis le premier novembre 2013, plus aucun timbre en florin (gulden) n'est autorisé sur le courrier et aucun échange pour des timbres en cours de validité n'a pas été permis !

Relisez les courriers fou furieux de collectionneurs et de marchands-accumulateurs de timbres modernes en franc dans les magazines français quand la rumeur ou une petite phrase ose évoquer la démonétisation de quoi que ce soit, même en ancien franc.

Mais, alors que l'association néerlandaise des marchands de timbres a porté l'affaire en justice, PostNL est allée plus loin : pendant le procès, son avocat a évoqué la prochaine démonétisation des timbres en euro ! En effet, ce serait possible puisque, depuis 2010 selon le blog de Norvic Philatelics, seuls des timbres à valeur d'usage ont été émis...

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Et là, je tire mon bilan de l'année 2013 : le timbre-poste sert-il encore ? Non ou presque.

Certes, Deutsche Post a encore le sourire commerçant pendant que ses concurrents canadiens et néerlandais essaient de rentabiliser le timbre à valeur d'usage. Cependant, que voit-on dans tous les bureaux de poste européens, côté clients comme côté postiers : des machines débitant des timbres autocollants ou des vignettes préoblitérées. Même Royal Mail s'y ait mis tardivement et fort philatéliquement, mais elle s'y ait mis.

Pour envoyer un courrier urgent, un livre ou un objet, l'emballage proposé comprend ce que l'opérateur considère comme une marque d'affranchissement... Pour les recommandés français et tunisiens, le code-barres de recommandation sert de timbres-poste... et, dans un article intéressant et fort bien documenté, cette phrase d'Atouts timbres du 15 décembre 2013 sur le timbre-code-barres de recommandation tunisien est risible et montre qu'une partie des collectionneurs et des philatélistes sont trop déconnectés de la réalité actuelle des entreprises postales, publiques comme privées :

 « Preuve d'affranchissement, cet objet postal [l'enveloppe avec l'étiquette] peut toutefois difficilement entrer dans le cadre d'une collection philatélique pour la bonne raison que le code-barres est imitable. Comment savoir, en effet, s'il est réel ou fictif ? »

Quant le reste de l'article semble accepter sans problème les data matrix que l'on peut imprimer chez soi à partir du site commercial de l'opérateur.

Donc, les collections contemporaines exposées seront fort limitées en matériel et réduites à une exposition de timbres-φ, alors que les entreprises postales se servent de multiples formes d'affranchissement pour elles plus pratiques, plus rapides et moins coûteuses que les timbres-postes.


Timbre-poste encore utile bien sûr pour un des usages prévus lors des réformes du milieu du XIXe siècle : disposer de moyens d'affranchissement sans avoir à passer par le bureau et jeter son pli dans une boîte.

Mais, l'enveloppe timbrée, joyaux de la collection exposée, est-elle plus sûre que le code-barres ? Ce n'est pas moi qui interroge le timbre, ce sont un cadre de l'imprimerie de Boulazac dans Sud-Ouest le 23 septembre 2013 et John Deering, le spécialiste du timbre d'usage courant pour Gibbons Stamp Monthly dans son bilan 2013 de sa chronique datée janvier 2014. Dans les deux cas, ce sont les timbres autocollants en offset qui sont visés, et si vous reprenez les numéros de l'année révolue du magazine britannique, vous verrez que même l'encre iridescente a été imitée, partie essentielle des dernières mesures de sécurité de la série Machin.


Et, encore, même dans ce cas, pourquoi m'encombrer de vignettes autocollantes ou pégueuses, de faire la queue au bureau ou devant un distributeur ? Généralement plus cher, mais immédiat : le code écrit au stylo (que dirait l'auteur d'Atouts timbres et diront les juges philatéliques ?) que l'expéditeur mobile reçoit par sms sur son phone : Handyporto en Allemagne depuis 2008, les postes fusionnées du Danemark et de la Suède en 2011 et la Suisse en 2013.

Sinon, combien de courriers de vœux en décembre et janvier alors que plus d'un millard quatre cent millions de sms et plusieurs millions de photos et de vidéos ont été échangés les 31 décembre et premier janvier derniers ? 

Provoquant : combien de cartes de vœux finiront à terme à la poubelle comme la majorité de ces messages téléphoniques, même affichés sur des réseaux sociaux, finiront dans l'oubli ?

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Revenons aux collectionneur pour qui la plaie, ce n'est ni eux, ni le timbre.

Le rédacteur-en-chef de Timbres magazine, Gauthier Toulemonde, ne fait pas de bilan passé dans son éditorial de décembre 2013. Après un mois en expédition robinsonienne - et un festin de chats pour les varans, je comprends que le patron de presse a en tête autres choses. Tant mieux, bien entendu, qu'il a pu parler de philatélie et de timbres dans des médias généralistes - φl@poste appréciera, mais depuis l'annonce de sa nouvelle aventure (souvenez-vous), je focalise sur le télétravail appliqué à Timbropresse : un petit noyau restant à Paris pour avoir accès aux acteurs centraux de la φlatélie dans des locaux réduits, les autres œuvrant depuis un chez-eux choisis ?

Dans le même numéro, les bilans des nouveautés 2013 et de l'époque contemporaine de la collection sont établis par celui qui a compilé en sept pages les émissions publiques et privées de 2013 et son bilan financier, et aussi l'évocation du contenu des états généraux de la philatélie dans l'antipode chronique de Socrate.

Combien des timbres 2013 directement enfermés dans les collections - Postes Canada et PostNL ont-elles raison ? Combien sur le courrier général ? Quel philatéliste pour rechercher ou envisager comment estimer ces nombres ? Où dialoguer de l'exhaustivité de la collection ou de la nature d'une collection ? Pas La Poste, ni Phil@poste à coup sûr... à mes yeux. Commencez par ces deux sondages sur Les News du phospho (15 et 16), ça donnera déjà une idée des représentations de ses lecteurs.

Englué dans mon quotidien actif, je trouve néanmoins des indices de l'avenir de la réflexion philatélique : la lettre d'informations des Collections philatéliques de la British Library rapporte, cet été 2013, le premier symposium en novembre 2012 de l'Institut pour une philatélique analytique : pour une analyse scientifique complémentaire de l'observation et des connaissances.

Une véritable aventure intellectuelle comme le montre les articles continus dans London Philatelist de philatélistes-ingénieurs essayant de comprendre, à travers les archives d'imprimeurs de timbres, comment fonctionnaient les différents processus allant de la gravure à l'impression. Travail scientifique régulier du comité d'expertise de la Royal Philatelic Society London d'ailleurs (si je parviens à retrouver dans quel numéro de magazine britannique ce travail est présenté).

Que 2014 continue à voir des philatélistes, de véritables chercheurs qui acceptent de lever les yeux de leurs accumulations collectionnées et des factures allant avec, et se lancent dans la réflexion et l'écriture pour partager leurs connaissances, intéresser à leurs idées.